Cult of Luna est un groupe agaçant, quelque part. Il adore feindre l’inactivité annoncée, laissant presque espérer une certaine fatigue après une discographie sans maillon faible au point d’en devenir lassante. On les croyait en sommeil après l’excellent
Vertikal, jusqu’à ce que l’échappée un peu surfaite avec Julie Christmas sur un
Mariner convaincant malgré tout ne les fasse mentir. Il n’empêche que ce
A Dawn to Fear est le premier album officiel des Suédois depuis six ans, et il faut croire que cette longue pause a été des plus bienfaitrice pour leur inspiration.
Le premier signe qui ne trompe pas est le retour au format proche des 80 minutes qui rappelle les premières sorties du désormais sextet. Pourtant Cult of Luna affirme avoir voulu changer sa méthode et se laisser porter par son inspiration plutôt que de « viser » un idéal esthétique. Mais le paradoxe, c’est que comme toujours malgré les changements, les Suédois retombent naturellement sur leurs pattes comme des chats aux neuf vies. En découle un album qui n’a pas de thématique précise bien que sa pochette, avec sa coupe d’arbre, nous donne un indice sur la volonté du groupe de revenir à un aspect plus terreux de sa musique et plus proche de la nature, renvoyant à ses essais les plus ruraux. Une nature malheureusement condamnée visiblement, la coupe d’un arbre signifiant symboliquement sa mort. Le son de l’album est beaucoup plus chaud (étouffant même), organique et d’apparence brute, presque en réaction à un
Vertikal mécanique et glacial. On peut penser très fort à
Somewhere Along the Highway, si ce n’est que l’expérience des Suédois, et notamment l’utilisation des claviers qui est ici beaucoup plus fine, moins voyante, le style du dernier arrivé Kristian Karlsson n’y étant pas pour rien.
A ce titre la production est, comme depuis toujours avec les Suédois, inattaquable. Le niveau de soin accordé pour que chaque détail sonne pour le mieux, tout en maintenant sans cesse l’intérêt de l’écoute malgré la longueur des compositions, est absolument impressionnant. La basse bénéficie d’un son vraiment tellurique qui porterait presque seul un morceau plus massif comme « Lay Your Head to Rest », au point de devenir totalement irrésistible sur la deuxième partie du terrible « Nightwalkers ». Pour rester dans le même sujet, la section rythmique à deux batteries est toujours aussi imposante lorsque les morceaux décident de se mettre en marche pour ne plus s’arrêter, comme lors des envolées surpuissantes de « Inland Rain ». Si un bon équilibre est trouvé entre les morceaux épiques, ceux plus massifs et directs et les ballades, ce qui est salvateur sur ce
A Dawn to Fear, c’est le retour des mélodies véritablement prenantes et élégantes qui faisaient cruellement défaut à
Mariner. Même si discrètes, à l’instar de celle entonnée par un orgue assez délicieux sur « The Silent Man », ce sont bien elles qui font toute la différence entre une œuvre inspirée et une qui semble forcée.
A Dawn to Fear se dévoile alors lentement comme un album à l’atmosphère globale vaporeuse et désabusée, aux espaces sonores marqués. Le titre éponyme, très ambiant, étant sans doute le plus emblématique de l’orientation de ce septième essai. Dans les sommets, on citera « Nightwalkers », longue composition apocalyptique en forme de montagnes russes de riffs implacables et d’enchevêtrements mélodiques d’une beauté folle. Le superbe « Lights on the Hills », avec ses quinze minutes de promenade au travers d’un ciel nébuleux, se présente également comme l’un des meilleurs moments jamais livré par le groupe. Le très classique « The Fall » terminera la traversée sur une alternance bien connue entre choc de guitares et accalmies, jusqu’à la déflagration finale tant attendue.
On vous le disait, Cult of Luna est un groupe agaçant. Pour une fois on a cru tenir l’espace d’une première écoute le premier semi-échec des Suédois, en cause quelques légères longueurs éparses… mais pourtant non. Hormis quelques petites expérimentations du côté des claviers, les Suédois ne surprennent pas sur le fond, mais surprennent plutôt par leur capacité à toujours pouvoir capitaliser sur leurs forces et continuer à proposer des albums intenses. Les esprits cyniques pourraient dire que Cult of Luna ne se livre qu’à une répétition sans intérêt sur
A Dawn to Fear, mais votre serviteur vous dira qu’il y voit un groupe sûr de ses atouts, à l’identité bien définie, et qui surtout reste au-dessus de la mêlée.
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