In Arkadia - Blind Oppression

Deux ans après leur premier album qui leur a ouvert les portes de la scène française, In Arkadia sort son deuxième opus toujours masteurisé au Finnvox mais signé chez un tout jeune label, Another Sphere Records. Même recette, même musiciens, encore un beau graphisme fait par le chanteur, en gros, on reprend les mêmes et on recommence en espérant que le filon ne s'épuise pas...

Inspiré des gros de la scène finlandaise et américaine, In Arkadia c'est d'abord et toujours un son énorme pour un groupe de cette envergure, qui met en valeur le jeu des guitares et les parties de batterie en renforts rythmiques puissants et par moment innovateurs (mais dont on pointera le son de caisse claire clinquant qui fait parfois grincer des dents).

Mais In Arkadia c'est également ces mélodies typiques au feeling singulier, ces solos groovy, très bien exécutés, cet aspect mélodique qui leur colle à la peau et qui est une partie indéniable de leur identité musicale, tout comme leurs triplettes incessantes délivrées avec un naturel qui témoigne du niveau des musiciens dont Release the Shadow était déjà le reflet.

In Arkadia c'est aussi un chant qui s'est amélioré, qui a plus d'accroche que sur le précédent album même si le chanteur n'a pas encore la puissance vocale pour porter le groupe un poil plus haut. Mais c'est compensé par les refrains souvent en double voix et par les mélodies qui viennent soutenir le chant.

In Arkadia a changé un peu de style, a réduit la durée de ses morceaux pour se rapprocher de l'essentiel, d'une structure simple mais plus efficace. Le groupe a épuré ses riffs et ses parties batterie et flirte avec un thrash moins sophistiqué, plus rentre dedans qu'auparavant. Il y a même de la vraie lourdeur cette fois-ci (Psychic simian, Suck and Fuck) que l'on ne trouvait pas sur Release the Shadow. Il y a de la guitare acoustique qui introduit de nouvelles couleurs (Ego Alter, Obso(u)lescence) et la fin de l'album tout en blasts sur l'atypique instrumentale Vengeance dies with a fallen fate, ainsi que sur la toute dernière, révèle un In Arkadia plus sombre, plus diversifié encore, avec des voix nuancées et l'on peut regretter qu'il n'y ait pas plus de cette variété sur l'ensemble de l'album.

Mais In Arkadia reste In Arkadia. Les riffs sont, pour beaucoup, dans la même veine que sur Release the Shadow, le feeling des solos n'a pas non plus eu le temps de beaucoup évoluer et on pourrait avoir tendance à confondre certains morceaux, à ne pas voir de réelle évolution musicale entre les deux albums. Même si le groupe a fait quelques bonnes trouvailles sur des refrains ou a été plus inspiré par un riff alourdi ou s'il a su surprendre par des roulements particuliers et quelques blasts saupoudrés tout au long de l'album, il serait dommage que l'on en vienne un jour à dire « une fois que t'as entendu un album d'In Arkadia, tu les a tous entendus ».

Blind Oppression suit le chemin emprunté par Release the Shadow sans marquer de signifiante césure, ce qui plaira aux auditeurs déjà conquis mais peut-être sans en séduire de nouveaux. Que le groupe continue et qu'il garde son identité, mais qu'il se donne aussi le temps de trouver de nouvelles sources d'inspiration au risque de finir par tourner en rond.

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