La sortie d'un nouvel album de Mystic Prophecy génère toujours chez moi deux sentiments contradictoires. Ça me rappelle d'abord à quel point le temps passe vite puisque cela fait déjà 7 ans que j'ai découvert les Allemands sur l'excellent
Satanic Curses. Mais ça me fait aussi et surtout plaisir car le groupe produit toujours des œuvres de qualité, même s'ils n'ont pas encore réussi à surpasser
Satanic Curses. Deux ans après le sympathique
Ravenlord, Mystic Prophecy est donc de retour, toujours sur Massacre Records mais épaulé d'un nouveau batteur dénommé Tyronne Silva, avec ce
Killhammer qui me faisait baver rien qu'à la vue de la pochette magnifique.
Mystic Prophecy n'est pas le genre de groupes à changer de style à chaque sortie.
Killhammer ne déroge pas à la règle. On reconnaît ainsi dès les premières secondes du morceau titre le style des Teutons entre heavy et power metal sombre. Sauf que les élans thrash/speed ont quasiment disparu. Seul "Armies Of Hell", un des meilleurs morceaux, et "300 In Blood", après une belle ouverture acoustique suivi d'une lead magnifique, ainsi que quelques intonations vocales plus extrêmes, montrent quelques velléités offensives. Pour le reste, le mid-tempo règne en maître. Un des points qui m'a le plus déçu sur ce nouvel album.
Car oui, pour la première fois, Mystic Prophecy m'a un peu déçu, contredisant mon introduction. Non seulement
Killhammer traîne la patte mais il est aussi en deçà de ce à quoi le groupe nous avait habitué musicalement. Un titre sur deux voire plus transpire le manque d'inspiration, reflété déjà dans leur titre. Mystic Prophecy n'a jamais été le groupe le plus original dans ses titres de morceaux mais des "Killhammer", "Kill The Beast", "Angels Of Fire", "Set The World On Fire" (rien que les répétitions n'annoncent rien de bon...) ou pire "Children Of The Damned (sérieux les gars?) vont tellement loin dans les clichés que ça en devient presque ridicule. Si encore les morceaux pétaient le feu... non vraiment, Mystic Prophecy ne s'est pas trop foulé sur cet album. Niveau riffs, on est ainsi dans le générique total, ni complètement mauvais, ni ultra bandant. On a une petit envie d'headbanguer, c'est plutôt efficace mais il n'y a aucune magie. Heureusement, les solos sauvent la prestation des guitaristes sinon assez plate. Là-dessus, rien à dire. Beau touché, bon feeling, mélodies intéressantes, ils sont la seule vraie réussite de
Killhammer, avec la production claire et puissante exemplaire pour le genre.
Avec le duo Markus Pohl/Constantine, c'est le chanteur Roberto Dimitri Liapakis qui m'a le plus déçu. La réussite des albums précédents, comme tout bon opus de heavy/power, se basait sur de bons riffs énergiques, des mélodies catchies et des lignes de chant entêtantes. Si le frontman reste techniquement irréprochable et trouve encore quelques schémas savoureux pour relever le niveau, son chant n'apporte pas le truc en plus qui aiderait certains morceaux à décoller. Les refrains, en particulier, tombent souvent à l'eau. Pas de "Sacrifice Me" ou de "Demons Blood" pour vous hérisser les poils et vous donner envie de chanter sous la douche. Sa meilleure performance, c'est d'ailleurs sur la reprise finale de "Crazy Train" d'Ozzy Osbourne, une habitude chez le combo d'outre-Rhin. Mais là-aussi, le groupe aurait pu se montrer plus audacieux dans son choix, quand bien même il s'agit d'un très bon morceau.
Après Firewind, au tour d'un autre de mes groupes préférés de heavy/power de me décevoir.
Ravenlord était déjà un peu en-dessous de
Satanic Curses, de
Fireangel ou même de
Vengeance, premier full-length d'une formation qui comptait à l'époque dans ses rangs, rappelons-le, un certain Gus G., sans toutefois être vraiment décevant.
Killhammer, lui déçoit davantage. On ne pourra heureusement pas parler de catastrophe (contrairement au Firewind qui n'en n'est pas loin) car les Bavarois ont suffisamment de talent et d'expérience pour composer un album correct en se limitant au minium syndical mais cette nouvelle page dans l'histoire du groupe ne sera pas celle sur laquelle on reviendra le plus souvent. Pas désagréable, des compositions telles que "Armies Of Hell", "To Hell And Back", "Hate Black", "300 In Blood", "Angels Of Fire", "Warriors Of The Northern Seas" restent même appréciables, mais loin de ce qu'on est en droit d'attendre d'un des leaders de la scène. Clairement en pilotage automatique, Mystic Prophecy nous livre là un album mou et en manque d'inspiration qui fait pâle figure face aux autres offrandes plus burnées de la formation qui réussissait jusque là à se démarquer notamment grâce à de plus grosses couilles. On espère donc une injection rapide de testostérone dès le prochain album pour faire oublier ce petit faux-pas. Pour ceux qui souhaiteraient découvrir le groupe, c'est plutôt vers
Satanic Curses qu'il faudra se pencher pour une meilleure idée de ce dont Mystic Prophecy est capable.
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