Tellement évident que ce nouvel album de Incinerate allait faire un four! Impossible en effet de s'enflammer pour ce médiocre
Eradicating Terrestrial Species malgré de nombreuses écoutes. Le peu d'espoir avait de toute façon déjà été réduit en cendres lors de la mise en ligne d'extraits ultra décevants. Pourtant, je brûlais d'impatience d'écouter la suite de l'excellent
Anatomize, sept ans après. Mais Incinerate est cuit, qu'on se le dise!
Pourquoi la flamme s'est-elle éteinte? On ne pourra s'empêcher de pointer du doigt le remaniement de line-up. Seul le chanteur Jesse Watson faisait partie de l'aventure
Anatomize, ainsi que le batteur Darren Cesca, alors simple musicien de session. Au revoir le guitariste fondateur-compositeur Scott Ellingboe, sans doute trop occupé avec Brutal Bands qui marchait fort à l'époque. Plus vraiment le cas aujourd'hui puisque le label a disparu de la circulation en laissant tout un tas de fans plumés. Plus question non plus de Erlend Caspersen à la basse, même juste pour le studio. Au lieu de cela, ce sont deux illustres inconnus canadiens qui reprennent le flambeau: Ted Isac à la guitare et Sash Wilczynski à la basse. Finalement, la pochette de Jon Zig était l'unique motif d'espoir avec ce titre,
Eradicating Terrestrial Species, qui promettait un programme alléchant.
Le résultat se montre à la "hauteur" des deux titres mis en ligne sur le Net. Décevant. Très décevant. Le cahier des doléances s'ouvre sur une production plastique, sans puissance. On dirait un groupe jouant de façon mécanique, robotique, sans envie, sans âme. C'était déjà mal barré! Gros foutage de gueule en plus sur la durée de l'album, moins de 30 minutes. Une reprise de "One By One" de Severed Savior se glisse en final et permet à l'opus de dépasser la demi-heure mais celle-ci ne figure pas dans le promo que j'ai reçu. Il ne s'agit de toute façon ni d'une nouvelle composition, ni même d'un morceau d'Incinerate. Si on enlève ensuite les interludes samplés, "The Prophecy" en ouverture (pas trop mal pour poser l'ambiance) et "The Arrival" (dans le même ordre d'idée d'invasion extraterrestre mais bizarrement placé en troisième piste alors qu'il aurait plutôt fallu fusionner avec l'introduction pour éviter de casser le rythme si tôt), puis les intros et autres samples placés dans les titres ("Unable To Ascend", "Cultivation Of Human Offspring" et "The Berserker"), la durée tombe encore plus bas. Comme si cela ne suffisait pas, les Américains ont placé à la fin un réenregistrement inutile de "Fucking The Rotting Nun" issu de leur premier album
Dissecting The Angels. Au final, on se retrouve avec à peine vingt minutes de vraie musique. Après sept ans d'absence, on pouvait attendre davantage de la part du combo qui ne s'est pas vraiment foulé!
Remarquez vu le résultat, ce n'est peut-être pas si mal! Car il n'y a pas que pour la durée minimale de l'opus qu'Incinerate a fait les choses à la va-vite. Si
Anatomize avait transformé le groupe en poids lourd,
Eradicating Terrestrial Species le fait retomber dans l'anonymat et régresser de plus d'une dizaine d'années à l'époque où sortait le très générique
Dissecting The Angels en 2002. Fini le brutal death survitaminé d'
Anatomize, place à un brutal death US des plus banals dont il n'y a pas grand chose à retirer. On sent une grosse baisse de niveau technique, d'intensité et d'inspiration. Influencé par Suffocation, Deeds Of Flesh et surtout Malignancy, Incinerate essaye de mélanger brutal death plus ou moins technique et brutal death slammisant sans qu'aucune de ces deux facettes ne convainque. Les parties soit-disant techniques montrent les limites des musiciens et la plupart des séquences groovy tombent à plat. Il y a bien quelques riffs pas trop mal et quelques grooves attrayants qui font remonter un peu la note mais, dans l'ensemble ça ne vole pas bien haut. Pas de solo pour donner plus d'intérêt aux morceaux, pas de lignes de basse virevoltantes comme Caspersen avait su en poser sur
Anatomize. Darren Cesca, pourtant pas le plus mauvais des batteurs, déçoit également. Même sur les blast-beats, pourtant très nombreux, on a l'impression que c'est joué au ralenti. Un gros côté mollasson accentué à la fois par cette production synthétique et par le chant de Jesse Watson lui aussi en perdition. Le bonhomme grogne sans conviction comme s'il s'emmerdait! Bref, rien n'est fait pour intéresser l'auditeur...
Un constat qui vaut aussi pour le live. J'ai vu la formation au Neurotic Deathfest le mois dernier et elle n'a pas su convaincre malgré les nombreux extraits d'
Anatomize. Comme quoi, quelque chose s'est bien cassé chez ce quatuor complètement cramé.
Eradicating Terrestrial Species enchaîne les poncifs du brutal death US de bas-étage (riffing générique, production plastoc, monotonie, absence d'ambiance, chant rébarbatif, mollesse...). Un album comme il en existe des centaines. Un comble pour un groupe qui avait surpris tout le monde sur un
Anatomize flamboyant. Mais Incinerate n'a plus rien à voir aujourd'hui, tant en termes de musiciens que de niveau de jeu, malgré un style comparable. Il va falloir remettre le bleu de chauffe, si tant est que ce line-up est capable de faire mieux! Heureusement que Comatose Music a su nous sortir des choses plus intéressantes, quoique le combo a bien trouvé sa place chez le label américain si l'on se réfère juste à son nom. Incinerate se trouve désormais dans un coma profond et ce
Eradicating Terrestrial Species fait figure d'argument béton pour l'euthanasie.
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