Urfaust pourrait-être incontestablement synonyme de « surprise ». Car vous ne savez jamais à quoi vous attendre pour chacune de leur sortie. Que cela soit au niveau du format ou du contenu, c'est toujours le grand mystère avec l'étonnement au bout. Toujours est-il que le duo néerlandais prend de plus en plus son temps avant de pondre du nouveau matériel qui ait un minimum de consistance. Il leur aura fallu cinq ans avant de délivrer un nouvel EP après leur dernier opus en date
Der freiwillige Bettler, n'offrant que des titres au compte-gouttes sur deux splits et un single. Mais cette attente en valait largement la peine, du moins pour les aficionados du groupe ainsi que les amateurs et amatrices d'ambient. Car si vous n'avez jamais apprécié la musique de IX et VRDRBR,
Apparitions n'arrangera pas les choses ! De même si seules leurs œuvres black atmosphérique lo-fi vous ont plu avec une préférence notamment pour l'EP
Einsiedler et le dernier album : fuyez !
En effet, Urfaust semble faire ici marche arrière, commençant là où il s'était arrêté avec
Geist ist Teufel et sa magnifique outro spatiale, voire même, offrant un digne successeur à l'EP
Drei Rituale jenseits des Kosmos paru en 2008. Car
Apparitions est un petit bijou d'ambient mêlant savamment atmosphères cosmiques et ritualistes, avec toujours ce côté tant inquiétant que torturé dont le groupe à le secret. Néanmoins ˗ comme cela a été dit ˗ IX et VRDRBR ne font pas dans le bis repetita : ainsi ce nouveau mini album est beaucoup plus éclatant, brillant d'une lumière démoniaque dont l'aspect ritualiste est poussé à son paroxysme. En témoignent les deux premiers titres ˗ à l'image de la pochette réalisée par Thorny Throughts Artworks ˗ « The end of genetic circles » et « Apparitions » desquels s'élèvent des volutes de fumée au doux parfum d'Orient. Des touches orientales qui ne sont pas sans rappeler leur single
« Die erste Levitation », sorti en 2013, déjà bien embrumé et empreint de religiosité.
Cependant ce nouvel EP laisse plus entrevoir une secte ou religion secrète et occulte par les ambiances distillées, à la fois entêtantes et dangereuses, parées d'or et de carmin. Des couleurs qui devraient-être étincelantes et vives mais qui restent incroyablement sombres et ternes sur
Apparitions malgré des passages plus aériens et prenants comme l'excellent riff sur « The healer » ˗ seul morceau black metal. Un élément viendra à chaque fois tempérer cet élan et ce côté flamboyant, soit par le chant clair torturé de IX sur « The healer », soit par des nappes de violons aussi angoissantes qu'austères (« The end of genetic circles »), soit par des atmosphères spectrales. Toutefois la production plus propre et puissante ˗ dans la lignée de leurs dernières œuvres ˗ ne fait qu'embellir l'ensemble, l'enveloppant d'une aura singulière. Malgré la nocivité sous-jacente de cet EP, vous êtes comme prisonniers de vos sens, hypnotisés par une musique occulte enivrante avec des chœurs possédés touchant et troublant votre âme.
Une religiosité maline et omnisciente montant crescendo telle une messe noire et se clôturant de façon magistrale sur « The river ». Un long titre fleuve dépassant les 22 minutes et durant lequel vous suivez le grand prêtre tel un drogué, les yeux révulsés, psalmodiant parmi les autres fidèles. Un cortège prend forme et vous vous levez, suivant machinalement le mouvement. Les chœurs s'entremêlent, aussi habités que captivants. Une lente procession s'ensuit à travers le temple menant tout droit vers une sorte de crypte enfouie profondément dans le sol et dont les voix se répercutent contre les parois à la fois étroites et humides. Ce titre très minimaliste tant brumeux que ritualiste renvoie d'ailleurs à
The Process de Sink et en particulier le morceau épuré « The Silence ». De nombreux effets viendront aussi accentuer cet aspect à la fois énigmatique et irréel comme la reverb sur les voix ou encore les touches noise très grésillantes disséminées ici et là.
Urfaust injecte pas mal de nouveauté sur
Apparitions, plus coloré, puissant et hanté, tout en gardant son essence et effectuant par la même un petit flash-back. Une excellente mixture démontrant que IX et VRDRBR aiment jouer avec leur auditorat, le mettre à l'épreuve avec une œuvre encore plus jusqu’au-boutiste. Dans la même veine qu'un
Drei Rituale jenseits des Kosmos ˗ qui avait déjà pas mal partagé ˗ les Néerlandais se replongent dans l'ambient avec brio sortant un EP encore plus travaillé, aussi sinistre qu'élégant.
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