Après avoir amorcé un tournant plus calme avec les non-moins excellent
"A Sun that Never Sets" et
"The Eye of Every Storm" , Neurosis renoue avec ses premières amours, et retourne en 2007 à un propos plus violent, mais aussi plus sombre avec "Given to the Rising" : 10 titres au cours desquels le groupe oscille entre charge frontale, oppressante, et tissage sonore psychédélique avec un abandon et une sincérité qui forcent le respect.
Alors que la musique présente sur
"The Eye of Every Storm" bénéficiait d'une place conséquente pour s'étendre et se mouvoir, celle de "Given to the Rising" évolue beaucoup plus dans la contrainte. Le groupe la soumet à un espace réduit, une promiscuité suffocante, qui provoque des réactions instables, fussent-elles de véritables geysers de guitares ("Distill", colossal, et" Water Is not Enough", calvaire qui nourrit le feu des éléments) ou encore des ruptures finales magnifique ("Given to the Rising", "To the Wind"). De temps à autre, le propos s'aère et prend la forme de plages plus atmosphériques, mais jamais l'obscurité ne cède place à la lumière, à l'image des vocaux « post hardcoriens », plaintifs et écorchés. Ce nouveau Neurosis est noir, sans conscession, de bout en bout. Qu'on se le dise.
Les guitares de Steve von Till et Scott Kelly, comme toujours, y remplissent majestueusement leur rôle de guide. Elle évoluent tantôt indépendamment, s'entremêlent, dialoguent avec les textures sonores glaciales de Noah Landis, se rejoignent et font bloc avec une puissance colossale. Les compositions, quant à elle, gagnent quelque peu en concision par rapport aux précédents opus, et se font plus directes, sans jamais tomber dans quelconque facilité ( "Water is not Enough", encore...).
Ce qui est incroyable dans tout ça, c'est la façon dont la musique de Neurosis vit. Elle résonne, transpire et se meut, littéralement. Elle conserve un caractère sauvage, impulsif, à l'image du cheval « cornu » de la pochette, et définitivement organique. Et pour cause, le collectif a encore une fois refusé toute intervention extérieure, à part celle de Steve Albini, pour fixer la musique sur son support. Son travail est d'ailleurs remarquable.
Ca y est, les mots viennent inexorablement à manquer. Il est en effet toujours difficile de parler de la musique de Neurosis, tant elle représente un expérience sensorielle indescriptible. Bien au delà des modes et des clichés, elle possède sa propre sphère. Un peu comme la musique de Meshuggah, elle ne demande pas à être disséquée et intellectualisée. Elle représente une expérience primaire, qui agit directement sur les centres nerveux et prend tout son sens dans la continuité. Comme vous l'aurez surement compris, elle requiert de la part de l'auditeur un investissement important (l'album dure 70 min), une réelle volonté de s'y plonger afin d'en apprécier toute la saveur. La récompense est inestimable pour qui franchira le pas.
Tout est dit, le reste vous appartient.
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