Pain - Cynic Paradise

Il fallait bien que ça arrive : Peter est atteint de surmenage. Il faut le comprendre : mener de front 2 groupes (Hypocrisy, Pain), avec la lourde charge de composer, enregistrer, produire et bien sur tourner ensuite ; cela demande de sacrées ressources, sans oublier qu'il lui arrive encore de produire des albums pour les copains (le prochain Immortal en tete).
Alors, on a beau etre un musicien plein de bonnes idées, dont la discographie est respectée par bien des métalleux de bon gout, il arrive toujours un moment ou l'on craque. Cela s'est déjà vu avec Hypocrisy, dont la disco est émaillée de perles, mais également d'albums un peu plus faibles, ce qui vu la fréquence de sortie de ses productions n'est on ne peut plus normal.
Et voilà que c'est au tour de Pain, son projet principal du moment (mes dents ont grincés), de prendre l'eau. Les mauvaises langues diront que depuis le départ cet electro-metal à la sauce Tagtgren était voué à couler, mais tout est question d'appréciation du style partiqué ou pas, car Pain nous a quand meme servi quelques albums très efficaces comme « Dancing With The Dead » ou « Nothing Remains the Same ».

« Cynic Paradise » est déjà le 6e album de Pain, sorti à une année d'intervalle de son prédecesseur « Psalms of Extinction ». Autant dire qu'un délai si court a pu jouer dans la qualité de composition de ce nouvel opus, qui a été créé pendant la tournée mondiale du groupe en première partie de Nightwish. Je tiens déjà à rassurer les plus inquiets : point de riffs heavy metal ou de solos, Pain reste fidèle à son mélange exotique de grosses guitares et de bidouillages électros. La seule référence à Nightwish, afin d'en terminer au plus vite avec ce groupe, sera l'apparition remarquée d'Anette Olzon, leur nouvelle vocaliste, sur le tubesque « Follow Me » et « Feed Us ». Featuring ou pas, les 11 titres de cet album sont donc tous issues comme d'habitude du cerveau fébrile de Tagtgren.

Et c'est là que le bat blesse : à force de trop vouloir produire, mettre Pain au devant de la scène et sortir album après album, le musicien a semble-t-il grillé un certain nombre de cartouches pour tout ce qui concerne l'inspiration. Ce qu'on apprécie en règle générale chez Pain c'est cet aspect ultra accrocheur des compositions, qui feraient pleurer de joie un auditeur de Devourment. Qui n'a vibré au son d'un « Same Old Song », d'un « Zombie Slam », d'un « Shut Your Mouth » ? Des refrains calibrés au millimètre près, qui font mouche, et ont propulsés Pain sur le devant de la scène électro-metal, car je connais peu d'autres groupes du genre qui fassent autant parler d'eux dans ce style.

Et voilà que « Cynic Paradise » déçoit : sur 11 titres j'en retiens peut être 3 ou 4 de potables, mais le reste est tout bonnement mauvais, sans idée et sentant la resucée de précédents titres. « Dont' Care », le titre rapide de rigueur, ramène à « Computer God » ou « The Game » ; « No One Knows », le titre mou de rigueur, ramène aux sublimes « Expelled » ou « Fade Away » sans en avoir la même tenue ; et que dire des autres, qui ne se démarquent même pas en termes de « mollesse » ou de rapidité excessive. Alors je ne garde que « I'm Going In », prenant et excellent démarrage de l'album, « Follow Me », tout simplement LE tube de l'album et ça on ne peut le nier ; et « Have A Drink Of Me » qui détonne de part son riff principal qu'on croirait sorti d'un western spaghetti. Gardons aussi « Feed Us » pour ces arrangements aux petits oignons et son refrain une nouvelle fois brillamment exécuté par Anette Olzon.

Le bilan est donc maigre : 4 titres échappent au naufrage, et ce n'est pas la pochette, assurée par Travis Smith, qui sauvera le navire. Je vous déconseille d'ailleurs aussi au passage l'édition digipak, qui coûte quelques euros plus cher, et dont les 5 titres bonus ne sont que des remix ou des reprises de Depeche Mode sans consistance. 2009 sera difficile, alors gardez vos sous pour le prochain Hypocrisy et ne prenez surtout pas ce « Cynic Paradise » comme j'ai pu le faire : attendons ensemble un prochain opus salvateur et plus inspiré..

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