Teloch - Thus Darkness Spake
Chronique
Teloch Thus Darkness Spake
Si vous êtes étonné de la qualité de cet album de TELOCH, c’est que vous n’avez pas bien regardé le line-up. Quand on a dans ses rangs des membres de BLOOD RED FOG ou SATURNIAN MIST, deux formations finlandaises qui méritent le détour, on est censé être bon. Thus Darkness Spake ne déçoit pas et va satisfaire les aficionados de black pur et dur recouvert de sa légère mousse digestive.
Et il n’y a pas besoin d’attendre longtemps pour comprendre la qualité de l'engin. Dès les premières notes de « Currents » la salle se fait sombre, les narines sont envahies par l’odeur de la fumée, la tête bascule légèrement en arrière. Des guitares qui hurlent, une batterie qui tape fort, un cri qui ouvre les hostilités. On reconnaît bien là la touche finlandaise, celle qui propose un son idéalement à cheval entre le raw et le ronflant, celle qui a la capacité de passer de la haine pure à du doute, à de l’angoisse, à de l’incertitude.
Mais TELOCH est plus vicieux encore que ses confrères de SATANIC WARMASTER, SARGEIST ou BAPTISM, et au lieu de se contenter de mettre des mélodies imparables, il farfouille encore plus dans les possibilités. Et à chaque titre il ouvre une petite lucarne. Une lucarne ! Pas une porte, ni même une fenêtre. Un petit espace qui ne défigure pas l’ambiance générale, résolument trve, mais qui ajoute une lueur personnelle à chaque piste. Et c’est donc dès cette première piste que l’on découvre cette tendance à triturer l’esprit de l’auditeur, avec une deuxième partie moins speed mais avec une mélodie enflammée. Sur « Obliteration » une autre lueur apparaît, un peu plus forte, un peu plus « soleil levant », avec des breaks et des variations de vocaux proches d’un SHINING. Mais toujours en restant trve, comme le fait aussi BLOOD RED FOG d’ailleurs. Ajouter des éléments sans tomber dans un autre style. Cette piste noire rampante est l’une des plus riches de l’album, avec un final surprenant.
Chaque piste sait se démarquer, et c’est ainsi qu’une introduction à la SATYRICON (version actuelle) et une petite goutte de punk vont se dévoiler sur « Ascending Thrones and Stars ». Titre qui à partir de la 4ème minute prend des reflets atmosphériques et ambiant grâce à une guitare acoustique qui vient nous pêcher lorsqu’on s’y attend le moins. Titre qui se termine en tourbillon d’agressivité. Bim. Le punk sera d'ailleurs plus mis en avant encore sur le court « Towards Perdition », le concentré de haine de l'album.
Le changement de rythme est bel et bien l’une des spécialités de ces Finlandais. Et les musiciens savent aussi se faire plaisir comme sur « Stirring Fire ». On y trouve un rythme endiablé qui promet une piste aussi agressive et désespérée que DODSFERD. Le batteur nous martyrise l’esprit de ses coups de semonce, le guitariste se met à lui répondre en faisant grincer ses cordes. Le chanteur a le bon goût de se taire pendant une grosse minute pour laisser parler la poudre puis il revient poser son chant chaud et implacable.
Je parlais plus haut de richesse... Ce n’est peut-être pas le terme le plus adapté, il faudrait plutôt parler de finesse. Pourtant cet album est trve de bout en bout, mais rempli de petites touches malicieuses. Le rythme change constamment, jusqu’à la fin d’ailleurs, jusqu’à « Hymni Tullele » qui présente sur 10 minutes un modèle de progression et de surprises. Sucré, salé, épicé, amer. Un final réussi...
Il y a trop peu de choses à reprocher au groupe pour en parler. Cet album mérite de l’attention, et je sais que les curieux auront déjà lancé l’extrait à droite de la chro et déjà ouvert une autre fenêtre de navigation pour se procurer ce deuxième album de TELOCH.
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