Caterva Runa - Europa Nostra

[ A propos de cette chronique ]

Oh purée, la déception devant ce premier album de CATERVA RUNA ! Je m’attendais à mieux ! Pourtant je ne connaissais absolument pas la formation, normal puisqu’il s’agit de son premier album, mais en voyant le lineup je m’attendais à quelque chose de plus... correct. D’autant que c’est Darker Than Black qui le sort. Il ne signe pas n’importe quel pignouf normalement.

Pourquoi le lineup m’a trompé ? Parce que si ce groupe existe sous ce nom depuis 2013, il est en fait la continuité de HASSERBEN, entité passée chez le très respectable label D.U.K.E. et qui sévissait depuis 2004. En 2009 il y avait déjà eu une sorte de scission avec deux membres (Anti et Nokturn) qui avaient préféré se consacrer à AUTARCIE et qui ont bien fait. Et avec le changement de patronyme c’est le vocaliste qui est passé à la trappe. Tant pis, il pourra se concentrer sur son autre groupe, MALEVOLENTIA. Quelques départs avant la création de CATERVA RUNA, passons maintenant aux fidèles. Il reste trois HASSERBEN. Skogsvandrer, remarquable bourreau des fûts qui joue en live pour son ami danois Ynleborgaz (ANGANTYR, MAKE A CHANGE... KILL YOURSELF). Puis Dagon, le frère de Nokturn. Sauf qu’il a décidé de lâcher sa guitare pour devenir chanteur. On en reparle plus tard, mais il aurait dû s’abstenir. Et enfin il y a encore Désolation, guitariste lumineux qui brille de par ses soli ici encore.

Mais ces trois anciens HASSERBEN ne sont pas seuls, ils ont été rejoints par deux visages connus : Draugr qui a fait le chemin inverse de Nokturn puisque ce guitariste rythmique a commencé par AUTARCIE pour passer à CATERVA RUNA. Et Balkor, un nom qui dit quelque chose aux amateurs de black français puisque le bassiste se trouve aussi chez HALSFANG, PESTIFERUM et surtout MOURNING FOREST.

Voilà. Cinq membres. Et certains noms de groupes qui m’ont fait croire que Europa Nostra allait me faire du bien : ANGANTYR, AUTARCIE, MOURNING FOREST... Mais après avoir écouté l’album ce sont plus HALSFANG et PESTIFERUM qui sont venus à l’esprit, auxquels on peut ajouter BREIZH OCCULT, HAERES ou CHASSE-GALERIE. Des formations qui souffrent avant tout de leur linéarité rageante, de leur incapacité à nous enflammer malgré des possibilités évidentes. CATERVA RUNA a encore plus de qualité, mais semble avoir moins d’ambitions. Le travail abattu est sincère et techniquement costaud, le batteur est juste, le guitariste balance des riffs tueurs, le bassiste ne fait pas de la figuration... Mais la sauce a tellement de mal à prendre...

D’abord c’est à cause du son. J’aime le raw, j’aime l’underground mais il arrive que cela ne serve pas la musique. C’est le cas ici. L’agencement est maladroit et tire chaque instrument vers le bas. Une meilleure production aurait sans nul doute mis en valeur les bonnes parties. Je le répète, le guitariste lead est irréprochable ! Ce qui n’est pas le cas du chanteur, le principal problème du groupe. Qu’est-ce qu’il plombe l’ambiance le bonhomme ! Sincèrement, Dagon n’est pas dans son rôle. J’ai du mal à imaginer que certains apprécient son chant. Franchement, il s’égosille mais sans transmettre quoi que ce soit... Alors s’il nous lit, je lui fais une demande :

« Dagon... Je serai incapable de chanter. Je ne donne pas un avis en tant que technicien, qu’artiste ou que professeur. C’est en tant que fan de musique, en tant qu’auditeur amateur de black. Je trouve ton chant désagréable et dénué de toute sensation. Une exemple ; la façon que tu as de mettre l’accent sur chaque rime en insistant bien comme si cette syllabe finale était cruciale :

« Le jour de la vengeance a soNNE !
Le sang des impurs va couLER !
Il est temps qu’éclate la réVOLTE !
Contre les ennemis de l’EuROPE ! »

Cette intonation braillarde est du plus mauvais effet... Et il y a ces paroles criées trop systématiquement, lancées comme un rot grossier après le repas et malheureusement bien ringardes...

« La ferveur Païenne ! »

« Europa Nostra ! »

Tu prends trop de place et, hum, gâches les bons passages musicaux... Les musiciens qui t’accompagnent ont du talent, pourquoi ne pas être aussi exigeant concernant le chant ? Dagon, ne chante plus... »

Ce n’est pas facile de passer outre ce chant, mais comme d’habitude, le nombre d’écoutes a tendance à atténuer la souffrance. C’est ainsi que je me suis retrouvé à mieux savourer ces 36 minutes, principalement les riffs déments entre deux cris de cochon égorgé sur « Europa Nostra », mais aussi la très bonne intro et l’entrain d’ « Empiricide » - de loin le meilleur titre de l’album. « Aux Armes » est lui aussi accompagné de superbes lignes de guitares, trop au fond malheureusement...

Le black est poisseux, crasseux et surmonté de mélodies entrainantes. On y sent un goût à la SALE FREUX, mais la thématique est portée sur l’Europe païenne ancestrale. Ils vivent pour leur trip d’ailleurs, précisant à la fin du livret que le groupe « exhorte à la destruction de tous les ennemis de l’Europe païenne ancestrale ». Moui... bon, pourquoi pas en fait, même si c’est un programme qui va prendre un peu de temps, hein... Les paroles des 7 titres sont d’ailleurs très explétives dans leur genre. Ceux qui se plaignent de l’aspect politique dans la musique vont trouver de quoi hurler. Un seul exemple ? J’hésite entre le passage sur les « religions du désert », les utilisations de personnages historiques de la deuxième guerre et le dernier morceau qui ne s’appelle pas « LVF » pour rien. C’est bien entendu pour « Les volontaires français ». Ce titre a par contre de bonnes résonances musicales et se glisse bien entre AUTARCIE, BAISE MA HACHE et aussi PESTE NOIRE. Oui, c'est un frère d'armes

J’ai commencé cette chro par un point de vue négatif, mais finalement je reconnais bien quelques avantages. Il y a effectivement du plaisir distillé ça et là, mais je rappelle que les défauts son chers... Le pire venant sans nul doute de la reprise du chant militaire nationaliste « Les Chacals ». Déjà que l’original est pas jojo, ici on sent plus l’hommage pour un contenu que pour la musique en elle-même.



Un autre groupe français en avait déjà fait une reprise d’ailleurs, en 2006 : NAASTRAND et son Chant d’Europe. C’était mieux tourné, mais toujours douteux !



Au final, le groupe se plante à cause de quelques éléments qui sautent aux oreilles, mais si l’on en fait abstraction, on remarque d’évidents points forts. Il y a donc un potentiel ? On espère avant tout que le chanteur changera pour la suite. S’il y a une suite en fait, car deux membres ont quitté le navire depuis l’enregistrement de l’album : Désolation et Balkor...

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