En ce qui me concerne, 2011 n'a pas été riche en coups de coeur. Loin de moi l'idée de penser qu'il s'agissait là d'une année pauvre ; je n'ai probablement pas assez pris le temps de m'informer ou de chercher les bonnes nouveautés, préférant réserver le peu de moments que j'avais pour écouter de la musique à des vieilleries intemporelles. Pourtant, voici un album que j'aurais aimé découvrir l'an dernier. Vintersorg n'est pas un groupe anonyme mais il m'aura fallu la sortie de
"Orkan" pour réaliser qu'il y avait un lien entre ce dernier et
"Solens Rötter", rompant un silence de 4 ans durant lesquels Mr V. s'est investi dans différents projets tels que Cronian ou Borknagar. Cette longue attente n'aura pas été vaine puisque après avoir recentré sa direction musicale en 2007, le duo recommence à prendre quelques risques qui aboutissent à un résultat parfois surprenant... en bien évidemment.
Si
"Solens Rötter" amorçait un virage à 180° comparé à
"The Focusing Blur", "Jordpuls" n'est en rien une révolution dans la mesure où il continue sur la lancée de ce retour aux sources. Hommage à la terre, au fragile équilibre de la nature, la pochette ne saurait être plus explicite quant au propos de cet album, à défaut d'être agréable à regarder (il faut dire que ça n'a jamais été le point fort du groupe). Cette septième offrande marque néanmoins sa différence par une certaine intensité à laquelle ce projet n'était pas si familier, qu'elle soit brute ou plus lumineuse. Tout d'abord, le style des Suédois s'assombrit et transpire un black metal froid et hargneux, à l'instar de l'ouverture "Världsalltets Fanfar" qui n'attendra que 4 secondes avant de vous rentrer dedans, de la reprise à 2'27" sur "Mörk Nebulosa" ou encore des couplets de "Vindögat". Alors même si la violence n'a jamais caractérisé leur musique, la puissance que dégagent ces passages libère une énergie communicative que l'on aimerait entendre durer. Mais le plus souvent, cette intensité est portée par les mélodies, l'osmose parfaite des instruments, le placement du chant qui témoignent d'un minutieux travail de composition et d'un savoir-faire unique. Au bout du compte, malgré quelques passages de moindre qualité, les temps forts sont légions et chaque morceau vous mettra à genou à un moment ou un autre.
Là où
"Solens Rötter" restait à la lisière du bois, "Jordpuls" ose s'enfoncer au coeur de la forêt. Il signe le retour d'un folk metal pur et dur, aussi beau, épique qu'il peut être naïf et un peu kitch si on ne se laisse pas imprégner par l'essence de la musique. Les claviers notamment, manquent toujours autant de crédibilité tout en conférant paradoxalement une touche de magie aux compositions. Ils apportent aussi un peu de fraicheur en créant parfois des ambiances légèrement différentes comme sur "Skogen Sover". Les lignes de chant clair nous renvoient également cette impression d'une véritable ode, une voix mise à nue s'exprimant sans retenue dont la profondeur ne pourra toucher que ceux qui dépasseront leurs aprioris. En ça, ce septième album est loin d'être facile d'accès, beaucoup moins évident en tous cas que son prédécesseur. Et s'il n'est sans doute pas le meilleur manifeste des Suédois, certaines pièces comptent parmi les plus belles composées par le duo telles que "Till Dånet Av Forsar Och Fall", "Skogen Sover" ou "Mörk Nebulosa". Quoiqu'il en soit, ces 46 minutes sont une véritable bouffée d'oxygène, une parenthèse dans un monde sans couleur, un voyage à travers une nature éclatante où l'on prend enfin le temps de regarder autour de soi et de s'émerveiller de choses simples. Un album ressourçant en quelque sorte.
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