S'il y a bien une pratique qui m'énerve en ce moment, c'est celle de l'Ipool. Les labels n'ayant plus confiance (à raison) en certains chroniqueurs, nous proposent désormais les promos sous forme de mp3 téléchargeables. Par principe aussi bien que par la gêne occasionnée, je n'ai jusqu'à présent fait aucune chronique d'un promo téléchargé, ou du moins pas avant d'avoir écouté la version cd. Pourtant, ceci est ma 100e chronique, et il se trouve que j'ai le promo du nouveau Marduk sous le coude, débité en 10 jolis fichiers, trois photos et une feuille word, et que Marduk, en plus d'avoir été un de mes premiers coup de cœurs en matière de black metal est probablement le groupe de ce style dont je connais le mieux la discographie, vu qu'à l'heure où j'écris ces lignes je tourne le dos à une collection des suédois comprenant tous les albums et DVD du groupe en au moins un exemplaire. Je choisis donc volontairement de faire le jeu de la promotion, et pour cela j'écoute ce promo sur mon PC. Même si j'y ai un matériel sonore de bonne qualité, vous comprenez aisément que je ne puisse juger de la production réelle de l'album, puisque déjà je n'utilise pas mon matériel habituel, et que je n'ai donc pas mes repères que sont la qualité d'une platine cd, d'un ampli de puissance et d'enceintes un minimum corrects ; et qu'ensuite, ces fichiers sont encodés en 192 kbit/s , et que franchement, ça s'entend ! Vous-vous souvenez sans doute d'une CALC de $am qui avait inventé la chronique téléchargeable suite à cette même pratique, mais comme moi je n'ai pas envie de rire, je vous propose une chronique incomplète de ce nouvel album de Marduk, que je ne complèterai que quand j'aurai la version définitive de l'objet entre les mains. Ah au fait, cela va sans dire que c'est la première et la dernière fois que je chronique un promo provenant d'un Ipool, étant donné que j'ai plus de respect pour mes lecteurs que les labels utilisant cette technique en ont envers les chroniqueurs.
Adieu Emil, bonjour Lars ! Pas facile de passer après un virtuose comme le père Dargutinovic, pourtant Mortuus est passé après Legion avec succès, apportant une personnalité vocale nouvelle et une attitude scénique digne de la grandeur de Marduk. Il me faut l'avouer,
Rom 5:12 fût pour moi une cruelle déception, le premier mauvais album d'un groupe qui de
Dark Endless à
Plague Angel n'avait jalonné son parcours que d'albums et de titres d'exceptions, malgré un
Panzer Division Marduk aussi linéaire qu'une charge de Panther. Mais j'espérais avec la venue d'un nouveau membre que
Wormwood soit le regain de confiance des suédois, un grand album de brutal black comprenant deux ou trois mid-tempos dignes de la première période du groupe. Encore une fois, j'étais trop optimiste !
Ce n'est pas mon habitude quand je chronique, mais je vais rentrer directement dans le vif du sujet et mêler la description aux critiques, sans réelle distinction. L'écoute de ce nouveau Marduk est un chemin de croix, tous les titres ou presque y étant des daubes absolues. Restent comme morceaux potables : « Nowhere, No-one, Nothing » et « This Fleshy Void », qui n'ont ni la classe, ni le feeling des anciens brûlots de Marduk, mais l'on s'en contente presque avec plaisir dans cet océan de nullité et de néant musical que je vais vous décrire plus avant. Le point positif global de
Wormwood est la mise en avant de la basse, qui se permet même de ne pas suivre les accords molassons de Morgan, et de broder quelques mélodies elle-même. C'est agréable, mais on est loin des moments de grâce que distillait B.War il y a dix ans.
Parmi les morceaux pas totalement perdus pour la cause mais tout de même difficiles à l'écoute on peut citer « Into Utter Madness » et la nullité de ses riffs entre la première et la deuxième minute, mais qui ne suffit même pas à en faire un mauvais moment sur ce
Wormwood, c'est même le troisième meilleur morceau de l'album, derrière les deux seuls rescapés que j'évoquais à l'instant. Potable également « Phosphorous Reedemer » et son intro inutile, suivie heureusement de quelques accélérations qui ne sont plus franchement épiques, mais servent à faire passer la pilule jusqu'à un final chiant.
Tout le reste est simplement insupportable pour quiconque a apprécié ce que Marduk faisait jusqu'à
Plague Angel. « Funeral Dawn » est un immondice comparable en tout point à « Womb Of Perishableness », malgré son trémolo dissonant suivi de notes de claviers qui ne collent absolument pas au style Marduk. Si vous voulez apprendre à votre fils de trois ans à jouer de la batterie sur un morceau de metal, choisissez celui-là, vu que le seul et unique pattern consiste à frapper la caisse claire sur le temps, ainsi qu'une cymbale et la grosse caisse tous les deux temps… mais remarquez je pourrais faire la même remarque pour la guitare et la basse qui se contentent de jouer trois accords. Mon dieu, quel mid-tempo magnifique, regardez-moi cette innovation dans la composition, cette évocation du néant par la nullité artistique ! « To Redirect Perdition » est du même calibre et donne dans le riff à trois notes (similaires) à la minute. Mais l'auditeur doit aussi endurer les ignobles arpèges dissonants sur l'intro de « Whorecrown » ainsi que ses voix synthétiques du plus mauvais effet à 3 :10 et 4 :50, et bien qu'il soit rapide, aucun riff mémorable ne vient sauver ce morceau du naufrage en règle. Le même degré d'horreur est atteint pour « Chorus Of Cracking Necks » et son break ignoble qui fait plutôt craquer mes nerfs, ruinant toute la dynamique d'un morceau qui s'essayait pourtant un peu à la brutalité. « Unclosing the Curse » n'est qu'un sous « 1651 » ni oppressant ni sombre, mais simplement trop long, qui n'arrive pas à installer la moindre once d'ambiance, ce qui est pourtant sensé être le rôle d'un interlude. Vous en voulez encore ? Bien sûr, le calvaire ne s'arrête pas là, et si vous n'arrivez pas à vous endormir en écoutant le final de « As A Garment » c'est que vous êtes sous speed ou que vous avez bu huit hectolitres de jus d'orange, car son tempo d'escargot doublé à l'absence totale d'instrumentation correcte autre que la basse donne une envie de suicide absolue si on n'appuie pas vite sur la touche stop. Après s'être mis au rock, Marduk s'est donc mis au funeral doom, on vole de surprise en surprise !
Les suédois avaient jusqu'à il y a peu toujours eu une maîtrise magnifique du mid-tempo avec des joyaux comme « Materialized in Stone », « Dracula Vomni », l'intégralité des titres de
La Grande Danse Macabre ou sans remonter aussi loin « Perish In Flames ». Grâce aux variations des riffs, aux superbes lignes de basse de B.War, au jeu de Frederik qui excellait particulièrement dans l'exercice et à la voix totalement possédée de Legion, la lenteur chez Marduk était synonyme d'envoûtement, de possession et de noirceur malsaine. Pourtant aucun, et je dis bien aucun passage mid-tempo n'est réussi sur
Wormwood. Le constat était déjà valable sur
Rom 5:12, mais cette fois-ci c'est bien pire, les suédois ayant en gros assimilé toute notion de lenteur à l'épuration totale de toute instrumentation un brin évolutive ou mélodique que l'on retrouvait sur « Womb Of Perishableness ». Alors que Rom était un album varié, cet opus est composé en majorité de ces rythmiques immondes, lentes et épurées, aussi agréables à écouter que la course d'une trotteuse un jour d'examen. Marduk retombe dans ses récents travers en entrecoupant ses morceaux de breaks inutiles similaires à la fin de « Vanity Of Vanitites », sans une trace d'ambiance, de mélodie, de brutalité, de froideur ni de quoi que ce soit que l'on est en droit d'attendre d'un album de black metal décent. L'ennui profond que j'éprouvais à l'écoute de titres comme « Imago Mortis » et « Accuser/Opposer » est pulvérisé par le dégoût extrême, encore plus intense que celui que j'ai pour « Womb of Perishableness », que j'éprouve à l'écoute de
Wormwood.
Même le chant de Mortuus est totalement différent de ce qu'il a offert par le passé. Alors qu'on pouvait facilement lui coller des adjectifs comme « possédé » ou « malsain », ses vocaux n'ont désormais plus rien d'envoûtants. On est loin de la puissance et la noirceur qu'il dégageait sur
Plague Angel, où il transcendait littéralement des titres comme « Throne Of Rats » ou « Steel Inferno », et
Wormwood ne fait que confirmer qu'il est loin d'avoir le talent pour les mid-tempos qu'avait Legion. Il utilise même des effets pour distordre sa voix (comme à 3 :30 sur « Funeral Dawn), pour un rendu franchement pénible. C'est de loin la pire prestation qu'il ait faite sur un album, Triumphator, Funeral Mist et Marduk confondus ! Pourtant c'est loin d'être désastreux, et ça ne gênerait même pas si les morceaux étaient convenablement composés.
Et que dire de Lars Broddesson si ce n'est qu'il est le plus mauvais batteur que les suédois aient eu dans leurs rangs ? Son simplisme insupportable fait amèrement regretter les géniaux Frederik et Emil, qui possédaient une personnalité dans leur jeu, ainsi qu'une technique sans faille, eux… Pour ceux qui auraient vu Marduk lors de leur dernière tournée avec Morbid Angel, vous savez de quoi je parle.
Voilà,
Wormwood c'est un peu « The Levelling Dust » qui ouvrait
Rom 5:12, mais sans le génie naturel de Emil Dragutinovic, sans les excellents vocaux de Mortuus, sans ambiance, sans la conviction que l'on sentait encore présente jusque là malgré tout et au final sans intérêt. J'aurais mis un généreux 5/10 au dernier opus du groupe si j'avais eu à le chroniquer, à cause d'une baisse de régime évidente et de trois mid-tempos allant du poussif à l'immonde. Mais là je peine à trouver les passages qui mériteraient d'engranger des points sur ce
Wormwood, dont seuls quelques riffs rappellent encore la grandeur du Marduk que l'on a(vait) toujours connu. Ceux qui avaient déjà trouvé
Rom 5:12 décevant ne devraient même pas jeter une oreille dessus, et seuls les plus endurants de ceux que le néant ne gêne pas devraient y trouver leur compte. Soyons clair : si vous aimez Marduk, vous ne pouvez pas aimer
Wormwood. J'étais intimement persuadé que le dernier The Legion serait le pire album de l'année vu la nullité de
A Bliss to Suffer par rapport à ses deux prédécesseurs, pourtant là je crois que je tiens le pompon, l'abjection musicale de l'année, le testament final d'une vieille gloire qui a trop cherché à faire table rase de son passé.
À venir : la description de la production, de l'ambiance qu'elle insuffle à l'album (si jamais il y en a une), et la conclusion. Ceci étant dit, la note est fixée, le verdict tombe, et je citerai Maurice Barthélémy dans le sketch de l'aspichat : « c'est de la merde ! »
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