« Comme des connes? C'est un remake du « tube » de Mickaël Youn par les Vamps?
- Non Papy: le monsieur t'a dit Co-me-con! Tu as encore dû confondre ton sonotone et les boules de geisha de Mamie ma parole ...»
C'est sûr qu'il faut être vieux pour avoir pu apprécier « Megatrends in Brutality », le premier album de Comecon, dès sa sortie. Déjà 18 ans nom de nom! Et une écoute régulière de celui-ci pourrait fort bien – après tout ce temps – avoir provoqué une baisse de l'acuité auditive du papy sans qu'il lui ait fallu par ailleurs s'enfiler des machins et des trucs pas clairs dans le creux de l'oreille, bougre de petit galopin!
Il y a 18 ans donc, peu de temps après la sortie des premiers albums des 4 mousquetaires de la 1ere vague du death metal suédois (
Entombed, Unleashed, Dismember et Grave pour les incultes et les jeunots), tout un tas de groupes venait s'agglutiner sur les bancs des Sunlight Studios, célèbre institut où le Professeur Thomas Skogsberg dispensait alors ses cours du soir. On était alors loin de parler de revival, comme c'est le cas aujourd'hui. Non, cet afflux se faisait alors dans la fièvre de l'instant, dans l'enthousiasme de ce son nouveau et bourbeux, qui vous bourdonnait agréablement dans les chaussettes et tâchait la tablier comme jamais auparavant. Et bien sûr, Comecon était de ceux là. Et histoire de pousser un peu plus loin l'affiliation avec cette scène, les guitaristes Rasmus Ekman et Pelle Ström, véritables têtes pensantes du groupe, avaient embauché pour ce premier essai longue durée ni plus ni moins que Lars Göran Petrov, grogneur en chef chez
Entombed, momentanément laissé sur la touche pour des raisons X et Y que je vous laisse le soin d'aller vérifier par vous-mêmes. Pour compléter le line-up, le duo de gratteux s'était partagé le gratouillage de la basse, et avait confié la batterie … à une bonne vieille boite à rythme! Sauf que le boulot s'est révélé tellement bien foutu que le groupe a été jusqu'à faire poser un pote – temporairement rebaptisé Anders Green pour la circonstance – sur la photo figurant dans le livret de l'album afin d'étouffer dans l'œuf tout soupçon et d'éviter de faire fuir les plus sensibles des poilus amateurs de décibels organiques.
Si la prod de « Megatrends in Brutality » est bien inscrite dans la tradition de son époque et de sa localisation géographique, le résultat est un poil moins fangeux, un poil plus rock, plus sec, plus punk, et finalement pas si éloigné que ça des plus enlevés des titres des tous premiers
Unleashed. Les morceaux sont simples, directs, hargneux et on a parfois l'impression d'entendre une version crusty de
Entombed. Quand Comecon fonce tête baissée – ce qui arrive quand même très souvent – ça s'emballe assez vite, et chose pas si fréquente que ça pour l'époque, le groupe nous gratifie de bons petits blasts des familles. Et quand l'humeur n'est pas au bourrinage franc du collier, Comecon sait aussi se faire un brin plus chaotique, dans une veine assez
Morbid Angelienne (
toutes proportions gardées), avec même les petits solos hystériques de circonstance (
« Wash Away The Filth », « Teuton Tantrums », « Conductor Of Ashes »). Mais le groupe sait aussi visiter d'autres registres et se faire plus rampant (
sur le démarrage de « Omnivorous Excess »), plus pesant (
en ouverture de « Slope »), voire donner dans le mid joyeusement grassouillet (
sur « Armed Solution »). Fort de tout cela, Comecon nous livre un album sympathique, doté notamment d'une très bonne première moitié et d'un excellent « Omnivorous Excess », petite perle de death old school qui ne néglige pas les atmosphères et sait insuffler des mélodies là où ce genre de choses s'insuffle quand on sait y faire.
Mais bon, soyons clair, je vous mentirais si je ne vous brossais qu'un tableau idyllique de ce premier essai. En effet, mis à part une certaine répétitivité sensible entre autre sur les démarrages de morceaux (
bonjour le copier/coller/altérer sur les débuts de « The Dog Days », « Wash Away The Filth », « The Mule » et « Conductor Of Ashes ») – que l'on pardonne aisément parce que c'est du tout bon –, on déplore quand même quelques pistes franchement moins inspirées. Ainsi « Armed Solution » est vraiment grassouillet et pataud, et l'alliance contradictoire de sa pesanteur un peu gauche avec ces « chœurs » du pauvre et ces quelques leads joyeux donne l'impression d'écouter un vieux Winter qui se serait torché à l'Oktober Fest. De son côté « The Future Belongs To Us » fait dans le trop simpliste, et « Conductor Of Ashes », malgré un démarrage bien énergique, ne tient pas ses promesses. Le pire, c'est ce « Ulcer » poussif, accidenté et somme toute assez peu agréable qui conclut l'album sur une touche un peu amère, heureusement contrebalancée par une poussée punky libératrice en son milieu.
Même si tout n'est pas rose sur ce premier album, il est bon, à l'heure où la mode est au « plus old school que moi, tu sombres dans le ridicule régressif » de se rappeler qu'il reste de bons petits skeuds de l'époque à explorer, avant de crier famine et de se ruer sur le premier revivaliste venu. D'autant que le groupe a sorti encore deux autres skeuds par la suite – avec deux autres grogneurs tout aussi célèbres. On en reparle sous peu …
PS: pour ceux qui auraient le CD original, l'ordre des morceaux affiché au dos de celui-ci ne reflète pas l'ordre réel des titres. La liste affichée à droite de la chronique, elle, respecte la vraie séquence.
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