Se7en - Sainte éthique

Malgré ce que pourrait laisser croire son patronyme, ce jeune groupe ne nous vient pas des Cévennes (cette blague a obtenu une médaille de bronze au festival intercommunal du rire de Maupertuis/Yvette) mais bien du ch'Nord. Ces Dunkerquois pratiquent un power/hardcore relevé de très occasionnels effets électro, et propose avec « Sainte éthique » (jeu de mot ayant atteint les quarts de final au championnat du calembour de Nogent le Rotrou) son premier vrai album.

Jusqu'à aujourd'hui, pour moi « Seven » c'était surtout un nom attaché à l'univers du cinéma, en l'occurrence un putain de thriller bien ficelé qui joue avec les nerfs des spectateurs. Alors la projection (au sens algébrique et non pas cinématographique du terme cette fois) de ce nom dans le petit monde du metal se révèle-elle aussi fructueuse ? Euh … Non en fait. Les plus cruels des commentateurs pourraient d'ailleurs arguer que le seul point commun avec le film de David Fincher, c'est le fait de mettre l'auditeur sur les nerfs … mais pas pour les mêmes raisons! En fait de thriller bien ficelé, « Sainte éthique » jouerait plutôt dans la catégorie « film d'action » bas du front avec un scénar hyper classique et des rebondissements téléphonés.

Mais plutôt que de se vautrer dans le plaisir sadique de la critique facile, enfilons donc les gants stériles et allons voir ce que cet album a concrètement dans le ventre … Le mur de son et les grosses grattes qui nous accueillent font clairement dans le power metal (dans l'acceptation texane et non teutonne du terme), le phrasé de l'un des deux gueulards et la dynamique des titres - plus occasionnellement - sont typés hardcore, la seconde voix donne assez souvent dans le growl, tout ça sur des morceaux aux riffs efficaces mais qui ne vont pas chercher midi à quatorze heures. Ajoutez à cela des samples et effets qui vont de l'électro/dance (« Bad Trip ») à l'indus (« Do You Ever ») en guise d'intro pour un titre sur deux et vous avez un aperçu correct du style pratiqué. Pour ce qui est des « plus », on signalera que le groupe déborde d'une énergie évidente, qu'il fait dans le gros son, et qu'il joue sur une dualité vocale qui est capable de faire du bon boulot (à 0:41 sur « Soul Like Only Way », et puis les vociférations hardcore suffixées de growl à 0:39 sur « Spirit Clone »). En concert ça doit donner vu comment l'album balance de la grosse rythmique saccadée et du mosh écrasant. A ce titre, « Soul Like Only Way », l'incontestable tube du groupe, est bougrement efficace.

Mais à côté de ça, la musique du groupe manque franchement d'originalité. Les touches « électro » sensées faire sortir le groupe des sentiers battus sonnent en général plutôt faux, comme s'il avait fallu absolument les intégrer pour se démarquer mais que la sauce n'avait pas prise (à noter que ça le fait quand même sur « Soul Like Only Way », ainsi que sur « Do You Ever » - ce dernier faisant par contre un peu trop fortement penser à du Prong période « Cleansing »). Le chant hardcore - qui s'en va parfois sur des territoires limites hip hop à la façon d'un Lofofora ou d'un Akirïse - est souvent naïf et crispant (« Alice au pays des merdes, et des vices … » pffff, je ne vous fais pas la totale, c'est d'un lourdingue !).

Sur les 3 premiers morceaux, le groupe ne s'en sort pas trop mal et aurait pu sortir un album sympathique bien que pas transcendant d'originalité en maintenant ce niveau (qu'on retrouvera quand même sur les 2 derniers morceaux, le groupe ayant intelligemment placé ses pions). Malheureusement le soufflé retombe très vite sur « Le Pen De Mort », « Speech Of Angel » et surtout « Download Your Feelings » qui sont particulièrement laborieux. Les prêches se font lourdement sentencieux, les guitares tournent en rond, et l'ensemble devient péniblement balourd. Le groupe devrait essayer de faire moins long la prochaines fois, et d'essayer de trouver sa patte sans se forcer à utiliser des goodies artificiels. Mais avec cette grosse patate qui semble les caractériser, et la rage de s'être pris quelques critiques acerbes, nul doute que le groupe nous reviendra chargé à bloc avec un album plus intéressant.

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