Cult of Erinyes - A Place To Call My Unknown
Chronique
Cult of Erinyes A Place To Call My Unknown
Avant de coller plus précisément à l'actualité en m'occupant du split avec le groupe turque Zifir, j'ai trouvé qu'il était de bon ton de faire un petit retour sur le premier opus des belges de Cult of Erinyes. Les plus curieux/assidus d'entre vous auront déjà remarqué que c'est notre ami Geisterber qui s'était occupé de la chronique de leur premier EP. Pour tout dire, je dois avouer que le Black Metal en provenance de Belgique m'en avait toujours touché une sans faire bouger l'autre (Oui, même Enthroned...) et que ce fabuleux pays plein de pierres rouges était plutôt une référence en matière de Hardcore. Comprenez donc l'enthousiasme qu'avait suscité en moi cette première démo porteuse d'un univers déjà bien affirmé, notamment au travers de sa sublime pochette...
C'était donc plein de joie que j'avais découvert en 2011 ce « A Place To Call My Unknown », doté lui aussi d'une pochette aguicheuse et de bon goût. Notons aussi que le livret est très bien fourni, ce qui semble démontrer l'attention des membres du groupe pour sortir des objets dignes d'intérêt visuel. J'avais inséré la galette et il était clair que dès la premier écoute, « Call No Truce », le titre d'ouverture de l'album m'avait carrément claqué au mur. D'ailleurs l'album était tellement précis et puissant que je l'avais clairement nommé dans mon petit top personnel de l'année 2011...
Force est de constater que deux ans après, le constat n'a pas changé d'un iota : la recette Cult Of Erinyes est toujours aussi réussie. Un Black Metal sombre, calculé d'une manière chirurgicale tout en laissant une forte place au feeling nécessaire au genre, le tout couplé à des ambiances lourdes mais laissant parfois aussi entrevoir un petit rayon de lumière (« Island »), il n'en faut définitivement pas plus pour faire un disque réussi.
Sans aucun doute, les Belges arrivent à imposer un ritualisme qui – s'il n'est pas forcément original, du fait des samples et des claviers finalement assez courants- a le mérite de savoir s'affirmer au moment opportun. Pour faire simple, le combo maîtrise chaque titre d'une manière qui sent fort le travail acharné et dans les moindres détails. Chaque place a sa chose, et chaque chose a sa place, c'est ainsi que « A Place To Call My Unknown » me semble être construit.
Mais le risque, quand on procède de la sorte, c'est que cet aspect mathématique prenne le dessus sur le feeling des musiciens, en étouffant toute l'émotion. Non, ce n'est pas la cas ici, et la seule chose que Cult Of Erinyes étouffe, c'est bel et bien l'auditeur, notamment grâce à une production lourde et à une caisse claire couillue et clinquante. D'ailleurs la formation prend aussi le soin de glisser dans l'album quelques interludes qui ont le mérite d'instaurer une ambiance chouette (« Permafrost ») et d'alterner judicieusement les émotions présentes dans les différentes compositions. Bref, c'est un premier full-lenght, et on a déjà l'impression que nous avons à faire avec des pros à l'expérience bien rodée...
« A Place To Call My Unknown » n'a pas pris une ride durant ces deux ans, et il conserve son écrasante puissance. Cette dernière est d'ailleurs couplée à un aspect paradoxalement très clair et très mélodique, ce qui forme une spécificité peu commune dans le Black Metal. Une sorte de monolithe sculpté avec application, et agrémenté de nombreuses enluminures. Ce sont ces finesses qui apportent aussi l'originalité au disque : quelques larsens subtilement glissés dans les titres, quelques vocalises suraiguës venant appuyer les démarrages en trombe, un clavier subtil comme sur « Insignificant » ou cette basse bien épurée permettant d'apporter du piquant au moment opportun. Bref, le soin apporté au détail de cette production est tout simplement bluffant... Plus que de la simple technique d'enregistrement, il s'agit ici d'une recherche sonore pour savoir quel couleur donner à l'ensemble : on citera le grain de distorsion des guitares, à mi-chemin en propreté et grésillements typiques du Black Metal.
En conclusion, voici une production ciselée pour être un pur hommage au style qu'est le Black Metal. Incluant tout aussi bien des passages frénétiques que des ambiances glaciales, Cult Of Erinyes propose un Black Metal total, empruntant tout autant à la mélancolique qu'à la violence. Un disque fignolé jusqu'au moindre détail, qui a le mérite de rester prenant et de n'offrir que très peu de temps morts. Même si certains seront sûrement rebutés par cet aspect aussi réglé qu'une horloge Suisse, le jeu en vaut la chandelle.
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