Extirpation - A Damnation’s Stairway To The Altar Of Failure
Chronique
Extirpation A Damnation’s Stairway To The Altar Of Failure
Une décennie c’est le temps qu’il aura fallu au quatuor milanais pour qu’il fasse enfin parler de lui au-delà de sa région et de son pays natal, car bien qu’ayant déjà deux albums au compteur (sans compter un Split et un EP) on ne peut pas dire que celui-ci soit parvenu jusqu’à nos oreilles. Il faut dire qu’il est resté confiné dans l’underground le plus obscur suite à des signatures sur des labels ultra-confidentiels (les serbes de Grom Records et les italiens de Nightbreaker Productions), qui n’ont pas aidé niveau distribution et à le faire connaître au plus grand nombre. Désormais présent chez les provençaux de Triumph Ov Death on remarque que curieusement (ou logiquement) EXTIRPATION voit enfin la lumière du jour et du public s’approcher de lui, et ce n’est qu’une juste récompense tant il aurait été dommage qu’il ne se fasse pas connaître. Plus mature et mieux produit que ses prédécesseurs ce troisième volet est incontestablement le meilleur réalisé à ce jour par le groupe, qui continue de pratiquer un Black/Thrash bas de plafond et expéditif sans prétendre innover ou renouveler le genre.
Car en à peine plus d’une demi-heure il va majoritairement passer son temps à jouer vite et tabasser le plus fort possible, tout en proposant plus de variété que lors d’un passé récent et cela va sauter aux oreilles dès la fin de la courte introduction nommée « Awakening » (où l’on se croirait plongé dans les vieux films d’horreur de la Hammer, avec ses ambiances inquiétantes et son piano désaccordé). En effet avec le court « Into Disease » (et à la fin avec le tout aussi réussi « …To The Altar Of Failure ») on se retrouve en présence de toute la palette de jeu des transalpins, où les moments explosifs se retrouvent mélangés à d’autres en mid-tempo entrainants et remuants qui donnent envie de headbanguer. D’ailleurs quand le côté thrashisant prend le dessus ce sentiment est encore plus flagrant, preuve en est avec l’excellent « (Inevitable) Sufferance » où ça joue à fond à son début et à sa fin, le milieu étant quant à lui réservé au tabassage dans les règles de l’art. Cela fait mouche également sur le classique et efficace « A Damnation’s Stairway » à l’entrain communicatif et aux passages explosifs particulièrement énervés. Cependant le combo sait aussi ralentir l’allure, et c’est finalement là qu’il est le plus intéressant tant sa musique y prend une ampleur plus sombre et glaciale, à l’image du redoutable « Faith Of The Parasite » qui débute de façon très lente et mélodieuse, porté notamment un solo particulièrement inspiré qui va servir d’introduction à ce morceau, avant que la suite ne soit qu’une succession de brutalité exacerbée. Si sa seconde moitié est moins intéressante que la première on remarque quand même une noirceur inédite jusque-là et surtout parfaitement maîtrisée, chose qui sera encore plus poussée sur le très long « Soul Pact », à l’ouverture et à la conclusion mélancolique et neigeuse. En effet ici les notes se font d’une douceur pas encore entendue jusqu’à présent, pour ouvrir et terminer les débats où se mêlent au milieu parties explosives et remuantes à souhait, et offrir ainsi une composition d’une grande densité qui ne s’essouffle pas malgré sa durée.
Effectivement les gars ont bien compris qu’il ne leur était d’aucune utilité de prolonger leur œuvre de façon inutile, au risque plutôt de provoquer une répétition de certains plans (ce qui arrive néanmoins de façon éparse) tant la simplicité relative de l’écriture a tout ce qu’il faut pour tomber dans ce piège. Pourtant paradoxalement c’est quand ils se veulent être les plus brutaux possibles que l’intérêt général diminue, comme avec « Labyrinth Of Empty Cages » pas mauvais en soi mais qui baisse en attractivité au fur et à mesure de son avancée, tout comme avec « Stasis » trop basique et passe-partout pour captiver en permanence. Malgré ces petites faiblesses il serait dommage de passer à côté de cette sortie à l’énergie indéniable, portée aussi par une production assez crue et frontale totalement adaptée au style proposé. Une fois encore le label sudiste confirme qu’il est un très bon dénicheur de talents et que son catalogue mérite vraiment qu’on y pose une oreille attentive. Alors oui cette nouvelle signature ne changera pas la face du monde mais elle fera tout de même passer un bon moment en permettant de se vider la tête et de se défouler comme il se doit, tant la sincérité et l’envie proposées ici font du bien là où ça passe.
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