Dysentery - Internal Devastation
Chronique
Dysentery Internal Devastation
Il y a quelques années de cela, la frange la plus extrême du death connaissait une véritable explosion, menée par des formations aussi nombreuses que diversement intéressantes et qui y allaient chacune de sa petite offrande musicale comme autant de libations aux maîtres Devourment et leur « Molesting The Decapitated » fondateur de ce qui sera par la suite connu sous le terme de TXDM (ou peut-être préférez-vous USUGBSDM?). Au milieu de cette brutale ébullition, Dysentery vit le jour en 2002 avec la ferme intention de flirter eux aussi avec les bornes de la violence musicale. Et même s'ils ne sont pas le combo le plus extrême qui ait foulé cette Terre, les Américains montraient déjà en 2004 avec le split aux côtés des poètes de Gutrot
(« Excruciatingly Euphoric Torment ») qu'ils étaient prêts à concasser de la cervicale. Quatre ans plus tard sortait sur Amputated Vein Records leur premier full length « From Past Suffering Comes New Flesh ». Et après un petit tour de chaises musicales au line-up qui a vu le départ du guitariste Nick remplacé par Blue (l'ancien bassiste) et l'arrivée de Drew Copeland-Will (Parasitic Extirpation) à la quatre cordes, Dysentery accouche donc en 2011 de son deuxième bébé « Internal Devastation » via Comatose Music.
Derrière cette pochette à la signification particulière (on y reviendra) et vierge de tout logo ou titre, se cache donc une bonne grosse demi-heure d'un brutal death qui alterne quasiment à 50-50 ultra violence et ultra lourdeur. Depuis le début en effet le quatuor du Massachusetts parie tout autant sur les blasts beats que sur les grosses mosh parts à vous écraser la tête dans un étau. Brutal, Dysentery l'est assurément! Pas l'ombre ici d'un embryon de début mélodie, tout n'est que sauvagerie musicale. A commencer par les vocaux de Will qui, bien qu'un poil de cul moins gutturaux qu' auparavant (on arriverait presque à distinguer des mots parfois!), restent dans l'ensemble une bonne bouillie régurgitée avec dégoût dans nos conduits auditifs externes, variant parfois les plaisir en s'aventurant vers quelques porcineries (« A world apart »). Il ne faut bien évidemment pas s'attendre à un déluge de technique musicale, l'ex-bassiste Blue continuant quand à lui sur la lignée de son prédécesseur avec des riffs basiques, typiques du style, maquillés de quelques harmoniques et appuyant comme il se doit la lourdeur de l'ensemble. Et pour faire exploser la balance vous pouvez comptez sur nos quatre gendres idéaux qui ne se contentent pas de sprinter mais aiment aussi à taper très fort du pied par terre (un peu comme les amis japonais de Jacques Chirac oui). Entre une salve de blasts furieux et une courte rasade de gravity (très rares) se glissent en effet gracieusement des mosh parts aussi massives que sont brutales les parties qui les entourent. Si vous êtes comme le yaourt (j'en suis navré pour vous) et que ce genre de ralentissements vous provoque une éruption bulleuse et extrêmement prurigineuse, Dysentery n'est clairement pas fait pour vous. Ils sont chez les Américains, comme je le disais plus haut, à quasi égale proportion avec les parties blastées.
« Internal Devastation » est donc dans la continuité de « From Past Suffering Comes New Flesh » et des titres présents sur
« Excruciatingly Euphoric Torment » (on retrouve d'ailleurs deux titres de chaque pour conclure l'album), la seule différence majeure se situant plutôt en terme de production. Bien plus moderne ici, elle ravira les allergiques aux enregistrements un peu crasseux mais décevra les intégristes qui trouvaient que celle du précédent opus en accentuait l'aspect fétide. Et concernant les paroles alors, du gore comme d'habitude? Pas vraiment non. Les thèmes abordés par Will se concentrent essentiellement sur la mort (
« ah oui ça change alors! ») ou plus précisément la perte d'un être cher et le vide laissé derrière lui. On avait compris avec « From Past Suffering Comes New Flesh » que le père du chanteur était atteint d'une grave maladie qui comme trop souvent a eu le dernier mot. On comprend mieux alors la pochette et ce cercueil tombant dans le vide sous les yeux de celui qui reste, accablé par la douleur.
Bref, tout cela est très accrocheur et pensé pour être aussi direct que possible mais malheureusement je me dois de pointer une énième fois le même défaut, totalement inhérent au style et donc fatalement inévitable: la redondance. Certes c'est brutal, certes c'est ultra lourd mais qu'est ce que c'est répétitif! Heureusement que les titres ne dépassent que très rarement les trois minutes et que l'ensemble bloque à 31 minutes car passé une dizaine de titres on commence sérieusement à regarder la montre. Difficile en effet de trouver quelque chose qui ressemble plus à slammoshing part qu'une autre slammoshing part. On regrettera un manque cruel de variation dans les rythmiques et les riffs eux mêmes, pas un seul passage pour surprendre un tantinet l'auditeur. Ah si, un: ce riff plus thrashy à 1'40 sur « Scars of suffering », c'est tout. Je n'aurais pas non plus craché sur un peu plus de groove, chose dont nombre d'autres groupes dans cette scène font montre. « Internal Devastation » est donc un album à réserver aux fans du style et trouvera peu d'écho auprès du fan de métal lambda. A trop vouloir repousser les frontières d'un style on en finit par s'y retrouver englué.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène