The Great Old Ones - Al Azif
Chronique
The Great Old Ones Al Azif
Originaire de la région Bordelaise, The Great Old Ones est à la base le projet d'un seul homme: Benjamin Guerry. Afin de tuer le temps entre ses nombreuses lectures de Lovecraft, celui-ci se décide à enregistrer quelques titres initialement sous forme de simples démos. L'exercice n'étant pas aussi aisé qu'il y paraît, Jeff Grimal réussit à le convaincre de se faire aider. Finalement, les deux hommes sont rapidement rejoint par Léo Isnard, Sébastien Lalanne et Xavier Godart afin de les épauler pleinement dans cette nouvelle aventure. The Great Old Ones est née.
Comme beaucoup d'autres groupes, The Great Old Ones met alors à disposition les premières ébauches de son travail sur le site communautaire Bandcamp. Il ne lui en faut pas plus pour être contacté par le label américain Antithetic Records (Maudlin Of The Well, Kayo Dot, East Of The Wall...). Toutefois, afin de s'assurer également une bonne visibilité en France, le groupe rentre en contact avec Les Acteurs De l'Ombre. La fin de l'année 2011 marque alors un grand pas en avant pour The Great Old Ones: un album, deux labels, trois formats et une terrible envie d'être découvert et écouté.
Intitulé Al Azif, ce premier album est aujourd'hui disponible grâce à l'excellent travail de deux structures solides et compétentes. Antithetic se charge de son côté de la version vinyle double LP ainsi que d'une version CD digipack limitée à seulement 300 exemplaires. Les Acteurs De l'Ombre proposent de leur côté une version CD classique. Pour chacune de ces versions, un artwork différent réalisé par Jeff Grimal est également proposé. Le troisième format? Une version digitale à 3.50€ pour les plus 2.0.
Inspiré très largement par l'univers d'H.P. Lovecraft, The Great Old Ones plonge l'auditeur dans les profondeurs abyssales de la cité de R'lyeh grâce à un Black Metal moderne imprégné d'influences Post Hardcore évidentes. Rien de nouveau en soit puisque pas mal d'autres groupes nous ont déjà fait le coup, à commencer par Wolves In The Throne Room à qui The Great Old Ones fait indiscutablement penser lors des premières écoutes. Une comparaison flatteuse si l'on apprécie la musique des Américains mais qui ne doit pas vous faire oublier que The Great Old Ones est tout de même un peu plus que le pendant Français de ces hippies végétariens vivants reclus dans leur ferme. De fait, l'univers des Bordelais, même s'il a déjà été maintes fois abordés par d'autres groupes dans des styles bien différents, n'est pas tournée vers la nature et les vertes forêts de l'état de Washington mais plutôt vers ces Grands Anciens inquiétants tapis dans quelques sanctuaires mystérieux et attendant patiemment leur heure pour réapparaître à la surface de la Terre. Une immersion totale dans le monde fou et tentaculaire d'un auteur aussi génial que dérangé. Ainsi, tout sur Al Azif fait référence aux écrits de Lovecraft. Du titre de l'album qui est la traduction Arabe donné à ce livre maudit qu'est le Necronomicon, en passant par les paroles en hommages à Cthulhu et la cité engloutie de R'lyeh dans laquelle il repose, tout revendique un lien de parenté avec l'œuvre de l'auteur américain. Les thèmes abordés par le groupe Bordelais sont donc plutôt éloignés de ceux qu'on a l'habitude de retrouver chez des groupes évoluant dans ce registre que l'on qualifiera de Post Black Metal. Une manière évidente de se démarquer du lot en instaurant tour à tour des ambiances aquatiques terrifiantes et des sonorités lumineuses presque divines.
Aujourd'hui, la force de cette scène Post Black Metal c'est d'avoir dès le début pris le parti de s'affranchir de l'essentiel des codes qui caractérisent le Black Metal. Bien sur, on retrouve chez ce jeune groupe de quoi se raccrocher aux branches d'un genre plutôt bien balisé, à commencer par une musique qui n'a jamais sacrifié à la notion d'intensité et de froideur. Mais à l'inverse, les compositions de The Great Old Ones abandonnent toute idée de haine et de malaise au profit d'une terreur insidieuse et rampante souvent ponctuée d'éclaircies dans lesquelles l'espoir semble renaitre. A la croisée des chemins, The Great Old Ones nous embarque dans un voyage fait de points et de contre-points tantôt noirs et suffocants, tantôt aériens et lumineux. Quelques part entre Wolves In The Throne Room, Altar Of Plagues et le Panopticon de Isis. Pour réussir dans cet exercice, le groupe s'est adjoint les services de Cyrille Gachet, l'homme derrière la production du dernier album des Bordelais de Year Of No Light. On comprend ainsi un peu mieux où à voulu en venir The Great Old Ones en refusant de céder à l'appel d'une production trop aseptisée et trop claquante. Au contraire, le travail de Cyril a été de jouer de son talent pour saisir toutes les subtilités de la musique d'Al Azif, donnant ainsi les moyens au groupe d'exprimer librement ses multiples penchants. Car rappelons-le mais derrière The Great Old Ones on retrouve tout de même trois guitaristes et deux chanteurs avec autant de possibilités qu'il peut en découler. Mais loin d'être face à un mur sonique de guitares et de voix, The Great Old Ones se plaît à tapisser sa musique d'ambiances sonores aquatico-aériennes, quelque part entre les profondeurs insondables d'une mer aussi attirante que dangereuse et les constellations d'étoiles ardentes d'un cosmos insaisissable.
Riche, la musique de The Great Old Ones l'est assurément. La qualifier de Black Metal serait donc bien trop réducteur tant les cinq musiciens qui composent ce jeune groupe se sont employés, tout en conservant une cohérence évidente, à s'extirper d'un carcan trop réducteur. Post Hardcore, Post Rock, musique progressive et atmosphérique, Black Metal... Tout cela se retrouve mélangé sur un Al Azif convaincant et faisant preuve d'une extrême maturité si l'on considère l'âge de The Great Old Ones. Et malgré la durée des morceaux qui s'envolent (plus de sept minutes en moyenne), jamais on ne s'ennuie dans un genre qui n'est pourtant pas si évident à maîtriser. The Great Old Ones constitue ainsi une excellente surprise, Française de surcroit. Nul doute que le groupe devrait très rapidement réussir à conquérir un public qui semble de plus en plus friand de ce type de Black Metal pourtant difficile à appréhender et à digérer.
| AxGxB 20 Avril 2012 - 4353 lectures |
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