OK OK OK. Un album de Black Bomb A peut avoir du mal à trouver sa place dans nos colonnes. Je lis du Day of Suffering, du Trepan’Dead, du Perversor… l’allusion à la fumette un peu rigolote de BBA est un peu hors de propos l’on dirait. Et pourtant, leur label At(h)ome ayant eu la gentillesse de m'envoyer un CD promo à l'ancienne (j'en avais les larmes aux yeux, je ne pensais pas que cela existait encore.........), certes non sollicité mais qu'importe, je me devais d'en évoquer le contenu au sein du "webzine à tendance brutale".
Et je suis heureux, mes bien aimés lecteurs, de vous informer que BBA en a encore sous le coude: on connaissait l'énergie communicative du groupe sur scène, qui fête ses 11 ans de carrière cette année, on se dira désormais dans les milieux autorisés que sur album aussi les Parisiens parviennent encore à convaincre. J'ai souvenir d'avoir été assez critique avec ma chronique du précédent opus: trop brouillon, peu inspiré, sans accroches. "Enemies of the State" me laisse un goût déjà bien plus agréable en bouche!
Une réelle prise de conscience a eu lieu chez les punks de Viroflay : le groupe évolue ainsi doucement avec « Enemies of the State » vers des compositions plus aérées, moins basiques, tout en conservant les fondamentaux du groupe : un double chant, puissamment orchestré par Poun et le nouveau venu Shaun Davidson ; des refrains qui seront repris en chœur par le public de France et de Navarre (le « We Don’t Care » va faire un ravage) ; et un soupçon de refrain mélodique à l’ancienne (le titre éponyme).
Pour autant BBA propose un album plus dynamique que d’habitude dans sa tracklist, qui alterne entre la révolte punk d'antan ("Telling Me Lies", "Take Control", « Come on Down ») et des titres plus ambiancés, tirant soit vers un métal très moderne à la In Flames sur le refrain ("Destruction") soit vers quelque chose d'atypique car très sombre avec l'évocateur "Hell on Earth". Et prend même la forme d'un hommage direct aux racines métalliques du groupe via l'excellent "Pedal to the Metal". Et en définitive, ce sont ces titres novateurs (tout est relatif) qui me plaisent davantage que les résurgences punk du groupe sans trop de consistance (« Telling Me Lies » me donne plus envie de réécouter
« Human Bomb » que d’appuyer sur Repeat). Evoluer, cela a du bon, et BBA me plait dans sa tentative d’incorporer un peu de variété à un style très frontal, sans perdre pour autant sa puissance de feu : cela déménage encore sévère !
Plus nuancé, ce BBA ne l'est malheureusement plus autant au niveau de ce qui faisait la force du combo, à savoir la dualité vocale de deux chanteurs aux timbres de voix singulièrement différents. J'ai un souvenir encore ému du coffre exceptionnel d'Arno, qui formait avec Poun un duo ravageur (le live « Illicit Stuff Live » en est la preuve manifeste). Le nouveau vocaliste, Shaun Davidson, est franchement décevant à ce niveau là, son chant manquant singulièrement de personnalité et se mêlant de façon confuse avec celui de l'indécrottable Poun... Lequel Poun n'abuse d'ailleurs plus autant que par le passé des lignes de vocales claires en guise de refrain, si ce n'est pour marquer le titre éponyme de ce gimmick propre au groupe. La modération a aussi du bon…
Dans l'ensemble, cet opus me satisfait nettement plus que son prédécesseur, et je renoue en ce début d’année avec plaisir au crossover metal / core / néo de BBA, qui reste l'un des derniers survivants de l'époque Sriracha à ne pas avoir (trop) retourné sa veste.. ou à tout simplement encore exister. Aux côtés de Lofofora, ils me rappellent cette époque ou le métal fusion avait le vent en poupe, et leur longévité mérite quelque part le respect même du plus indécrottable des amateurs de « musique brutale ». Welcome back.
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