The Body / Braveyoung - Nothing Passes
Chronique
The Body / Braveyoung Nothing Passes (Coll.)
Apparemment, Cassiopée n’a pas réglé tous ces comptes avec les sirènes de Poséidon. Celle qui voulait disputer aux nymphes des mers la suprématie de leur beauté revient de sa constellation réclamer vengeance avec comme témoins, les membres de The Body et Braveyoung.
Ces habitués du reportage de guerre s’unissent sur Nothing Passes, une collaboration naturelle pour deux formations ayant partagé une tournée commune ainsi que les services de la chorale The Assembly Of Light Choir. En naissent quatre morceaux publiés par le label At A Loss afin de ne pas oublier ce combat aussi cru que mythologique. Les nombreux locataires travaillant à retranscrire les chocs et pleurs des Néréides-victimes ne trompent pas : tout est habité, empli de désolation bombardée et délicatesse ornementale, Sunn O))) qui aurait fricoté avec des chœurs Danny Elfman-iens sadiques donnant une signification nouvelle et peu engageante aux ciseaux d’Edward aux mains d’argent.
A l’image du nœud marin servant de pochette, tous se mélangent et parlent d’une même voix. La seule impression à retenir est cette progression dans l’horreur relevant de l’histoire mise en musique. Dès le démarrage de « One », on se trouve en caméra embarquée, guitares remuantes et hors-champ glauques suggérés par le ballotement de violons obligeant à monter le volume pour laisser entrer la violence guidant l’empilement. « Two » débute dans un calme dérangé par des larsens évoquant le bruit des mouches en vol, celui qui prend et accable l’oreille (mais sans le côté énervant, ouf !), auxquels succèdent xylophone, batterie martiale et voix célestes configuration « châtiment ». L’enchevêtrement est sanguin et monumental – notamment lors de ce final hurlé qui détruit en un passage ce que le post-hardcore des dernières années a pu créer de montées apocalyptiques, rien de moins – rappelant que l’ogive est à la fois arme de destruction massive et forme instituée par l’architecture gothique. L’éponyme et ses textures allant doucement dans les aigus paraissent être alors une transmission brouillée du front, où s’énumèrent les cadavres issus d’anciennes religions barbares. Splendides. Livides.
On s’accordera à dire que The Body et Braveyoung sont parvenus à adapter leurs envies d’amplifications à « The Vision », reprise d’Exuma, malgré son placement maladroit parmi des titres aux styles et propos différents. Ses mélodies folks appuyées d’une voix féminine tout en joliesse et tristesse transforment malheureusement une œuvre jusque-là cohérente en un assemblage à la conclusion un peu à côté. A part ça, hé, c’est trop court et on en réclame plus, plus de drone pas intello pour un sou (et suffisamment rageur pour donner envie d’alléger son porte-monnaie), plus d’hallucinations, plus de grandeur fatale, plus, plus, plus ! Le résultat est impressionnant pour qui a trouvé The Body trop bêta pour prétendre aux ambiances oméga sur son précédent album All The Waters Of The Earth Turn To Blood. Au regard de la qualité de Nothing Passes, on ne peut qu’espérer que cette association perdurera !
| lkea 14 Octobre 2011 - 5774 lectures |
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