Tysondog - Cry Havoc
Chronique
Tysondog Cry Havoc
Tysondog fait partie de ces innombrables seconds couteaux engendrés par la NWOBHM au début des années 1980. Le genre de combos que les amateurs éclairés de cette scène se font un plaisir de ressortir pour briller en société. Niveau formations obscures de la NWOBHM, il y a toutefois bien plus underground que Tysondog, même si ce nom ne doit pas dire grand chose à beaucoup, même ceux appréciant un tant soit peu le heavy metal. Le quintette formé en 1983 et originaire de la même ville que Satan, Newcastle, a en effet sorti deux full-length reconnus sous la bannière Neat Records (Jaguar, Cloven Hoof, Blitzkrieg, Raven, Venom, Fist, Deaf Dealer...), un premier en 1984, le très bon Beware Of The Dog dans la pure tradition NWOBHM, et un deuxième plus speed pour coller à l'époque, le fort appréciable Crimes Of Insanity (1986). Les Anglais splittent l'année suivante pour se reformer plus de 20 ans après, en 2008. À noter que Russ Tippins, guitariste de Satan, y prend part jusqu'en 2009. En 2012, Tysondog commet l'irréparable en sortant Hammerhead 2012, EP 4-titres de réenregistrement de classiques. Un blasphème qui m'insupporte au plus haut point. Et finalement, un nouveau full-length débarque en avril dernier chez les peu connus Rocksector Records (qui ont tout de même sorti les derniers Tygers Of Pan Tang et Avenger), preuve que cette reformation ne déclenche pas vraiment les passions. Cry Havoc comprend pourtant trois membres originels du groupe, le guitariste Paul Burdis, le bassiste Kevin Wynn et le chanteur Clutch Carruthers qui revient en 2010 à la place du guitariste/vocaliste Alan Hunter, pourtant un des musiciens fondateurs. Les trois compères sont assistés de Steve Morrison à la deuxième guitare et du batteur Phil Brewis (ex-Blitzkrieg, ex-live pour Satan). Voilà, vous savez tout!
Et si vous suivez bien, que vous avez lu mon report du Very 'Eavy où j'avais vu Tysondog en avril dernier, vous devez aussi savoir ce que je pense de ce Cry Havoc. On ne va pas y aller par quatre chemins. Ce comeback de Tysondog est tout simplement raté, d'une médiocrité surprenante pour un combo qui a su pondre deux très bons albums dans les années 1980. Il faut croire que le temps a sur certains un effet négatif. Tout le monde ne peut pas faire un retour aussi passionnant que Satan, même en venant de la même ville. Qu'est-ce qui ne va pas alors? Déjà, la pochette est moche. Vraiment moche. Pas le moche des années 1980 de Beware Of The Dog et Crimes Of Insanity qui a son charme. Mais s'il n'y avait que ça! Cry Havoc se montre dans l'ensemble très peu inspiré, d'une platitude assez incroyable et d'une mollesse décourageante, même quand Tysondog accélère un peu ou appuie davantage ses mid-tempos très majoritaires. Le chant de Clutch Carruthers, qui on l'entend bien a pris de l'âge, se fait plus éraillé, plus rauque, plus "viril" (c'était déjà le cas sur Crimes Of Insanity par rapport à Beware Of The Dog mais la différence est ici bien plus flagrante) ce qui aurait pu être une bonne chose dans un esprit à la Accept mais le bonhomme peine à trouver des mélodies accrocheuses ou des rythmes intéressants. Que ce soit sur les couplets ou les refrains, le frontman ne convainc que trop peu souvent. Un manque d'accroche, de panache, de charisme et d'inspiration qui se retrouve encore plus dans les riffs. Mon Satan que le riffing est pauvre! On reste dans le heavy metal, forcément old-school, mais un heavy metal très épuré, très simpliste, qui ne décolle jamais. La faute à des musiciens qui n'ont plus grand chose à dire même si Tysondog essaye d'incorporer quelques sonorités plus modernes dans son style à l'ancienne, comme quelques rythmiques saccadées, pas vraiment une réussite, ou un peu de dissonances, mieux gérées. Clairement, on s'ennuie à l'écoute de ce Cry Havoc. D'autant que les vieux groupes ont cette tendance à parler pour ne rien dire en pondant des morceaux et des albums trop longs. Les titres de Cry Havoc tournent ainsi tous aux alentours des cinq minutes pour un opus qui atteint l'heure de jeu.
Croyez donc bien que les premières écoutes furent assez laborieuses. Elles continuent de l'être d'ailleurs. Le niveau est tellement inférieur à celui des deux premiers disques! Heureusement, on finit par trouver quelques motifs de satisfaction ou plutôt de moindre déception. Si les riffs ne resteront pas dans les annales, les guitaristes montrent un meilleur visage sur les solos, dans l'ensemble de qualité. Rien d'extraordinaire mais on y trouve davantage d'idées et de mélodies appréciables. La basse, également, arrive à tirer son épingle du jeu grâce à un mix avantageux. Ça groove bien! Il est aussi aisé de trouver les meilleurs morceaux. Cry Havoc débute d'ailleurs pas trop mal avec un morceau-titre pêchu qui, a défaut d'être vraiment génial et mémorable, se montre suffisamment efficace. "Shadows Of The Beast" se démarque aussi grâce à du groove, une bonne efficacité et un jeu plus varié, suivi par un "Into The Void" sympathique, qui, malgré des couplets bofs et quelques riffs tellement cons qu'on dirait du néo, fait le boulot grâce notamment à un bon jeu de guitares autour du riff principal. "Broken" est le dernier bon titre de l'album, dans un genre plus ballade. C'est sur cette piste, qui s'ouvre et se clôt sur de l'acoustique et des arpèges, que Clutch Carruthers s'avère le plus convaincant. On ressent enfin un peu d'émotion grâce à des paroles poignantes qui dégagent quelque chose. "Parasite" en début d'album aurait pu figurer dans la liste de par un riff principal percutant et des atours plus mélodiques, notamment sur le chant du refrain, mais les défauts habituels gâchent la fête. Pareil pour le titre de clôture, "Addiction", qui propose quelques bons trucs, un petit côté thrashy incisif en particulier, mais qui n'arrive pas à se libérer de ses travers. Pour le reste, ce n'est pas vraiment la joie. Des compos comme "The Needle", "Nemesis", "Playing With Fire", "Cold As Ice" ou encore "Crash And Burn" (malgré un riff pas trop mal sur le refrain) se révèlent des plus faibles.
Il ne fallait pas s'attendre à un nouveau petit classique mais on avait tout de même le droit d'espérer autre chose! Cry Havoc est ainsi une grosse déception de la part de Tysondog qui nous avait habitué à beaucoup mieux. Le temps a été sans pitié avec les Anglais qui signent ici un album anecdotique, insignifiant. Un disque sec et sans vie qui manque cruellement d'inspiration malgré quelques bonnes choses ici ou là malheureusement noyées dans le marasme ambiant. Un marasme d'une plombe en plus! Après, cela reste du heavy metal. Un genre qui a l'avantage, même quand il se trouve dépourvu de génie, de rester relativement écoutable contrairement à d'autres styles plus extrêmes qui deviennent vite pénibles si le talent n'est pas au rendez-vous. Reste que Cry Havoc est à éviter, sauf pour les amateurs du groupe qui veulent s'assurer que je ne dis pas de conneries. Pour les autres, ne tirez pas non plus un trait sur Tysondog, dont je ne peux que recommander Beware Of The Dog et Crimes Of Insanity, d'une tout autre stature.
| Keyser 7 Juin 2015 - 546 lectures |
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