Ben moi, je l’aime bien, ce disque. Il n’est pas celui que j’attendais après le frustrant
In The Chapel of the Black Hand – c’est-à-dire la confirmation que le virage forcé de The Wounded Kings finirait par faire oublier l’ancienne mouture menée par George Birch – mais, dans la case du doom occulte à chanteuse,
Consolamentum se débrouille finalement avec quelques honneurs.
Alors, il est clair que cette sous-catégorie porte bien l’appellation – l’abondance de groupes de female fronted doom a clairement galvaudé le charme que pouvait avoir ce type d’exercice pour en faire un pénible lieu commun – et la déception peut aisément se comprendre. En effet, celui qui était autrefois le maître des finesses surannées et monstrueuses paraît ici foncer sans trop faire attention dans l’objectif d’être un gros groupe de doom à gros riffs, gros refrains et grosse ambiance de magie noire grossière. Mais cela ne revient-il pas finalement à reprocher à The Wounded Kings de ne plus être le héros gothique de
The Shadow Over Atlantis alors qu’
In the Chapel of the Black Hand l’avait déjà annoncé ?
Non, moi, je l’aime bien, ce disque. Peut-être est-ce dû à ce que les Anglais m’ont déjà apporté et qui m’oblige à voir les quelques qualités présentes ici, peu importe,
Consolamentum, derrière ses airs de synthèse consensuelle (léger retour des atmosphères funéraires de
Embrace of the Narrow House alliées à la production plus dure et massive de
In the Chapel of the Black Hand) m’emporte suffisamment pour ne pas devenir « l’album de trop » de The Wounded Kings. En premier lieu car Sharie Neyland, bien qu’elle se fasse plus simplement catchy que précédemment, reste une prêtresse de premier ordre. Ses vocalises plus directes, enjôleuses, conservent ce fond menaçant la plaçant, non pas auprès de séductrices hippies comme on a pu trop en rencontrer dans le doom, mais proche de succubes, attirantes et démoniaques. Certes, sa prestation est moins marquante que sur l’œuvre de 2011 où le groupe jouait son va-tout sur sa voix, elle n’en est pas moins une des frontwomen les plus intéressantes de la scène !
Malgré ses travers de doom occulte s’essayant par-ci par-là à groover (on ne se situe pas loin du Black Sabbath de base sur certains plans), ce quatrième album possède une certaine humilité, modestie, voire une indifférence toute anglaise qui continuent de propager le mystère ayant rendu la formation si particulière. Derrière son apparente intention de riffer,
Consolamentum est presque aérien, nuageux, flottant bas comme un spectre d’une tenue autre que ceux trouvables chez un Windhand par exemple. Ce sentiment fait passer les nombreux interludes instrumentaux de justesse (malgré leur tendance à parfois frôler l’inutile, à l’image de « Space Conqueror ») en renforçant leur caractère transparent et enlevé, tout à fait en accord avec les quelques refrains entêtants et longues complaintes des compositions principales (« Lost Bride » et « The Silence », particulièrement accrocheuses).
Bien que ne m’estomaquant plus aujourd’hui comme lors de ses premières lancées, ce nouveau longue-durée possède assez de bonnes choses pour ne pas le laisser définitivement de côté. Malgré tout, pour la deuxième fois, The Wounded Kings sort un album-limite, qui penche du côté du mauvais goût et du banal quand j’y pense à froid mais s’écoute avec plaisir le casque sur les oreilles. Aucun doute que le suivant devra être d’un autre ordre pour faire définitivement oublier le passé des Anglais. Ça devient une nécessité.
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