Qu'est-ce qui pousse au changement ?
Vaste question, me direz-vous, mais excessivement en accord avec notre thématique musicale du jour. Pourquoi au bout d'un moment, certains artistes décident de changer leur son alors que d'autres non ? Une question d'influences, de maturité, d'impact sur le public ? Une volonté de surprendre un public blasé ou une simple envie de sortir la tête de la classe musicale ou était rangé l'artiste ? Je pense que chaque musicien, écrivain ou peintre a ses propres réponses à cette question ô combien épineuse.
Dans le Black Metal, la thématique du changement est tout autant présente que dans n'importe quel autre style musical. La différence c'est que dans ce style si fier de ses racines et comportant une fan-base très traditionaliste, le changement fait beaucoup parler de lui. C'est d'ailleurs ce que pourrait je pense confirmer Nachtmystium, entité réputé du Black américain au côté d'autres formations de renom tels que Krieg, Xasthur ou Leviathan. D'ailleurs, l'USBM est finalement une frange assez ouverte au niveau du changement puisque chacun de ses groupes a commencé dans un style traditionnel pour finalement s'orienter vers quelque chose de plus novateur. Nous n'oublierons pas de citer quelques autres formations très novatrices directement venues du pays de l'oncle Sam : Wolves in the throne room, Liturgy ou Ash Borer. Oui, en fin de compte Nachtmystium est une parfaite représentation de l'évolution du Black Metal dans son pays.
Pour ceux qui l'ignoreraient, la bande de l'Illinois a commencé sa carrière avec deux opus résolument ancrés dans le True-Black pur et dur. Un début de parcours marqué par le délectable « Reign of the malicious », du Black « en veux-tu en voilà » plus que recommandable au fan du genre. Par la suite, on aura éventuellement pu remarquer une amorce de changement au travers de l'EP « Eulogy IV » qui commence à montrer une facette plus mélodique et plus propre de Nachtmystium. Mais l'album qui nous intéresse aujourd'hui est celui qui a vraiment incarné la nouveauté chez Blake Judd et ses petits copains. « Instinct : Decay », c'est le mélange entre des racines propres parfaitement identifiables (racines perdues sur les deux opus suivant celui-ci, mais ré-apparues sur
« Silencing Machine ») et des expérimentations psychédéliques subtiles.
Pour faire simple, il suffit de prendre les ingrédients typique du Black Metal tels que : Blast beats, riffs en trémolos, distorsion bien sale et chant hurlé. Nachtmystium surfe sur cette base, en construisant ses titres sur des riffs typiques et sur de longues outros propres au genre. Les mélodies sont bien réfléchies, classiques, mélancoliques et émouvantes comme le prouve l’entame de « Circumvention » ou le final de « Chosen by no one ». Des titres simples et efficaces, qui auraient pu embarquer l'auditeur à la simple écoute des cette démonstration de pratique impeccable du style cher aux norvégiens.
Sauf que Nachtmystium a eu l'idée de napper son gâteau d'un gros coulis de psychédélisme hérité du rock des années 70. Si les efforts actuels du groupe montrent que c'est le clavier qui est prédominant pour cet aspect musical, sur « Instinct : Decay », c'est la guitare qui prend le rôle de curiosité puisque c'est cette dernière qui s'occupe -en majeure partie- d'offrir des mélodies tordues tout en étant prenantes. Chaque titre se voit ici parsemé d'une bonne couche de riffs supplémentaires volontairement torturés à grand coups d'échos, de réverbération, de distorsions et de saturations en tout genre... De plus, étant donné que ces nappes sont juste plaquées sur certaines parties musicales, le résultat est presque choquant pour l'auditeur. Vous écoutez pépère votre titre de Black Metal et voici que déboule une guitare sur-mixée qui vous joue un air totalement planant, comme sur « Eternal Ground » ou sur « A Seed for Suffering ».
Au registre des curiosités, on citera le très Kriegesque « The Antichrist Messiah », véritable décharge de violence de deux minutes trente, directement suivi du presque punk « Here's To Hoping » qui a tout l'air d'une mise en garde sur ce que Nachtmystium fera par la suite, notamment dans la doublette « Assassins/Addicts ». Des titres assez couillus donc, qui rajoutent encore une dose de surprise à une production déjà très surprenante par son côté très progressif. Même si les titres sont parfois court, on se demande de temps en temps si l'on n'écoute pas un groupe de Rock/Metal progressif. « Instinct : Decay » a cette capacité d'impulser des morceaux qui montent, qui montent, qui montent sans jamais redescendre même si certains titres ne dépassent pas les quatre minutes. Un coup de bluff sur le contenu du disque assez impressionnant au final.
Valeur pilier de la discographie des Chiacgoans, « Instinct : Decay » est une œuvre classique mais offrant un décalage musical qui la rend remarquable. Un très bon disque qui réconcilie les amateurs de True-Black et les fadas de l'avant-gardisme et sûrement un des plus touchant de la vague américaine du genre.
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