Doombringer - The Grand Sabbath
Chronique
Doombringer The Grand Sabbath
Ne trouvez-vous pas qu’il est de plus en plus difficile d’avoir un œil et une oreille sur tout ce qui sort aujourd’hui? J’en ai souvent fait les frais, découvrant ainsi de nombreuses petites pépites plusieurs semaines/mois/années après leurs sorties. Mais après tout, ce n’est pas bien grave puisque comme le dit le proverbe: "mieux vaut tard que jamais". Ainsi, ce n’est qu’avec la sortie de son premier album intitulé The Grand Sabbath que j’ai enfin fait la connaissance de Doombringer, obscure formation polonaise née il y a maintenant sept ans suite à l’impulsion de quelques membres de Bestial Raids et Cultes Des Ghoules. Un premier album sorti il y a tout juste quelques semaines sur le fort recommandable Malignant Voices Records (Nuclear War Now ! pour la version LP) qui héberge d’autres formations polonaises telles qu’Infernal War, Fin De Siècle et Medico Peste (ainsi que Kriegsmaschine via la sous division No Solace Records).
Au-delà de ces nombreuses affiliations alléchantes, c’est définitivement l’artwork de Marko Marov aka Vatra I Sumpor qui m’a poussé ici à la découverte. On lui doit déjà quelques travaux intéressants à l’image de Prime Evil Damnation de Bestial Raids, Praying For Absolution d’Embrace Of Thorns, Ordo Servorum Satanae d’Unholy Crucifix ainsi que le très primitif Sacrament Of Blood d’Antichrist. Le mixage et le mastering ont quant à eux été confiés à M. de MGLA/Kriegsmaschine qui suit maintenant Doombringer depuis la sortie de son EP Sevenfold Pestilence en 2012.
Confirmant sans grande surprise à travers sa musique son pays d’origine, Doombringer trace très rapidement un parallèle avec d’autres groupes de la scène polonaise à commencer par Cultes Des Ghoules avec qui il semble partager plus d’un point commun. Bien que l’on puisse parler de Black/Death à l’égard de Doombringer, je serais quand même tenté de rayer la mention Death pour ne garder que la première qui, selon moi, correspond davantage à ce que j’entends à l’écoute de The Grand Sabbath. Car malgré quelques réminiscences pouvant en appeler effectivement au Metal de la Mort (quelques riffs par-ci par-là, des lignes de chant parfois un peu plus profondes voir même quelques éructations growlées...), le reste prend davantage racine dans le Black Metal polonais tel qu’on le connait aujourd’hui à commencer par ce riffing incisif et occulte très proche de celui de Machine (guitariste de Cultes Des Ghoules). Et même si ce dernier se fait moins abrasif et rachitique, il en ressort tout de même une sacrée atmosphère toujours aussi noire et maladive (comme par exemple ce riff sur "The Sleep Of Thanatos"!). Un jeu intense et surtout suffisamment varié pour apporter en plus de ces trémolos sinistres et glacés d’autres sonorités tout aussi prenantes, notamment lorsque le groupe lève le pied au profit de séquences bien plus pesantes.
C’est d’ailleurs l’une des particularités de Doombringer dont la musique se montre assez mixte, cultivant autant l’aspect "atmosphérique" de ses compositions que le côté plus rentre-dedans. Ainsi, loin de foncer tête baissée, les Polonais aiment brouiller les pistes alternant les changements de rythmes au sein d’un même morceau sans pour autant en dénaturer l’impact ou la force. Une alternance de séquences mid-tempo jamais lourdingues mais toujours auréolées de cette atmosphère quasi religieuse (le propos est d’ailleurs beaucoup plus lumineux que celui de Cultes Des Ghoules) et de passages plus rapides où fusent trémolos sordides et blasts aliénants. Le tout sur une trame mélodique discrète mais toujours présente dont on peut d’ailleurs saluer l’efficacité exemplaire, notamment dans la mise en place de ces ambiances malsaines qui ponctuent The Grand Sabbath.
Dans l’impossibilité totale d’affirmer que Mark Of The Devil figure au line-up de Doombringer, il y a néanmoins fort à parier que Medium Mortem s’inspire ici du travail de son compatriote. Car si le résultat n’est pas du même niveau, il faut bien lui reconnaître une certaine faculté à transmettre par la voix son lot d’émotions tordues. Ainsi, Medium Mortem semble faire preuve d’une véritable dévotion à l’égard du Malin à travers un chant habité, capable de changer de tonolité à sa guise et illuminé par quelques accès de démence saisissants ("The Sleep Of Thanatos") ainsi que par quelques passages déclamés religieusement (comme par exemple sur "Nocturnal Assembly" ou "Children Of Moloch"). Medium Mortem est accompagné dans sa tâche par le bassiste Old Coffin Spirit qui, a première vue, vient poser son growl profond de façon bien plus sporadique, apportant à l’ensemble un petit côté encore plus démoniaque.
Bref, l’école polonaise semble se porter comme un charme et ce n’est pas ce premier album de Doombringer qui viendra me contredire. Bien que le groupe n’ait pas l’aura de ces deux entités dont il est a priori issu (Bestial Raids et Cultes Des Ghoules), ce dernier semble chercher à s’en émanciper, empruntant un peu moins à ses aînés au profit d’une musique plus personnelle. Quoi qu’il en soit, les amateurs de Black Metal bien ficelé qui n’ont pas peur des mid-tempo et des ambiances religieuses et inquiétantes ont tout intérêt à jeter une oreille à ce premier album qui révèle bien des qualités.
| AxGxB 22 Décembre 2014 - 1303 lectures |
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