Slavia - Integrity And Victory
Chronique
Slavia Integrity And Victory
Il y a des albums qui prennent une toute autre tournure selon le contexte qui les entoure. « Intergrity & Victory », le dernier album de Slavia, est de ceux-là. Oui, Jonas Christiansen, le leader du groupe norvégien est mort le dix-sept novembre dernier des suites d’un cancer du colon. Sans verser dans le mélodramatique, j’avais échangé quelque peu avec cet homme qui se révélait être une personne très sympathique, passionnée et offrant volontiers ses conseils. Malgré cette étiquette d’éternel provocateur qui lui collait à la peau, Jonas était quelqu’un d’éminemment respectable dans la scène Black Metal.
J’avais acheté ce disque à la fin août de 2011 et bien évidemment la triste nouvelle n’était pas encore d’actualité, ce qui m’avait fait juger cet opus de la manière la plus objective qui soit. « Integrity & Victory » se posait alors comme un album contenant de bons moments notamment dans les ambiances particulières, et dans les passages plus bruts et directs. Même si cet opus était moins efficace que le précédent disque du groupe, il offrait tout de même une écoute agréable.
Seulement la réalité contextuelle influe finalement assez considérablement sur l’écoute d’un disque et cet opus en est une des preuves. Si l’on prend en compte l’album comme étant un témoignage de la maladie, tout devient plus clair. On comprendra alors sans difficulté pourquoi certains riffs sont désabusés ou pourquoi les passages ambiants sont si sombres et tristes. « Integrity & Victory » prend des allures de testament qu’on le veuille ou non. Alors dans mon cas, comment juger cette production de manière « objective » ? Comment peut-on oublier l’homme qui a mis son cœur et ses angoisses dans sa musique ? Je ne peux pas. Et dans un cas aussi précis, c’est simplement nécessaire pour comprendre un disque de faire attention au contexte qui le cerne.
« Integrity & Victory » s’articule simplement autour de deux titres. Le premier s’intitule donc « Integrity » et fait un peu plus de quinze minutes. Après un cri strident nous voici plongés dans une ambiance orientale retranscrite par un sample du chanteur turc Mercan Dede et son titre « Ab-i Beste ». Une introduction électronique/mystique/ambiancée du plus bel effet qui lance parfaitement le disque et s’embraye fort bien sur l’instant brutal qui apparaîtra par la suite. Après ce passage rudement efficace, c’est au tour de la religion catholique d’en prendre pour son grade avec une mélodie inquiétante mais aussi très triste (et couplée à des sons de cloches). Cette dernière sera suivie d’un deuxième passage purement Black Metal.
Si j’ai décris « Integrity » ce n’est pas uniquement parce que c’est un bon titre, c’est aussi pour dire que Slavia est forcément un groupe qui est là ou on ne l’attend pas. Ce chant oriental en introduction par exemple, bien malin celui qui aurait pu l’anticiper. Il est bon de signaler que les passages Black Metal sont excessivement simples mais exécutés avec une maîtrise et un sens du riff qui fait qu’on y adhère forcément. Malheureusement, on ne pourra pas en dire autant du deuxième titre « Victory » qui (malgré une qualité présente et une architecture relativement similaire au premier titre) est moins bien enchaîné et sonne par moment un peu brouillon.
Il suffit de rajouter à cela un artwork vraiment dans l’esprit « Slavia », alliant les religions à un terrorisme ultra-violent. À ce titre les couronnes de balles qui ornent les têtes saintes sont vraiment des réussites visuelles. Un petit texte en anglais explique aussi le propos de Slavia : La mort n’est pas une finalité, et le monde ne sera que meilleur une fois qu’il sera détruit pour être reconstruit. Un texte que l’on espère réaliste pour le bien de son auteur.
Vous l’aurez compris, cet opus de Slavia n’est pas meilleur que « Strength & Vision » en termes qualitatifs, mais il reste un album honnête qui ravira les amateurs du groupe norvégien. L’intégrité, Jonas l’aura incarnée tout au long de sa vie. Malheureusement, la victoire aura été dans l’autre camp pour cette fois.
See you in Hell, Jonas R. Christiansen.
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