Me voilà dans ma troisième année au service de Chris et de l’équipe de Thrasho et, malgré une productivité loin d’être exemplaire, s’il y a un rendez-vous annuel que je n’ai jamais raté c’est bien celui que nous fixe nos amis parisiens de
Devour the Fetus. Certains m’ont d’ailleurs demandé pourquoi je m’accrochais autant à ce petit groupe français qui, bien que sympathique, ne révolutionnait rien et présentait un Brutal Death en rien novateur. A ces énergumènes je ne pouvais que répondre que c’était tout simplement un coup de cœur, que le potentiel de ce groupe est énorme et que…. Mais purée le groove et l’énergie qu’ils balancent quoi ! Je suis même sûr que je ne suis pas le seul à penser que l’EP
Babynception était une très belle offrande dans l’exercice du Brutal/Grind barré, sans prise de tête et sans autre objectif que de nous faire secouer la tête. Ma seule interrogation était d’ailleurs de savoir si le groupe pourrait nous tenir en haleine sur une sortie plus longue. Question à laquelle le groupe a répondu cette année avec son premier full-length
Cook’n'Roll par un oui assourdissant qui résonne encore à mes oreilles.
On retrouve ici tous les éléments qui faisaient la force de
Devour the Fetus sur leurs deux premières sorties, à savoir le groove et la puissance des morceaux, mais on se rend également vite compte que le groupe a gagné en maturité et n’a pas oublié de varier sa musique pour s’adapter au format plus long, enfin pas si long que ça puisque l’album ne dure qu’une demi-heure. Cela se trouve néanmoins être la durée idéale pour du Brutal Death de cette densité, qui plus est quand le groupe en question parvient à accumuler plusieurs bons riffs dans une même chanson, tout en évitant de répéter le même schéma d’un morceau à l’autre. Malgré ce temps de parole relativement court, le groupe parvient toutefois à varier ses propos de façon convaincante. On retrouve tout d’abord des morceaux de Brutal Death ultra classiques mais diablement efficaces tels "I Puked a Fetus" ou "Uterhoven" au riffing typique du groupe et qui auraient très bien pus figurer sur les précédentes sorties du groupe, tant on retrouve ici les mêmes éléments. Mais, heureusement, certains morceaux sont là pour nous montrer que
Devour the Fetus a bel et bien passé un cap avec ce premier essai longue durée. Que ce soit la tuerie monumentale "Maternal Cheesecake" et ses breaks monstrueux, ou la très variée "Ombilical Spaghetti" avec ses passages parfois à la limite du mid-tempo, on s’aperçoit vite que nos frenchies ont réellement gagné en force de composition !
Devour the Fetus change donc logiquement de statut avec ce premier album, passant de celui de petit groupe sympathique à celui de véritable espoir de scène française. On retrouve en effet au sein de
Devour the Fetus tous les éléments inhérents au succès d’un groupe de Brutal Death. Les compositions du groupe sont bien foutues, variées, tantôt rapides et tantôt lourdes et les musiciens possèdent un bagage technique conséquent leur permettant d’interpréter tous ces changements de tempo et ces accélérations dévastatrices. Mention spéciale pour Virgil, qui permet justement au groupe de pousser le tempo très loin et qui doit nullement faire regretter le choix du groupe de remplacer la BAR par un batteur en chair et en os. Enfin la production puissante mais claire dont jouit l’album permet à l’auditeur de s’en mettre plein les oreilles tout en pouvant suivre chacun des instruments, même la basse dont les notes viennent régulièrement nous claquer aux oreilles.
Ajoutez à cela une voix bien mieux contrôlée qu’auparavant et vous vous rendez vite compte que
Devour the Fetus est à seulement deux doigts de réaliser le coup de maître en la matière. Il manque cependant encore un petit quelque chose pour que les franciliens s’imposent en tant que référence sur la scène Brutal Death française. Difficile toutefois de sortir du lot dans ce style qui laisse peu de place à la créativité et à l’originalité, mais la personnalité et l’univers que laissait entrevoir le groupe dans ces deux petites productions précédentes laissaient présager du mieux de ce côté-là. Malheureusement, si le niveau technique et la qualité des compostions sont bel et bien présents et ont même été revus à la hausse, la personnalité du groupe est moins évidente que sur leurs précédentes sorties. On retrouve en effet moins d’intros décalées qui faisaient partie de la force du groupe, ce qui les condamne à jouer exactement sur le même terrain que les autres grosses formations du genre. A part cela on est réellement en présence d’une des grosses révélations de l’année (ou confirmation si vous suiviez déjà le groupe) en Brutal Death. Sans se prendre la tête et en faisant ce qu’ils font de mieux,
Devour the Fetus est donc parvenu à surmonter l’épreuve du premier album avec brio. Il ne reste plus qu’à espérer que nos gaillards continueront à enregistrer des morceaux à l’énergie contagieuse pendant encore un petit moment, et que j’aurais le plaisir de vous en reparler dès l’année prochaine !
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