Réjouissez-vous brothers ans sisters: si l'amour était mort (
c'est du moins ce que le groupe prêchait en ouverture de « L'ombre et la proie »), tout cela est maintenant bien fini. A présent Psykup nous aime tous, oui oui, même toi le fils à papa à tronche de pub pour Jacques Dessange qui t'agites dans le bac à sable doré du Conseil Général des Hauts de Seine ... M'enfin méfions nous quand même: on se rappellera que sur la pochette de leur précédente exaction musicale, les zébulons du metal français nous proposaient d'embarquer sur leur manège enchanté à bord d'une chaise électrique … Et cette fois encore, l'artwork du tout nouveau tout chaud tout beau nous promet, en guise de preuve d'amour universel, une bonne éjac' faciale façon
Cannibal Corpse période « I cum blood ».
Manifestement, le ton reste donc le même: 2nd degré, acidité, poil à gratter dans la couche du bébé. Et côté son alors ? Pas de panique, on retrouve sur « We love you all » tout ce qui fait la marque de fabrique Psykup: d'un côté de chaudes giclées de décibels rageurs, de grattes modernes en fusion, de tempos débridés et de vociférations rugies et miaulées, et de l'autre des chemins de traverses plus sombres, plus « rock introspectif » … Et puis bien sûr des jumperies néo-funky, des sonorités modernes jonglant avec les dissonances, les décalages, les structures mouvantes et les surprises du chef.
Rien de nouveau alors, juste la continuité dans la déclinaison d'un style inimitable ? Non non, il y a plus que ça. Certes le groupe poursuit sur sa lancée stylistique – et c'est tant mieux: là est son identité, et là réside encore bien des perspectives d'explorations musicales – mais certains éléments nouveaux font de cette 3e offrande une pièce à part dans la discographie du groupe :
* l'effet « double album » déjà: OK, d'autres se sont déjà frottés à l'exercice, mais quand la quantité ne sacrifie pas à la qualité, on a envie de plaquer de bonnes grosses bises baveuses sur les joues râpeuses du groupe pour les remercier de nous rassasier de la sorte.
* hop, transition facile sur les joues sus-citées: la 2e particularité de cet album - qui ressort avec la surréaliste netteté d'une annonce de mariage sur fond de bérézina footbalistique -, c'est le long exercice de slam/rock rapé qui s'étend sur les 11'30 minutes chaloupées de « En vivre libre ou mourir ». Aïe, j'en vois qui viennent de se renverser leur café brulant sur le futal! Oui, c'est vrai que moi aussi – malgré ma légendaire ouverture d'esprit (
… mes comptes bancaires en suisse, mon prix Nobel en astrophysique et mon yacht …) -, ça m'a fait un peu le même effet au début. Bon, maintenant ça va mieux hein, ‘faut juste le temps de rentrer dedans. M'enfin quand même …
* le 3e point qui frappe, c'est le fait que les titres s'étirent sur des durées plus longues que jamais, au point de pouvoir jouer à celui qui a la plus grande avec les plus proggy des titres psychédéliques des 70's.
* enfin le 4e effet Kiss cool nous vient du mini-concept « Le disque dont tu es le héros » du 2nd CD sur lequel l'auditeur est invité à jouer à pile ou face le déroulement de l'écoute de l'album.
Bien que cela soit mal parti, tentons maintenant de ne pas diluer trop cette chronique, et synthétisons. Sur cet album, Psykup propose donc une fois encore un metal brillant et toujours aussi novateur – ce qui est fort vu que ça fait quelques années maintenant qu'ils le pratiquent – touchant régulièrement à l'excellence tout du long de ces 2 CDs (
quelques morceaux choisis parmi tant d'autres: la mosh part hyper vitaminée à 2:31 sur « Color me Blood red », ou encore le passage psyché-funk excellent à 5:45. Le passage rock/bluesy/nawak de « Rétroaction » à 3:53. Les lattages saccadés à 2:48 sur « The Choice of modern Men » et à 1:03 sur « My toy, my Satan ». Le trip « panthère rose » à 6:13 sur « La vie dont vous êtes le héros (face) » …). Maintenant, les nouveaux aspects évoqués ci-dessus constituent-ils un mieux ou non ? En ce qui me concerne, je dirais : Bouôrf ... Autant s'ils n'avaient pas été là, j'aurais mis cet album sur un pied d'égalité avec le précédent – du point de vue du ressenti, de l'impression globale, de l'arrière-goût de reviens-y -, autant, mon enthousiasme est ici – un poil, mais quand même – tempéré. La faute à la longueur des morceaux et à cette double durée qui dissémine et dilue tout du long de l'album de superbes passages qui auraient – à mon sens – mieux prospérés sur un album plus condensé. Les structures en tiroirs que le groupe aime à cultiver, ainsi que ces quelques passages « baisse de régime » où le groupe se veut plus calme et occasionnellement plus tortueux s'accommodent assez mal de trop importantes longueurs. Lors des écoutes de l'album, il arrivait de temps à autres que mon esprit vagabonde, avec certes de réguliers rappels à l'ordre assénés via les plans génialement catchy dont le groupe sait faire preuve, mais faisant parfois le yoyo trop loin de ce qui se passait sur le disque. Ce genre de décrochage était bien moins fréquent sur l'album précédent …
C'est toutefois le seul vrai reproche que je ferai à un album qui propose encore une fois un lot impressionnant de trouvailles, d'expérimentations, de feeling et de pêche. Que mes ronchonnements ne vous effraient pas, la note accordée restant révélatrice du contenu: Psykup garde sa place dans les rangs des plus grandes fiertés métalliques de l'hexagone.
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