Rwake - Rest
Chronique
Rwake Rest
Rwake et moi, toute une histoire (et une phrase d’accroche aussi pourrie qu’un nom d’émission avec Sophie Davant) ! Comme beaucoup, j‘ai été subjugué par Voices Of Omens lors de sa sortie en 2007, croyant avoir trouvé un groupe dont les liens avec le sludge allaient plus loin que quelques riffs lourdauds taillés pour convaincre les fans de Mastodon qu’ils sont de gros méchants dégueulasses. La bande originaire de l’Arkansas y prouvait qu’on pouvait à la fois séduire de magnifique et corrompre de ressassement, décupler le mal-être par une indigestion de mélodies répétées à n’en plus vouloir. Un retour en arrière dans sa discographie m’a désigné ce quatrième album comme un aboutissement, le trop tuant le trop sur les œuvres antérieures. Je n’attendais pas de Rest autre chose qu’un renouvellement de cet équilibre dans l’excessif et malheureusement, on s’en doute au regard de la note, ce n’est pas franchement le cas !
En effet, je ne retrouve ici ni cette solitude du redneck transmise avec le réalisme d’un Horseback rendu terminal, ni le tourbillon de guitares et structures sans retour touchant au-delà de la foultitude d’arrangements. Rest continue cet acharnement voire l’augmente (double-chant de C.T. et B plus appuyé, durées des titres rallongées et accentuation de la place accordée aux sonorités diverses provenant de moog, flûte ou mandoline) mais n’arrive pas à retransmettre l’atmosphère évoquée du fait d’un développement du glaçage progressif au détriment de moments typiquement sludge. Maintenant, Rwake cherche à atteindre une beauté toute formelle, alors qu’elle aurait dû rester un bonus appréciable, et remplace la dépression par le tristounet mécontent de rigueur. Cette direction donne au disque un air de « musique pour musiciens » que de nombreuses formations à la barbe passée au peigne ont également emprunté. De fait, les Ricains en deviennent beaucoup moins intéressants qu’autrefois !
La balance entre leads et rythmiques s’est mise à pencher du côté des premières donc, tombant dans une sorte de prog’ jammé découpé en quatre quarts et deux pauses semblant être là pour marquer des frontières factices car difficiles à trouver par l’oreille. Ce changement par rapport à un Voices Of Omens tout aussi monolithique mais parsemé de moments directement explosifs oblige à plus d’attention pour repérer des lignes de force présentes (le démarrage de « An Invisible Threat », l’accélération de « The Culling »…) bien que moins entêtantes : Rest est rempli de variations tout en manquant de relief, les patterns et enchainements se repérant d’un titre à l’autre à l’image d’un « The Culling » aux parties électriques proches de celles de « It Was Beautiful But Now It’s Sour » quand ce n’est pas tout le morceau qui s’embourbe dans le figé. Il en devient difficile de savoir où les instruments veulent en venir, le rabâchage oscillant entre la profondeur abstraite et la mélomanie pure sans convaincre totalement quelque soit le tableau.
A la vue des éléments évoqués ci-dessus, dire que Rest est une déception va de soi. Il n’est pas un mauvais album pour autant, l’arrivée de bonnes idées aux bons moments montrant que Rwake se perd mais arrive toujours à captiver : les soli et envolées aux cheveux longs ont le goût de ne pas virer au pimpant ; les différentes voix transmettent encore parfaitement leur haine (le début hostile de « It Was Beautiful But Now It's Sour » est exemplaire) ; l’introduction « Souls Of The Sky » ainsi que « The Culling » insufflent en quelques mesures grattées en acoustique une envie de fuite en avant vers une forêt de conifères ; enfin, la production sans vie de Sanford Parker (pléonasme) entoure indirectement les compositions d’une touche mortifère dont l’essai manque autrement.
La (non-)catégorie dans laquelle s’inscrit Rwake est casse-gueule. Il peut écraser de délicatesse bouffie et en un instant, sans vraiment comprendre pourquoi, déployer un sale consensuel. La période est à l’eurythmie compliquée et en cela, Rest ne l’est pas (en reste – il fallait bien la caser quelque part (comment ça « non » ?)). Ça ne l’empêche pas de se diriger vers mon étagère imaginaire section « bien fait, trop vide », celle où d’autres trouveront le bonheur d’exprimer leur flamme par un « c’est en colère mais recherché aussi » comme ma petite sœur déclare de ses idoles qu’ « ils dansent mais chantent aussi ». Je dois vieillir ou avoir fait une overdose de « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » mais ces progueux pour qui la crasse s’arrête à avoir oublié de prendre sa douche la veille m’ennuient de plus en plus. Vous voyez, j’en deviens exagérément mesquin.
| lkea 15 Novembre 2011 - 2042 lectures |
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