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Borgia - Ecclesia

Chronique

Borgia Ecclesia
Parfois j'aime vraiment avoir raison. Et je ne dis pas ça parce que j'ai très souvent raison, non : à vrai dire il m'arrive parfois de me planter, quand j'ai une attente particulière envers un groupe surtout, et généralement mon côté acerbe (« Toi être acerbe ou croate ? » comme aurait dit Slobodan) ressort bien dans la chronique qui suit. Mais quand j'ai misé une petite pièce sur Borgia en chroniquant leur première démo, je ne m'étais vraiment pas planté, convaincu d'avoir repéré un potentiel certain chez les parisiens. Leur black/death très sombre et torturé m'avait déjà particulièrement séduit grâce à des riffs tortueux, une ambiance palpable et un parti pris particulièrement audacieux dans des compositions qui ne cherchaient pas l'accessibilité ou l'efficacité à tout prix. Un split avec Ysengrin et une signature chez Paradigms Records plus tard, voilà le groupe de retour avec son premier album, où la thématique reste plus que jamais la noirceur du Moyen Âge et la décadence de son clergé, mise en musique avec un pouvoir d'évocation rarement atteint. Et là où je me dis que si je n'avais certainement pas tort quant à son radieux futur, je n'avais toutefois pas entièrement raison, c'est que je ne me doutais pas que Borgia irait encore au delà de mes espérances.

De prime abord, Ecclesia ne recèle pas de surprises : le duo désormais trio n'a pas changé de philosophie de composition, les mélodies sont dissonantes, les riffs torturés, le rythme changeant, de nombreux chœurs et voix déclamées jalonnent des morceaux très longs, alternant sans cesse la lourdeur et la percussion. Le black/death des parisiens préfère toujours un riffing chaotique assez difficile à anticiper à un côté épique qu'ils pourraient pourtant développer sans peine, mais qu'ils refusent par pure figure de style. Toutes ces facettes de Borgia que j'avais déjà évoquées il y a deux ans se sont aujourd'hui accentuées, et la musique du groupe atteint une toute autre dimension. Là où les démos manquaient encore un peu de personnalité dans le riffing, et où la lourdeur se faisait un parfois peu trop épurée, Ecclesia corrige tous les défauts que l'on pouvait y trouver.
Les influences de Borgia ont peut être changé – quoique ça m'étonnerait en si peu de temps – mais je suppute plutôt un gros gain de technique de la part des musiciens car ce premier album sonne comme un mélange des très bons Immolation et Incantation croisé avec les non moins excellents Akercocke. Le tout bien sûr à la sauce Borgia : sans les longueurs parfois ennuyeuses des américains, et sans les lacunes du chant des anglais (sans le côté classe et les pointes à 280bpm non plus, cela va sans dire). Certains riffs très efficaces n'auraient effectivement pas fait tâche sur Failures For God : je pense notamment au refrain du « Bûcher des Vanités » qui ouvre l'album. De la même manière, la production globalement excellente, bien que la basse ne soit pas assez présente dans le mix à mon goût, est à mi-chemin entre ce que l'on peut entendre chez Incantation et un travail du Necromorbus : elle est chaude, assez ronde, précise, et demeure très naturelle.

Ce gain de technique, s'il a permis d'étoffer le riffing et de multiplier les variations au sein des morceaux, se traduit également par l'apparition d'excellents solos mine de rien très complexes, tout aussi délicieusement dissonants que les mélodies proposées par les guitares en temps normal, le meilleur d'entre eux restant tout de même celui qui clôture l'album à la fin de « Habemus Papam ». Le chant alterne les déclamations très profondes, les chœurs et des vocaux purement black/death à la fois profonds et écorchés, tout en restant relativement intelligibles, et s'avère dans tous les cas admirable de justesse et d'efficacité. Il est également à noter que malgré la pluralité des riffs et des chants, Ecclesia reste un album accrocheur et surtout très cohérent, grâce en grande partie à une ambiance incroyable, instaurée d'emblée par un son particulier et des compositions chaotiques surplombées d'un chant tout à fait possédé.
Le côté poisseux que j'avais déjà trouvé à Borgia auparavant est plus que jamais d'actualité, et s'ajoute à ses petits camarades que sont la décadence et la perversion. La thématique très sombre du groupe trouve ici une mise en œuvre on ne peut plus convaincante, tout élément de la musique du groupe des chœurs aux solos n'étant là que pour instaurer encore un peu plus de l'ambiance si particulière qui est la marque de fabrique des parisiens. « Te Deum » (revient à voir avec celui de Charpentier) est probablement l'un des interludes les plus délectables que j'ai jamais écouté : un ensemble de chœurs façon chants grégoriens se fait progressivement supplanter par des chœurs très graves aux accents évoquant à la perfection la possession. L'intervention de pareils chœurs au sein des morceaux classiques, si elle se fait plus rare, fonctionne aussi à merveille. Enfin un groupe qui se souvient qu'il ne faut pas dispatcher trois accords mollassons épurés de mélodie pour instaurer une véritable ambiance (et je ne vise aucun groupe suédois en disant cela) !

Vous l'aurez compris, Ecclesia est pour un premier album un petit coup de maître qui confirme tous les espoirs que Borgia avait suscité. Dotée d'une ambiance palpable et prenante, la musique du groupe s'est faite plus tortueuse, plus chaotique et plus malsaine encore, grâce à un gain de technique notable de la part des musiciens et à un chant varié extrêmement convaincant. La maturité déjà acquise par Borgia me laisse admiratif, et bien que le style soit complexe et assez imperméable, le groupe maîtrise déjà parfaitement son sujet. La seule ombre au tableau réside d'ailleurs dans cette imperméabilité inhérente à ce black/death changeant et dissonant : comme Akercocke, Borgia aura du mal à établir un consensus et à toucher tout le monde. Malgré ses qualités indéniables, j'avoue moi-même avoir du mal à faire ressortir des moments plus mémorables que d'autres de cet album, car hormis « Te Deum », Ecclesia ne propose que des très bons morceaux, tous relativement similaires. Je suis convaincu que le groupe peut proposer des titres encore plus percutants, peut être aussi un peu plus diversifiés et épiques pour apporter cette touche d'accroche qui lui fait encore parfois défaut, tout en conservant l'identité de son style très original. Mais tout ceci est plus un espoir qu'un regret, car ce premier album comble mes attentes au-delà de mes espérances, et je suis convaincu qu'un second essai pourrait définitivement hisser le groupe parmi les sommets du genre. Je me dois d'autre part de louer la beauté du digipack et du livret que j'ai sous les yeux, dont les teintes marron et ocre et les gravures représentant les thèmes de chaque titre collent à merveille à l'univers du combo. En attendant, comme Borgia tourne un peu partout en France, je vous enjoins à aller les voir sur scène : c'est aussi bon en live que sur cd.

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Borgia
Black/Death
2009 - Paradigms Recordings
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (1)  8.5/10
Webzines : (11)  7.84/10

plus d'infos sur
Borgia
Borgia
Black/Death - 2003 † 2010 - France
  

écoutez
tracklist
01.   Le Bûcher des Vanités
02.   Par La Croix Et La Bannière
03.   Litanie Du Misanthrope
04.   Des Martyrs...Allégorie De La Foi
05.   Te Deum
06.   Éxtasis
07.   Flagellum Dei
08.   Conquistadores
09.   Habemus Papam

Durée : 53:50

line up
parution
26 Octobre 2009

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