Revoilà Cloven Hoof trois ans après le fort sympathique
Resist Or Serve qui m'avait rappelé au bon souvenir des Anglais. Même si la bande de Lee Payne, seul rescapé du line-up originel, n'a jamais connu un succès retentissant, elle fait partie de ces innombrables combos talentueux de la NWOBHM des années 1980 restés injustement dans l'ombre des superstars Iron Maiden, Judas Priest et autres Saxon. Le trio culte
Cloven Hoof /
Dominator /
A Sultan's Ransom vaut pourtant son pesant de cacahuètes, parmi ce qui s'est fait de mieux dans le genre. Réentendre Cloven Hoof à un bon niveau sur
Resist Or Serve en 2014 m'avait alors comblé de joie. Il était donc intéressant de voir si Cloven Hoof pouvait rester au top sur la suite. Et cette suite, c'est ce
Who Mourns For The Morning Star? sorti au printemps chez le label heavy du moment High Roller Records. J'avoue toutefois que la pochette assez laide et clichée ne donne pas très envie, ressemblant aux covers récentes dégueulasses de Judas Priest. Je suis également déçu par le départ du jeune Joe Whelan de The Voice qui avait su apporter la fougue de sa jeunesse et un peu de classe parmi ces quinquagénaires pas épargnés par les années. C'est un certain George Call, dont le fait d'armes le plus connu reste son passage de deux années chez Omen, qui le remplace. La moyenne d'âge remonte! Le groupe voit en plus l'arrivée d'un nouveau batteur, Danny White, membre entre autres des obscurs Aska et Violent Storm dans lesquels jouent également le nouveau frontman et qui a lui aussi été dans Omen ainsi que Phantom-X. Enfin, Cloven Hoof a opéré un troisième changement avec l'arrivée d'un autre guitariste en la personne de Luke Hatton, 23 ans au compteur. Voilà que la moyenne d'âge redescend à nouveau!
La déception de ne plus voir le talentueux Whelan s'est vite estompée à l'écoute de ce
Who Mourns For The Morning Star?. George Call se révèle en effet un choix judicieux tant son timbre varié et mélodieux sied à merveille aux compositions. Aussi à l'aise dans des registres énervés que plus calmes, avec aussi quelques spoken words tout au long de l'opus pour l'ambiance qui se veut assez sombre, et pouvant monter aisément dans les aigus, ce qu'il ne se gênera pas de faire à maintes reprises, il n'a pas mis longtemps à me convaincre de son talent, même si je regretterai toujours le grand Russ North, le meilleur chanteur qu'ait connu le groupe d'outre-Manche. On pourra par contre tiquer sur les dédoublements/superpositions de lignes de chant un peu trop fréquents ou les brèves apparitions de chant féminin discrètes mais dispensables sur "I Talk To The Dead". Derrière, les morceaux tiennent également la route. Dans la lignée de
Resist Or Serve, le nouveau disque des Britanniques nous offre un heavy metal aux accents power et à l'esprit ancré dans les années 1980 mais qui sonne moderne, dans le bon sens du terme. Ceci grâce notamment à une production claire et puissante qui met bien en valeur tous les participants et donne le peps nécessaire à la pleine appréciation de l'œuvre. Cela dit, la qualité d'écriture suffisait déjà. Cloven Hoof ne change pas le game, ne vous attendez donc pas à quoi que ce soit de nouveau ou d'original. On reste dans le heavy ultra classique sans prise de risque. Attendez-vous par contre à passer un très bon moment en compagnie de ce septième full-length du quintette. Ça reste très balisé certes mais ça n'empêche pas Cloven Hoof de s'en sortir avec brio grâce à des titres réunissant tout ce que l'on aime dans le heavy metal. À commencer par des bonnes lignes de chant avec quelques refrains catchy (même si on a entendu bien mieux en la matière) comme ceux du premier morceau bien pêchu "Star Rider" (un clin d'œil à "Astral Rider" qui ouvrait
A Sultan's Ransom?) , de "Neon Angels", morceau à la fois beau et très hard rock, de "Time To Burn" la meilleure piste et la plus speed, de la power-ballade "Morning Star" ou encore du titre de fin "Bannockburn" qui clôt l'album sur une note épique convaincante malgré le plagiat flagrant de Iron Maiden. On dirait vraiment un refrain piqué à Bruce Dickinson sur les dernières sorties de la Vierge de Fer, sans parler de l'intro en son clair qui transpire la troupe d'Eddy par tous les pores! Dans le genre "ça me rappelle quelque chose", les lignes
on your knees de "Time To Burn" reprises aussi sur "Go Tell The Spartians" me font penser à chaque fois au fameux morceau de W.A.S.P. Niveau guitares, il n'y a pas non plus à se plaindre. La paire Chris Coss / Luke Hatton se montre ainsi fort inspirée, notamment en ce qui concerne les mélodies dont regorge
Who Mourns For The Morning Star?. Vous y trouverez entre autres un bon paquet de solos bien branlés (à partir de 2'20 sur "Time To Burn" c'est à tomber!), nous gratifiant à la fois d'une belle technique (ça sweepe propre!) et d'un feeling mélodique des plus savoureux. Quant aux riffs, même s'il n'y a pas de quoi crier au génie vu le classicisme de la chose, les mecs ne se foutent pas non plus de notre gueule. Le côté très mélodique de la guitare lead est contre-balancé par le riffing percutant et agressif de la rythmique, souvent en mid-tempo mais qui n'hésite pas non plus à accélérer histoire de varier un peu les plaisirs et augmenter encore davantage l'efficacité.
De quoi coller la banane à tous les fans de heavy metal. Bon ok rien de neuf, même un peu d'emprunts et d'auto-repompe. Mais quand c'est fait aussi bien, pourquoi cracher dans la soupe? Ça fait plaisir de voir ces vétérans capables de sortir un album aussi solide et inspiré. Il y a juste un petit coup de moins bien vers la fin alors que le disque enchaînait jusque-là les bons points. "Mindmaster" n'est en effet pas ce que la formation a fait de mieux, voulant trop appuyer sur le côté bourrin simpliste moderne au détriment de la mélodie. Le solo à partir de 2'56 relève par contre bien le niveau. "Go Tell The Spartians" qui suit ne fera pas non plus partie des meilleurs morceaux de la discographie de Cloven Hoof. Même s'il sonne très
A Sultan's Ransom, il n'en atteint pas la qualité. La lead entraînante vers 3'50 rappelle aussi fortement "Tribute To A Mad Man" sur le génialissime
Journey Into Fear de Deaf Dealer et là non plus la comparaison ne lui est pas favorable. Mais personne n'est parfait! Ce
Who Mourns For The Morning Star? me convient comme il est, offrant tout ce qu'on peut souhaiter d'un bon album de heavy metal, du chant prenant aux riffs efficaces en passant par des solos mélodiques délectables. Je connais des vieux qui seraient bien contents de pouvoir encore sortir un tel album. Même des groupes plus récents d'ailleurs! Tout ça me met bien l'eau à la bouche en attendant de les voir en première partie de Riot en Belgique à la fin du mois. Vivement! Enfin pas trop non plus parce que ce sera la fin des vacances...snif!
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