Nous avions quitté Blood of Kingu, "supergroupe" venu d'Ukraine composé de membres d'Hate Forest et Drudkh, sur un
"Sun in the House of Scorpion" qui m'avait fait forte impression : production massive qui tranchait radicalement avec le "dépouillement" de leur premier essai, artwork somptueux, effort de composition palpable... Et bien entendu, le chant inimitable de Roman Saenko faisaient de cette galette une excellente sortie. Les thématiques mythologiques exploitées par le groupe étaient, en outre, un véritable "plus" qui les faisaient sortir du lot commun. Quatre ans plus tard, "Dark Star on the Right Horn of the Crescent Moon" voit le jour sous la bannière de Season of Mist. Un album que l'on attendait pas, ou plus, car l'annonce de la signature du groupe chez l'écurie française commençait à dater. Pour sa défense, disons que Saenko est devenu relativement actif musicalement ces derniers temps, en ayant participé à Rättenfanger ou en ayant sélectionné les groupes participant à la compilation "One and All, Together, for Home", sortie sur le même label.
Sont-ce le changement d'écurie, l'envie de revenir aux fondamentaux ou la "dispersion" de son frontman qui auront poussé le groupe à suivre une direction musicale pareille ? Blood of Kingu semble vouloir revenir vers quelque chose de plus classique, plus dépouillé... Au risque de sonner comme un album bouclé à la va-vite pour satisfaire les exigences d'un contrat. Une impression désagréable que j'avais déjà eue à l'écoute de l'extrait diffusé par le label, et qui se retrouve renforcée par cet artwork qui ne tient définitivement pas la mesure face à celui du précédent, peinture de l'inimitable Beksinski. "Dark Star on the Right Horn of the Crescent Moon" est un album placé sous le signe de la longueur. Longueur des titres des morceaux, et longueur des morceaux eux-mêmes, sans grandes variations rythmiques ou instrumentales. Je n'attendais pas du groupe qu'il me "surprenne", certes, mais je n'attendais pas non plus qu'il se complaise dans du blast-beat incessant superposé à des samples de percussions.
Musicalement, c'est donc du Black Metal tout ce qu'il y a de plus classique que nous propose le groupe. La batterie tabasse sans discontinuer, que ce soit en blasts ou en pédalage intensif ("Sigil of the Watcher"). Globalement, le jeu de Yuriy Sinitsky se fait beaucoup moins fin que sur
"Sun in the House of Scorpion", où l'on pouvait trouver roulements, jeu sur les cymbales et autres variations de schémas rythmiques. C'est par la voix de Roman Saenko, organe unique, inimitable, effrayante de profondeur que Blood of Kingu arrive à sauver les meubles sur cette dernière offrande : le bonhomme fait d'ailleurs partie des rares choses qui tirent ce disque vers le haut. Point de riffing inspiré dans ces guitares, bien moins puissantes et vectrices d'ambiances que d'habitude, qui ne font que se répandre en tremolo-picking classiques et en plans "monolithiques" aussi peu inspirés que lassants, ou dans cette basse, petit bourdonnement d'arrière-plan censé donner un peu d'épaisseur à un son qui en manque cruellement. On l'entend, c'est déjà ça de pris, me direz-vous.
Car là ou "De Occulta Philosophia" possédait un grain caractéristique des productions ukrainiennes (la caisse claire métallique empruntée à Astrofaes, la "texture" des guitares), où
"Sun in the House of Scorpion" changeait radicalement au profit d'une production massive et imposante, ce dernier album possède un son complètement quelconque. Tout y est désespérément uniforme, de la tonalité de la batterie jusqu'au grain des guitares - ne reste que la basse qui aurait mérité d'être mise un peu plus en avant. Ne crachons pas dans la soupe, le son est objectivement bon. Mais quelle déception quand on garde en mémoire les imposants coups de boutoir du second album, ou l'atmosphère mystique très prenante du premier... Les instrumentations tribales sont globalement très réussies, des chants gutturaux de l'introduction du titre "Crowned Scarlet Moon Is Waiting for Eclipse" jusqu'aux plages plus ambiantes d'un "He Who Is Not to Be Named". "Dark Star on the Right Horn of the Crescent Moon" me fait l'effet d'un pot-pourri dans lequel on aurait mélangé un peu de chaque groupe auquel participe Saenko. Mais le mélange ne prend que rarement, lorsque les instrumentations ethniques et les percussions se mêlent aux riffs peu convaincants et répétitifs au possible. On retrouve un peu de Drudkh dans cette volonté de déployer un feeling, une ambiance, un peu d'Hate Forest pour ces blasts incessants (qui en deviennent énervants, à défaut de véhiculer autant de puissance que le groupe cité plus-haut), et même un peu de Dark Ages sur "Prayer to the Gods of Night" ou "Red Star on the Path of Ea", interludes qui ont le mérite d'être les morceaux les plus convaincant de la galette en matière d'atmosphère.
"Dark Star on the Right Horn of the Crescent Moon" me fait l'effet d'un potentiel un peu gâché. Le génie musical des musiciens transparaît trop peu pour faire de cet album une réelle réussite, surtout au vu des coups de maître précédents. Les ambiances ne sont véhiculées que par les plages atmosphériques et ambiantes, les parties purement Black Metal étant bien trop classiques pour être réellement efficaces. Or, les deux se mélangent trop rarement durant l'album, ou sonnent comme un patchwork sans queue ni tête ("Mother Hydra" et ses chants qui semblent en décalage avec les riffs) qui ne fait pas illusion bien longtemps. Les compositions qui tirent en longueur et l'absence cruelle de variations (même infimes) rendent décevante une sortie qui aurait pu être une synthèse du meilleur des deux albums de Blood of Kingu. Dommage.
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