FEN, c’est l’histoire d’un groupe anglais qui s’est fait connaître grâce à un premier album très réussi sorti en 2009 :
The Malediction Fields. Tout est allé très vite pour lui puisqu’il a tout de suite été considéré comme l’un des plus prometteurs de sa génération, représentatif d’un nouveau courant alliant black atmosphérique et apports post-rock. Malheureusement il changeait les doses deux ans plus tard avec un deuxième album décevant pour les fans. Il ajoutait bien trop de ces ambiances modernes et perdait ainsi en efficacité. Le black était encore là mais bien trop dillué dans le shoegaze emprunté aux cadors du style. Il n’y avait cependant que peu de reproches à faire sur la forme tant le professionnalisme était flagrant et l’inspiration de bonne facture. Un nouveau public se laissait embarquer, l’ancien espérait que le fusil qui avait glissé de l’épaule reprendrait de la hauteur sur le troisième album. La réponse arrive ainsi deux ans plus tard.
Et le fusil n’est pas du tout revenu a sa place. Celui-ci a au contraire encore plus poursuivi son mouvement. Encore plus que sur
Epoch les guitares claires, les riffs et la batterie à la limite de l’emo (
KYO et
PLEYMO ne sont parfois pas loin) et les vocaux aigus parsèment ce
Dustwalker. Certains penseront que ce n’est pas nouveau et que le premier album était déjà riche en tels éléments mais rappelons-nous que l’équilibre avec des passages plus durs était respecté. Il n’y avait guère que « Colossal Voids » qui laissait éclater son amour pour
ALCEST et trainait la patte. Et bien disons que dès le deuxième titre ("Hands of Dust"),
FEN se lance dans un post-rock rêveur et molasson à l’excès où la gnangnantude est reine. Je ne suis pourtant pas allergique au style, et je rappelle que je suis fan de
SLEEPING PEONIES ou
PETRYCHOR mais il faut tout de même qu’il y ait des sensations pour que l’intérêt soit suscité. Et ici ce n’est pas le cas. 80% du temps, ces 7 titres - plus un bonus - sont trop sereins. Musicalement c’est un hommage aux petites fleurs, aux petits oiseaux, et aux petits écureuils d’un parc féérique imaginaire. Les 20% restants ? Une brise - une tempête dans le meilleur des cas - qui vient faire pencher une petite fleur, frissonner un petit oiseau, cligner des yeux un petit écureuil... La palme revient bien à « Wolf Sun » qui fait plus que loucher vers
ALCEST. Il se sert allègrement et en copie la naïveté et la gaieté puérile jusque dans les vocaux enchanteurs aussi légers qu’un Finesse de Danone.
FEN a pourtant encore des capacités de composition et il le prouve durant les deux uniques bourrasques de son album : la deuxième partie de « Walking the Crowpath » qui propose enfin quelque chose d’actif après tant de passivité, et le premier morceau, « Consequence » qui ressemble beaucoup aux débuts du groupe, plus agressif et marquant. Il est cependant bien mal placé, en ouverture... Pour tromper sur la marchandise l’étourdi qui se contente d’un seul titre pour décider d’un achat ? Le label (le groupe ?) l’a en plus choisi pour la promotion, et donc pour représenter l’album, ce qu’il ne fait absolument pas... Attention donc, le reste est bien plus gentillet, pour ne pas dire soporifique, d’autant que les morceaux sont longs et dépassent inutilement les 10 minutes à 4 reprises.
Alors bien entendu, certains trouveront de la beauté dans la contemplation, certains gémiront que ce groupe a la « sensibilité à fleur de peau »... Personnellement la frontière de la mièvrerie a été franchie et j’ai du mal à saisir à quoi sert ce groupe désormais. Il y a encore moyen de se trouver une personnalité tout en jouant un style à la mode, chose que ne semble pas avoir compris ces Londoniens qui se contentent de bien composer sans innover. Il aurait fallu soit plus de mordant, soit plus de fragilité. Que cela bouge dans un sens ou dans l’autre pour devenir tragique au lieu de se contenter de rester observateur.
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