Dilemme : doit-on féliciter The Wounded Kings pour son nouvel album ou déclarer d’emblée qu’on attendait mieux ? Le groupe revient de loin après le départ de la totalité de ses membres moins Steve Mills, tête pensante qu’on n’imaginait pas retrouver sans l’autre pilier de la musique des rois, le vocaliste George Birch. De fait, l’annonce d’une nouvelle offrande quelque mois après le split avec les crétins de Cough a été une véritable surprise !
Et c’en est une succession que nous offre
In The Chapel Of The Black Hand. Avec un line-up remanié de fond en comble, il est normal de constater que ce The Wounded Kings est différent de celui de
The Shadow Over Atlantis. Pourtant, les changements ne se situent pas tant aux niveaux du style - le riffing de Steve Mills reste inchangé - ou de la section rythmique, le batteur Mike Heath ayant un jeu proche de celui de Nick Collings, que là où on croyait ne pas voir de transformations notables : l’ambiance et le chant. Le bouleversement principal vient de Sharie Neyland, venue supplanter George Birch et occasionnant une entrée des Anglais dans la caste du doom à chanteuse. Bien que la surpopulation de cette catégorie lui donne des airs d’auberge espagnole, inutile d’agrandir la pièce pour laisser place à la prêtresse car dès son arrivée sur « The Cult Of Souls », sa voix menaçante volant au ras du sol redécore les lieux de candélabres mordorés et hosties profanées ne laissant aux autres apprenties de la magie noire que la poudre d’escampette à invoquer. Omniprésente et dominatrice autant que possédée d’un malaise figeant, elle se situe au-delà de l’incantation pour être entièrement apparition, rendant chacune de ses paroles entêtantes à nous en réconcilier avec les mots « hypnotique », « occulte » et « lancinant ». Même les païenneries fleuries de Jex Thoth en ont les miquettes, voyez comme on se sent petit face à telle terreur !
The Wounded Kings quitte l’atmosphère giallo de ses précédents méfaits pour rejoindre le satanisme d’Electric Wizard et son
Black Masses tout en se démarquant par sa frontwoman et une production à l’opposé du vintage. Les souvenirs de la poussière qui marquait l’identité des Anglais font qu’on tique un peu lors des premiers contacts avec ce son poli, cependant, les chœurs et claviers ajoutant du religieux à ce qui en déborde déjà en ressortent avec une netteté montrant que ce choix est le bon. Par contre, impossible désormais de se cacher derrière la fumée, pas que les guitares en eurent besoin auparavant, mais le problème d’
In The Chapel Of The Black Hand s’en trouve mis à jour. En effet, Sharie Neyland intimide tout le monde, ses compagnons compris ! Les mélodies manquent de charisme, l’instrumental « Return Of The Sorcerer », le break ambiant aux huit minutes de « Gates Of Oblivion » ou la première partie de « The Cult Of Souls » s’avérant gentiment patauds sans convaincre. Les moments sont inégaux, ce qui est essentiellement gênant quand on cherche à dépasser le sortilège dont la meneuse use sur nous, le tout emmenant sinon dans une église dont il n’existe pas d’équivalent.
Si l’album laisse un peu sur sa faim en termes de durée (la volonté de ne pas dépasser les quarante-deux minutes au total est malheureusement toujours présente…), c’est surtout ce défaut d’inspiration dans la composition qui empêche cette mouture de devenir l’égal de l’original. En somme, Sharie Neyland (and The Wounded Kings) obsède sur
In The Chapel Of The Black Hand - mais sans trop se fouler et avec une seule carte maîtresse. D’où un petit sept sur dix signifiant le plaisir de ne pas voir disparaître ce qui reste l’une des meilleures formations doom en activité ainsi que l’approbation à cette nouvelle direction promettant des œuvres aussi importantes qu’
Embrace Of The Narrow House à son époque.
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