Formé en 1985 à Zurich, CORONER se signale très vite par une première démo prometteuse, « Death Cult » (1986) sur laquelle on retrouve Tom Gabriel Warrior (CELTIC FROST) derrière le micro. Un premier fait d'armes qui suscitera l'intérêt de la presse metal de l'époque, mais surtout celui des allemands de Noise Records (HELLOWEEN, KREATOR, TANKARD). Dix ans plus tard, lassé du manque de soutien d'un label qui n'a jamais su/voulu vendre un groupe à l'image complexe, CORONER se saborde après une ultime tournée française. Son passeport pour la liberté ? Une ultime compilation, histoire de solder une bonne fois pour toutes l'aventure Noise, loin d'avoir porté ses fruits en termes de notoriété et de chiffres de ventes. Le trio helvète n'ayant ni la force ni l'envie de composer un véritable album, CORONER tire donc sa révérence sous la forme d'un best of/compilation regroupant quelques inédits et remixes. A première vue, pas de quoi atténuer la déception des fidèles qui espéraient un successeur à l'excellent
« Grin », d'autant que Marky Edelmann, en partance pour le APPOLYON'S SUN de Tom G. Warrior, doit céder sa place derrière le kit à Peter Haas (batteur de CLOCKWORK, éphémère projet du guitariste Tommy Vetterli).
Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, lorsqu'on demande aux trois suisses quel album de CORONER ils retiennent en priorité, Ron Broder, Thomas Vetterli et Marky Edelmann ne remontent pas bien loin dans le back catalogue. « Coroner » donc, apparaît à leurs yeux comme l'album idoine, synthèse parfaite de toutes leurs influences passées, immédiates et, on l'espère toujours, futures. Très portés sur l'ambiant et les musiques planantes, les esthètes maudits du techno thrash de la fin des années 80, on s'en rend compte très vite, n'avaient aucune intention de faire marche arrière vers une musique plus agressive et technique. Les inédits, enregistrés au studio Watermill sous la direction de Paolo Fedrigoli, prolongent logiquement le sombre voyage entamé sur
« Grin », accentuant le caractère lancinant et dépouillé de titres comme « Serpent Moves » (ici présent en piste 5) ou « Paralized, Mesmerized ». On passera donc assez vite sur la partie best of du disque, d'autant que le groupe a mis sous l'éteignoir l'aspect le plus thrash de son répertoire (seuls « Divine Step », « Reborn Through Hate » et « Masked Jackal » échappent à la curée). L'intérêt majeur de cet album bilan réside donc dans les cinq inédits, « The Favorite Game » en tête. Assez proche de « The Lethargic Age » par son rythme et sa structure, ce premier titre est ce que l'on trouve de plus proche du CORONER énergique et inventif que l'on aime, entraînant et groovy, sans oublier les géniales inspirations lead d'un guitariste décidément touché par la grâce. Toujours aussi froid et glacial, CORONER renchérit dans la noirceur avec « shifter », porté par les lignes de basse d'un Ron Broder au chant décidément bien singulier (parfois comparable à celui de Vorph de SAMAEL, en nettement moins puissant), la seule source de lumière, bien diffuse, provenant des solis de Thomas Vetterli, en sourdine derrière un troublant paravent de spoken words. La suite, si l'on excepte un « Golden Cashmere Sleeper » à l'aura cauchemardesque (dans le bon sens du terme), est principalement d'obédiance instrumentale. Un régal pour les amateurs de musique planante sur « Gliding Above While Being Below », flottant entre leads plaintives et arpèges éthérés, accompanées de congas et de synthés aussi discrets qu'efficaces. Outre la guitare lead, « Golden Cashmere Sleeper Pt.2 » met particulièrement en valeur la basse de Chris Vetterli (INSTEAD OF DYING) et donne un aperçu de l'évolution qu'aurait pu suivre CORONER si ses musiciens n'avaient pas choisi de jeter l'éponge.
Bizarrement, le groupe a également opté pour la présence de trois reprises en lieu et place de compositions originales. On retrouve donc « Purple Haze » de Jimmy Hendrix, jouée live au DRS 3 Radio Studios à la sauce ... Reggae, « I Want You (She's So Heavy) » des BEATLES ainsi que « Der Mussolini » du groupe d'electropunks D.A.F.. Quant au second remix, il plaira sans doute aux amateurs d'electro mais laissera les autres de marbre,
« Grin » étant déjà assez chiante sous sa forme métallique. Pour en finir avec les fonds de tiroirs, mentionnons la présence des interludes « Benways World » et « Snow Crystal », qui ne sont quant à elles que de simples passe-plats. Forcément frustrante, cette compilation souvent intéressante, parfois bancale, laissera un goût amer aux amateurs de « Punishment For Decadence » et
« No More Color » dont le seul extrait, « Last Entertainment T.V. Bizarre », n'est guère significatif. Pour les autres, cet ultime témoignage discographique au tracklisting plutôt bien agencé renforce, bientôt quinze ans après sa disparition, l'image d'un groupe unique en son genre.
3 COMMENTAIRE(S)
17/03/2009 08:17
De rien Hurgh. Je te conseillerais quand même de jeter une oreille sur les inédits qui, pour moi, valent le détour. Faut juste pas s'attendre à un album à part entière qui riffe à dix mille à l'heure.
16/03/2009 21:28
16/03/2009 18:35