Il y’a des retours auquel on ne s’attend pas. À l’heure où de nos jours, les groupes font toujours plus attendre leurs fans à chaque sorties, Cult of Luna revient après avoir pourtant annoncé une pause un an après la parution du fantastique
Vertikal (qui avait déjà mis 5 ans à nous parvenir). Mais les Suédois font honneur à leur réputation de discrétion, n’annonçant que sur le tard le départ de deux de ses membres (Anders Teglund aux claviers et Erik Olofsson à la guitare) et l’arrivée de ce septième album studio. Ne semblant aucunement perturbé, Cult of Luna s’autorise même une collaboration avec la chanteuse américaine Julie Christmas (Made Out Of Babies, Battle Of Mice), déjà connue pour les familiers de la scène post-metal. Tout comme
Vertikal, ce
Mariner est guidé par un thème musical, une envie du groupe, après avoir exploré la ville, de lever les yeux vers les étoiles.
L’effet d’annonce d’un disque conçu pour être spatial et d’une entière collaboration avec une personnalité forte du circuit aura été énorme. Et pourtant… Le résultat risque d’en décevoir plus d’un. En effet,
Mariner s’apparente plutôt à un disque de Cult of Luna avec Julie Christmas au chant, tout simplement. Même si cette dernière a écrit les paroles et posé ses propres parties vocales, on sent l’association assez déséquilibrée, tant le contrôle en amont des Suédois, qui ont pris en charge et en intégralité tout le reste de la composition, est fort à l’écoute de cette nouvelle œuvre. On retrouve donc leur feeling froid, cérébral, et ce soin apporté à chaque détail, qui constituent leur force depuis le début de leur carrière (on se souvient de la production déjà impressionnante du premier album, pourtant autoproduit). On est alors peu surpris par l’instrumental, aussi bon soit-il, globalement centré sur la rythmique, l’immersion de l’auditeur étant favorisée par un son diffus propice aux atmosphères. A l’instar de
Vertikal d’ailleurs, ce nouvel opus prenant vite des allures de suite logique. Le propos, concept oblige, y est homogène et synthétique : cinq morceaux seulement furent retenus pour 55 minutes de musique. Un choix plutôt judicieux au regard de la longueur un tantinet excessive de certains de leurs enregistrements antérieurs (les 75 minutes respectives de
The Beyond et
Salvation). Non, la fraicheur vient ici de Julie Christmas. Même si l’américaine peut paraître légèrement sous-employée, elle ne dénature aucunement son style vocal, à la fois malicieux et paranoïaque, tantôt doux, tantôt hystérique (« Chevron »). Sa prestation est à ce titre impressionnante de versatilité, « The Wreck of S.S Needle » est alors mis en orbite sans difficulté par des envolées d’une puissance spectaculaire. Son apport est ainsi réel, donnant du corps à ce qui a toujours été le point faible des Suédois.
Même dans ce contexte collaboratif pourtant exceptionnel, Cult of Luna ne change pas ses bonnes habitudes. La plus belle preuve est ici sans doute le magistral « Cygnus ». On connait la propension du groupe à placer un monument sur chacun de ses disques (les titanesques « Sleep », « Genesis », « Echoes », « Dark City », « Ghost Trail » et « Vicarious Redemption » ayant marqué les esprits), et bien il en sera de même avec « Cygnus ». Une démonstration de composition typique de Cult of Luna, qui déroule son schéma avec une facilité déconcertante sur un quart d’heure, entre décollages électroniques grisants, riffs gigantesques et passages atmosphériques évocateurs. Le chant envoûtant et entêtant de Julie Christmas vient parfaire ce morceau au final exalté, l’union des vocalistes et la multiplication des couches instrumentales est alors d’une ampleur étourdissante. Le titre en devient frustrant tant il est au-dessus des autres, la faute à un manque d’impact des mélodies, ces dernières étant bien souvent apportées seulement par les vocalises de l’américaine et les claviers. En témoigne « A Greater Call », chanson d’ouverture assez tranquille, qui trouve bien sa place en introduction de l’album, à défaut d’être marquante. A contrario, « Chevron », la plus nerveuse du disque, étonne par son agressivité toute relative avant de conclure en douceur sur des sonorités stellaires très à propos. On apprécie néanmoins la disposition impeccable des pistes, la minimaliste « Approaching Transition » permettant de relâcher la pression au bon moment avec le chant clair de Johannes Persson soufflé, presque murmuré, nous amenant délicatement en apesanteur autour de la Terre, avant d’être rattrapé par sa gravité dans les dernières minutes, écrasantes.
Sans se hisser au niveau de ses meilleurs albums, Cult of Luna, bien aidé malgré tout par une Julie Christmas dont le talent n’est plus à prouver, nous assène par surprise une réussite avec ce
Mariner qui parvient à nous faire vivre la fascination mais aussi la crainte que peut nous inspirer l’immensité infinie de l’espace. Le pari des Suédois est une fois de plus tenu. A croire qu’avec une telle régularité, il leur est impossible de nous décevoir pleinement.
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