Ce qu'on réalise assez brutalement lorsqu'on devient parent, c'est à quel point le temps n'est pas extensible. On doit alors faire des choix, laisser certaines choses de côté pour pouvoir continuer les autres, un peu frustrant parfois. Il semblerait pourtant que certains parviennent à défier cette loi universelle, à l'instar d'Andreas Hedlund qui malgré un agenda assez chargé avec Borknagar ces derniers temps, s'offre le luxe de maintenir son activité au sein de différents projets dont le sien. Et la productivité du Suédois est telle que le successeur de
"Solens Rötter" m'a échappé : moi qui pensais que ce "Orkan" rompait un silence de 5 ans d'inactivité, il n'arrive finalement qu'un an à peine après
"Jordpuls". Toutefois, quand on a suivi l'évolution du duo, on ne peut plus vraiment se perdre.
Dans l'esprit, Vintersorg continue sur la lancée du virage opéré 5 ans plus tôt, un retour aux sources, à la nature, aux racines folk qui ont marqué ses débuts et qui semblent plus inspirer son géniteur que ses questionnements existentiels sur le cosmos. Comme le laissait également entrevoir
"Solens Rötter", l'anglais n'a plus sa place ; c'est apparemment le suédois qui correspond le mieux à l'expression de son art. "Orkan" revient néanmoins à une musique moins acoustique, plus dense, plus incisive et inspirée par l'art noir, avec une dimension parfois épique qu'on n'entrevoyait qu'à peine sur les précédentes productions. On se laisse rapidement prendre au piège que nous tend le combo, le titre éponyme disponible peu avant la sortie illustrant parfaitement le groove et l'ambiance que l'album déploie tout au long de ses 50 minutes.
Si musicalement
"Jordpuls" tentait quelques expérimentations d'après ce que j'ai pu en entendre, "Orkan" retrouve le droit chemin et même si le groupe amorce un petit changement de cap, il ne fait en fin de compte, que marcher dans ses propres pas. Pour moi, le style de cette cuvée 2012 n'est qu'une mise en avant du savoir-faire de Vintersorg dans ce qu'il a de plus violent, faisant la part belle aux guitares électriques, en délaissant complètement l'aspect progressif et les fantastiques moments acoustiques qui faisaient aussi le charme de ce projet. Andreas continue de faire des merveilles de sa voix mais son chant, qu'il soit clair ou hargneux, n'est désormais qu'au service de cette ambiance épique. Les claviers de
"Jordpuls" n'ont pas non plus eu gain de cause dans cette aventure : le groupe fait encore marche arrière pour ressortir la panoplie de sa période galactique. Ces derniers ne portent d'ailleurs plus la mélodie et ne servent qu'à renforcer l'atmosphère des compositions. Quant à la production et aux arrangements, ils observent la tendance de l'album : claire et fluide pour la première, réduits au strict minimum pour les seconds afin de ne pas dénaturer le côté *brut* de ce "Orkan".
Vintersorg oblige, de ces 8 pièces, rien n'est à jeter. La qualité est tellement constante ici qu'aucun titre ne se démarque des autres de manière significative, chacun possédant ses propres temps forts. Les préférences varieront probablement avec les affinités ; en ce qui me concerne, j'ai une légère préférence pour "Ur stjärnstoft är vi komna", "Havets nåd" et "Urvädersfången" pour la puissance des lignes de chant clair. Cependant, contrairement à de nombreux confrères, je n'irai pas jusqu'à placer "Orkan" dans les meilleures sorties de l'année. Un bon album, il l'est assurément mais sa linéarité et son absence d'audace m'ont laissé un peu sur ma faim, chose d'autant plus regrettable quand on sait qui se trouve aux commandes. Malgré tout, que cela ne vous arrête pas : il n'y aucun doute à avoir quant au plaisir que le duo a pris pour accoucher de cette oeuvre, et le plaisir que vous aurez en l'écoutant. Ne vous attendez pas à vous prendre une grosse claque, voilà tout.
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