Charon - Sulphur Seraph
Chronique
Charon Sulphur Seraph
(The Archon Principle)
Charon (prononcez karonne pour éviter la dévirilisation) est le fils des Ténèbres (Érèbe) et de la Nuit (Nyx) dans la mythologie grecque. Dieu psychopompe, il conduit les âmes des morts de l'autre côté de l'Achéron, un des fleuves de l'Enfer, en échange d'argent. C'est aussi l'un des satellites de Pluton, planète naine déchue de son statut de planète à part entière en 2006. Mais pour le coup, c'est surtout le nom d'un groupe de death metal allemand. Formé en 1997, Charon va se montrer très peu productif puisqu'il ne sortira que deux démos, un EP et un split avec Hatespawn (qui avait fait équipe avec Dead Congregation en 2008), les deux groupes partageant le même chanteur. Après quinze années d'existence, les Allemands, constitués du duo R.cc./Dthmngr entourés de musiciens de session, livrent enfin leur premier full-length Sulphur Seraph (The Archon Principle) en début d'année sur Sepulchral Voice Records, label underground de qualité (Excoriate, Grave Miasma, Venenum, Necros Christos...).
Même si je ne vous avais pas déjà indiqué le style de la formation, vous n'auriez sans doute pas mis longtemps à le découvrir. Les indices s'accumulent en effet en faveur d'un death metal evil: le nom du groupe, le logo, le titre de l'album, le label et la belle pochette à l'iconographie chrétienne souillée. Je tiens d'ailleurs à souligner que le groupe a soigné son package avec slipcase noir orné du logo du groupe en doré ainsi qu'un chouette livret comportant les paroles également imprimées en doré. Et oui, on peut être evil et classe! Et je dois dire que le titre de l'opus retranscrit à merveille ce qu'on retrouve sur Sulphur Seraph (The Archon Principle): une ambiance sulfureuse. Non seulement grâce une brutalité omniprésente à grands coups de blast-beats dont l'impact se trouve renforcé par une production à la fois massive et agressive, mais aussi par tout un tas de riffs aux mélodies dark forgés dans les fosses les plus profondes de l'Enfer. Sans oublier des paroles blasphématoires comme on les aimes écrites par Scorn de Katharsis. S'y ajoute un côté assez dense et chaotique, avec notamment quelques solos torturés et pas mal de larsens qui servent souvent de transition entre les huit morceaux de ce Sulphur Seraph (The Archon Principle), dont une intro classique issue de l'imagination morbide de Drakh (Katharsis à nouveau) à base de samples de cris de torture et de bruits de chaînes, ainsi qu'une outro instrumentale sombre et atmosphérique à faire pâlir de jalousie Incantation. Mais Charon, si ce n'est l'esprit evil, n'a pas grand chose à voir avec les Américains et développe un son, non pas novateur, mais personnel. Car à leur base death metal sale et méchant, les Teutons accolent des influences thrash (riffs et rythmiques) et black (riffs, atmosphère, vocaux) bienvenues. Le groupe est d'ailleurs qualifié de black/thrash sur Metal-Archives, étiquette que je ne partage pas puisque la musique du duo infernal se veut avant tout death metal. Cela permet en tout cas à la formation d'étoffer sa musique et de se démarquer des combos death old-school habituels. Et s'il y a bien un domaine dans lequel Charon s'émancipe, c'est le chant, où le groupe fait preuve de diversité et de personnalité (growls, shrieks reptiliens, murmures, grondements, cris de douleur, voix grave claire presque parlée..). On saluera donc le travail du versatile Dthmngr qui apporte énormément au son de Charon, à l'instar de Travis Ryan dans Cattle Decapitation (bien que différent, la volonté est la même).
Voilà donc une vraie bonne surprise que ce Sulphur Seraph (The Archon Principle), en cette année 2012 surtout marquée par les déceptions en ce qui me concerne. Point déçu je n'ai été ici, malgré quelques petits défauts comme la durée parfois exagérée de certains morceaux ("Solution... Averse... Tenebrous... Answer: Nothingness" presque 8 minutes, "Flagellum Horribils (Trident Lash)" à 7...) qui ne s'imposait pas. Certains pourront aussi se plaindre de la production peut-être trop propre pour le style. Un son plus raw et bestial aurait effectivement accentué la violence du propos et les influences BM mais la musique de Charon aurait perdu son côté heavy, massif et dense propre au death. Ça me va donc très bien comme ça, d'autant que le combo maîtrise les deux points essentiels du death metal: la brutalité et l'ambiance. Les influences thrash et black contribuent elles à diversifier le son teuton et à le rendre plus personnel, tout comme les vocaux variés aux intonations limite originales. Bref, si vous aimez le metal extrême brutal, evil, old-school, chaotique et sulfureux, Charon s'impose comme une cible de choix. Décidément, l'Allemagne n'en finit pas de nous fournir des putain de bons groupes!
| Keyser 5 Juillet 2012 - 7165 lectures |
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