Nachtmystium - Assassins
Chronique
Nachtmystium Assassins
(Black Meddle pt. 1)
Nachtmystium, encore peu connu du grand public, est un groupe aux forts relents black metal qui vient... des USA. Ca y est, la nouvelle est lancée, et tous les espoirs s'écroulent: ces « ricains » se mettent à détériorer le black, comme en témoigne la pochette de ce nouvel opus, qui fait penser à tout sauf à une pochette de black metal. Rien, dans le livret, l'artwork, ne suggère quelque familiarité avec le style. Rassurez-vous. Du black, ici, il est question. Mais pas seulement...
Epaulé par une équipe rodée (Tony Laureano qu'on ne présente plus, et le producteur Sanford Parker) Nachtmystium réussit un pari audacieux: celui de faire évoluer ses racines (true) black dans un paysage psychédélique/stoner. Les canons du genre sont remis en jeu, et Blake Judd les observe à travers le prisme de Pink Floyd, les revitalise avec une énergie punk primitive, sans jamais s'égarer. Le black metal est ici complètement déshabillé, extrait de ses carcans rigides pour n'en conserver que la substance, modelée à souhait tout au long de l'album. L'agression sonore pure ( Your True Enemy, Omnivore) laisse tantôt place à quelques titres hybrides rock'n roll (les dantesques Assassins et Ghost of Grace), mais côtoie aussi des plages atmosphériques audacieuses qui s'aventurent à mille lieux des terres du black metal (Seasick qui contient des parties de saxophones).
Porté par le swing d'un Laureano impérial et méconnaissable, et admirablement servi par la production de Sanford Parker, l'album dégage une animosité organique, où les guitares, sales et entêtées, se mêlent à des sons de synthétiseurs hallucinés sans que jamais l'un ne monopolise l'espace sonore.
La voix âpre et écorchée de Blake Judd, quant à elle, reste l'essentiel argument black de cet album. Dommage de ne pas l'avoir intégrée aux plages plus progressives de l'album, ces dernières étant essentiellement instrumentales, mise à part quelques chuchotements dicrets. C'est peut être le reproche que l'on pourrait faire à Nachtmystium. Malgré le pléthore d'influences dont se dote sa musique, celles-ci sont parfois timidement mélangées.
Pas foncièrement black Nachtmystium donc, et pourtant tellement à la fois, de manière viscérale. C'est peut être finalement ce qu'il y de plus intéressant dans cet album: cette volonté de faire avancer la musique et de la débarrasser de tout un folklore plus ou moins douteux qui, s'il a participé à l'avènement du style, oeuvre peu à présent pour sa survie.
Je sais parfaitement en écrivant ces lignes que je vais me mettre à dos une large frange de puristes me rétorquant que le black est avant tout une attitude etc ad lib... Le problème c'est que, confronté à des groupes qui, à l'instar d'Enslaved ou Nachtmystium, puisent leur racines musicales chez Darkthrone et consorts, le mot qui vient inévitablement à l'esprit est « black » metal. Alors à moins qu'on élargisse la terminologie, il convient plutôt bien d'utiliser ce qualificatif lorsqu'on parle de la musique de Nachtmystium.
D'ailleurs, comme disait Philippe Manoeuvre sur TLM à propos du rock, la force du « black » - et là je parle encore de l'héritage musical - c'est sa versatilité.. C'est comme une bonne vieille mobylette qui marche toujours. Vous pouvez y peindre des runes et des tombes moisies, ou vous la faire psychédélique, stoner...
Et Nachtmystium de donner naissance à Assassins, ou ce à quoi ressemblerait probablement une promenade nocturne dans un marais gluant, à la recherche de champignons hallucinogènes, le tout sous un ciel peuplé de soucoupes volantes. Prometteur...
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