The Body / Krieg - The Body & Krieg
Chronique
The Body / Krieg The Body & Krieg (Coll.)
Si vous m'aviez dit à l'époque de la découverte de cette collaboration qu'elle serait sanctionnée par mes soins d'un fade « six sur dix », nul doute que je vous aurais ri au nez. Il faut dire que j'attendais beaucoup de cette alliance entre le duo de The Body (dont la capacité à se fondre dans un autre projet n'est plus à prouver, cf. ses travaux avec Thou) et le one-man band Krieg, certes peu apprécié de mon côté mais possédant une étrangeté proche des réalisations de Wrest que j'espérais voir se révéler pleinement ici.
Et les premières écoutes ont totalement comblé mes attentes ! Cette réunion sans titre contient sur disque exactement ce qu'elle promet sur papier : une mixture industrielle fricotant avec un black metal décharné et fortement noise. Composés dans cette optique (Chip King et Lee Buford se chargeant majoritairement de l'artillerie tandis que Neill Jameson agrémente l'ensemble d'une voix matraquée et d'une guitare acoustique recevant un traitement similaire par des pédales d'effets), ces huit morceaux foncent dès l'arrivée de leur chef de file (« Bottom of the Bottle, Bottom of the River ») dans l'orgie BDSM synthétique, façon Videodrome à l'ère digitale. Minimal dans ses mélodies, maximal dans ses attaques harsh, le mutant choisit souvent l'abrutissement comme langage, tout en sachant varier son propos, prenant ici ou là des atours froids et tragiques rappelant les grandes heures de Lurker of Chalice (« Never Worth Your Name »). Malgré des moments méritant l'A.O.C. « black metal dépressif », il n'est pas étonnant que notre petit amateur de panda à nous ait fait un Sakrifiss lorsqu'il a été question de chroniquer cet essai, préférant le réserver à un sale wanabe fan des rythmiques en kit type Author & Punisher : molester, torturer et percer sont les mots d'ordre ici, ces trente-sept minutes souhaitant, à quelques pauses près, rendre l'expérience physique et masochiste. The Body ist Krieg.
…Je me serais sans aucun remord arrêté là, si le temps n'avait pas fait son œuvre. Car derrière l'envie de cuir et fouet se cache une autre volonté, appréciable au départ, de transformer ces séances en musique abordable pour les petits et grands, familiers des supplices de la roue comme simples passants intrigués. Format des titres court, production explosive et ambiance de spectacle assumée (« Le clou final » ne trompe pas) finissent par lasser d'entendre ces trois bourreaux hésiter entre pornographie déviante et démonstration où personne ne meurt à la fin, pliage des corps et appel aux signes de tête, basane et velours pour rendre la chose moins ardue à assimiler... Une impression de « pas assez » tenace, laissant extrêmement frustré d'un disque qui, jusqu'à sa durée, s'inscrit comme un plaisir express et, en conclusion, oubliable.
Aussi bien faite que protocolaire, cette collaboration entre The Body et Krieg tient jusqu'au bout ses allures de trip moderne, tel un GIF de violence hypnotisant quelques temps avant de se perdre dans le flux d'actualités. À classer avec les expérimentations mineures du duo donc, à l'image de ses travaux trop superficiels avec The Haxan Cloak sur I Shall Die Here. Dommage, tant une composition comme « Never Worth Your Name » laisse penser qu'il lui manque peu pour pousser à aller le voir contre toutes raisons apparentes, encore et encore.
| lkea 10 Février 2016 - 902 lectures |
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