Le colosse suisse Disparaged revient piétiner nos pauvres oreilles à l’agonie (un mois d’octobre chargé en sorties extrêmes de qualité !), quatre ans et demi après l’éprouvant (mais si bon)
The Wrath Of God (au line-up identique). Malgré une formation datant de 1999 et trois albums à son actif, le groupe est surtout connu pour avoir dans ses rangs le guitariste du défunt Cataract, Tom Kuzmic. Twilight-Vertrieb ayant arrêté ses activités de label, Disparaged signera chez les jeunes Allemands en pleine ascension d’Aspostasy Records (Deadborn, Spheron, Lay Down Rotten, Maladie…). Comme à leur habitude, Jacob « c’est moi qui ai la plus grosse » Hansen s’occupera évidemment de la puissance de feu sonore. Concernant l’artwork, ce sera le Polonais Xaay (Nile, Behemoth, Evocation…) qui s’en chargera.
Pour ceux ignorant l’existence de Disparaged, étirez-vous pendant l’introduction éponyme, vous pouvez d’ors et déjà mettre votre cerveau en « off » et succomber au ravageur « Depopulate ». Au programme pendant près d’une heure : déferlements de double pédale, nuées de riffs pachydermiques, mélodies accrocheuses disséminées, hurlements modulés virils du guitariste et du bassiste sous la production « Michael Bay » du Hansen Studio. Un death « melting pot » (aux teintes black et thrash/death) écrasant empruntant aussi bien à Panzerchrist qu’à Behemoth ou à Hatesphere. Les cibles sont donc nombreuses. Disparaged reprend ainsi le death peu subtil de
The Wrath Of God mais affûtera ses compositions (des structures, arrangements et riffs plus travaillés) tout en gardant sa force de frappe pilonnant l’auditeur. On retrouvera ainsi des breaks d’une force assez phénoménale (« Flesh Of The Soulless » à 1:34) mais aussi ces mélodies entêtantes parsemées permettant de panser les plaies (l’imparable « Bleed For Me »). Côté ambiance, sur la thématique de la chute de Babylone, Disparaged jouera la carte « orientale ». Relativement discrète mais rajoutant un assaisonnement pas désagréable, je pense au chant de « Flesh of The Soulless » (2:30, digne d’un épisode de Spartacus), « Voice Of Rejection », la Nile « Those Marked By The Beast » ou « Son Of The Ancient » (1:34).
Chose surprenante, le producteur Jacob Hansen fera même une apparition au chant sur l’étonnant « This Aching Heart » (mon morceau préféré). Un aspect power/heavy (très Mercenary), contraste avec le death brutal de Disparaged, qui fonctionnera merveilleusement bien. Le très discret chant féminin de conclusion et l’outro « The Second Charming » enfonçant le clou. Dommage que le groupe n’ait pas osé d’autres expérimentations dans ce genre car comme son prédécesseur, on notera une musique encore trop inégale où se côtoient passages annihilateurs et d’autres assez « bateau » (heureusement la production est là). Efficaces sur le court terme mais trop maintes fois entendus et plutôt « bouche trou ». En tête de liste « The Urge To Kill », « Voice Of Rejection » ou « Bloodloss ». Quelques secondes très « velues » ou un solo majestueux effaceront alors cette baisse de régime (57 minutes dans la besace tout de même). Des soli techniques savoureux sur chaque titre qui démontreront le potentiel énorme mais encore inexploité des guitaristes. On attend plus.
Ne cherchez pas de réelles innovations sur ce
And Babylon Fell, mettez plutôt le volume au maximum pour pouvoir pleinement vous délecter de ce bombardement auditif. Disparaged ne change pas sa recette de death metal « triple couche » bigarré et méchamment burné qui saura plaire à bon nombre. Il ira cela dit peaufiner ses compositions, légèrement moins primaires ici que sur
The Wrath Of God mais encore entachées de quelques longueurs. Pour autant l’efficacité reste de mise. Cataract s’étant éteint en mai dernier, nul doute que Tom Kuzmic pourra se focaliser d’avantage sur Disparaged. L’attente pour le prochain opus devrait être moins longue.
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