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Detrimentum - Embracing This Deformity
Chronique
Detrimentum Embracing This Deformity
Dommage! Voilà qui qualifie bien mon sentiment après moultes écoutes de ce Embracing This Deformity, premier album des Anglais de Detrimentum. Le quintette de Northampton s'avère en effet typiquement le genre de groupe qui aurait pû mais qui pour des raisons que l'on abordera plus bas, rate la dernière prise et s'éclate au sol la gueule en sang, de la cervelle plein le sol et la colonne vertébrale en puzzle 5000 pièces.
Detrimentum a une histoire assez incongrue. Formés en 1996, les Britanniques n'ont effet sorti qu'un EP en 1999, A Monument To The Suffering. Puis plus rien jusqu'à cette année qui voit l'arrivée de leur premier full-length, Embracing This Deformity. Douze ans d'âge mais une discographie rachitique et finalement un statut de quasi nouveau groupe. Pour vous situer, sachez que Detrimentum compte dans ses rangs Jon Rushforth, batteur pour Infected Disarray, nouveau venu chez Crepitation et ancien de la maison Gorerotted, mais aussi et surtout fondateur du label Grindethic Records.
Pas de surprise évidemment, Detrimentum fait du brutal death, quoique son nom aurait pu faire référence à un groupe de doom. Un brutal death à l'ambiance sombre, aux multiples cassures rythmiques à la limite de l'épilepsie avec un tapeur de fûts déchaîné adepte de blast-éclairs (au son sec mais pas casserole et qui semble jouer tout seul parfois), et aux rythmes variés, mais souvent en 5ème. Plus surprenant par contre, la diversité des riffs. Detrimentum démontre qu'on peut jouer de la mort brutale tout en faisant preuve de personnalité et d'inventivité. Contrairement à tellement d'autres formations du style, les riffs ici ne sonnent pas recyclés ou déjà entendus un bon millier de fois. Le travail guitaristique s'avère ainsi impressionant, élaboré, technique et personnel. Le tout est sublimé par des soli lumineux très agréables, Detrimentum se prenant même pour Mithras sur "Negativity Flux". La très bonne production, naturelle et sans trop d'artifices, permet d'en prendre pleinement conscience. Les Anglais donnent l'impression de vouloir donner un côté classe et un plus évolué que la moyenne à leur groupe, il suffit de jeter un oeil aux titres de morceaux ("Scales To Measure The Misfortune Of Man", "Disillusion Ethos (Of Torment and My Bleeding Shadow)", "Ills To Which The Flesh Is Heir", "The Contusions Of Remorse" ou encore "Twilight's Slow Attrition") pour s'en rendre compte. Une volonté on ne peut plus louable.
Detrimentum aurait alors pu faire forte impression vu le potentiel développé. Aurait pu (et dû) parce que quelque chose vient tout gâcher, comme un malheureux coup de vent qui vient souffler un château de cartes presque achevé. Sauf que là, c'est le groupe lui-même qui se tire une balle dans le pied. Si la diversité et le travail sur les riffs et l'ambiance ne peut qu'être saluée, leur nombre et leur quasi absence de répétition génère un manque d'accroche rhédibitoire. La musique de Detrimentum part ainsi un peu trop dans tous les sens, elle manque de direction, de fil rouge, de points de repère. Les morceaux, d'une durée souvent supérieure à cinq minutes (pour plus de 50 minutes au total, bien trop long), s'avèrent par conséquent extrêmement complexes à retenir, à tel point qu'on peut se demander comment font les musiciens pour les rejouer sur scène. Il y a certes posés ici ou là quelques riffs, leads ou mélodies plus entraînants mais c'est l'arbre qui cache la fôret.
Toutefois, le plus gros gâchis reste un élément qui n'a pas encore été évoqué: le chant. Pourquoi un groupe qui se veut évolué s'abaisse à choisir des vocaux gruikés?! Ils ne collent absolument pas à la musique et seraient plus pertinents chez un groupe de slam death. En plus, ils ne semblent ne jamais vouloir s'arrêter. Et même si le frontman s'adonne de temps en temps à des intonations soit plus intelligibles soit plus black/criardes, ça ne change rien, le mal est fait. C'est un peu le même problème chez Prostitute Disfigurement sur Left In Grisly Fashion. On s'y habitue au fur et à mesure (l'homme s'habitue à tout de toute façon) mais chaque écoute garde le goût amer de la frustration.
Loin d'être un mauvais album, Embracing This Deformity montre au countraire un groupe au potentiel intéressant. Brutal, varié, technique, élaboré et déroutant, avec une ambiance sombre prenante, Detrimentum aurait pu casser la baraque s'il n'y avait pas ce chant de porc irritant et intrusif. Certains auront peut-être la chance de ne pas être génés et même d'adhérer, ils pourront alors savourer pleinement une sortie marquante. Moi je m'en vais vers d'autres chemins, dans l'espoir que le groupe change son fusil d'épaule pour un futur album!
| Keyser 31 Mai 2008 - 1872 lectures |
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