Quand on parle d'Anathema, on pense souvent à leurs récentes œuvres, qu'on peut qualifier de metal atmosphérique; merveilleusement bien interprété d'ailleurs. Mais jadis, il y a de cela plus d'une décennie, le groupe pratiquait une musique beaucoup plus sombre et tourmentée, qui donna naissance à quelques-uns des plus beaux fleurons du doom metal. Ne cherchez surtout pas l'ambiance calme et sereine d'un
"Alternative 4" ou d'un
"A Natural Disaster", car cette pépite d'or, que j'ai l'honneur de chroniquer est d'une noirceur inégalée.
On pourrait facilement qualifier cet album de culte, mais ce serait beaucoup trop facile. "The Silent Enigma" est loin d'être une de ces œuvres faciles d'accès, où tout bon metalleux se reconnaît. Au contraire, il est difficile d'entrer dans le monde des frères Cavanagh, où l'émotion est constamment à fleur de peau. Que ce soit à travers les mélodies mélancoliques et torturées, où alors à travers la voix de Vincent, l'émotion passe sans obstacles, et envahit votre esprit. Elle s'empare de vous sans aucune retenue. La sincérité de ce groupe est tout simplement exceptionnelle. Préparez-vous, du vieux Anathema, c'est une décharge d'émotions outrancière.
Passons maintenant aux morceaux en tant que tel. Bien qu'ils créent une belle homogénéité (comme sur n'importe quel skeud d'Anathema), chacun d'eux possède sa propre personnalité, et apporte un plus à l'oeuvre. Bien moins brutal que ses prédécesseurs dans l'ensemble, "The Silent Enigma" se veut la transition entre la période doom/death et la période suivante du groupe. Mais rassurez-vous, maniaques de chant d'outre-tombe, Vincent Cavanagh fait honneur à son prédécesseur en matière de growl, et le surpasse de loin en matière d'émotion. C'est avec puissance que l'album débute, avec le cultissime "Restless Oblivion", qui établit déjà les normes du nouveau Anathema. Alternances entre gros riffs doom et parties plus planantes (voire transcendantes), à l'ambiance étrange et glauque. Le morceau est d'autant plus inquiétant avec ses cris d'outre-tombe, qui viennent tourmenter l'auditeur. Et ce dernier est loin d'être au bout de ses peines, car la suite n'est guère plus joyeuse.
"Shroud Of Frost" continue de démontrer la recherche musicale plus poussée d'Anathema avec de somptueuses mélodies mélancoliques, alors que "Sunset Of The Age" vient nous rappeler que Anathema fait toujours dans le death (du moins, le temps de cet album). Bref, que de morceaux riches et puissants. Mais LA perle de cet album, le morceau culte que tout bon connaisseur en doom metal adule, c'est "A Dying Wish", véritable ode au désespoir, à la mélancolie et la tristesse. Ce morceau est tout simplement parfait, autant par sa mélodie, que par la voix profonde de Vincent. L'apothéose de la musique d'Anathema se trouve selon moi dans ce morceau et croyez-moi, je ne suis pas le seul à le penser.
Même si Anathema a bien changé depuis, on ne pourra jamais oublié la contribution qu'ils ont fait dans le monde du doom metal, particulièrement avec cet album, chef d'oeuvre de son temps. Heureusement, ils ont été une source d'inspiration pour plusieurs jeunes groupes talentueux, qui savent et sauront à l'avenir perpétuer la tradition. Un 9,5/10 très bien mérité, et il est très rare que j'accorde une note si haute à un album.
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