Je suis toujours un peu sceptique quand un groupe décide de sortir un disque comme
Vertikal II. Proposer une suite d’un album réussi fait prendre le risque de ternir l’œuvre principale, au-delà des questions mercantiles que la démarche pose – démarche pas si éloignée des DLC à prix exorbitant dans le monde des jeux vidéo par ailleurs. Cult of Luna n’est en effet pas le premier à effectuer cet exercice et si certains ont pu réussir leur pari (Isis et son
SGNL>05 par exemple, sorte de suite donnée à
Celestial), d’autres ont fait se gratter la tête en se demandant l’intérêt de la chose (l’inutile
Cleansing Undertones Of Wake/Lift de Rosetta).
Vertikal II, lui, pose le problème d’un EP qui, malgré un nom faisant un lien direct avec le longue-durée sorti cette année, paraît ne pas assumer totalement son statut d’add-on. Les deux premiers morceaux sont pourtant une réussite totale, montrant un Cult of Luna plus que jamais maître de l’esthétique développée sur
Vertikal : « Oro » et « Light Chaser » augmentent l’impression d’élévation de « Passing Through » tout en renouant avec les rythmiques froides de l’ensemble, par un jeu entre sonorités electro et battements industriels s’installant progressivement, distillant leurs atmosphères avec une justesse qui continue d’être ce qui place la troupe de Johannes Persson au-dessus de ses disciples. Loin d’être de simples resucées, ces deux titres sont une relecture des éléments aperçus sur album et offrent un rendu vers lequel je vois bien les Suédois aller davantage à l’avenir (particulièrement concernant « Light Chaser » et son mix bluffant d’electro et post-rock).
Seulement, l’EP poursuit par un « Shun The Mask » développant des ambiances horrifiques et seventies éloignées de tout lien avec le long métrage de Fritz Lang, Metropolis. C’est là qu’intervient le problème majeur de
Vertikal II, celui-ci n’arrivant pas à se placer entre deuxième volet et fan-service. Le morceau est bon, sombre et altier au point de rappeler certains moments de
Eternal Kingdom mais son placement au sein d’un disque marqué par un concept aussi prédominant fait se demander s’il n’aurait pas mieux valu le désigner comme bonus-track que titre à part entière. Il faut attendre le remix de « Vicarious Redemption » par Justin Broadrick pour rencontrer de nouveau l’univers espéré, bien que cette piste sonne davantage comme du sous-Jesu que du Cult of Luna réinterprété par ses claviers élevés typiques du créateur de
Conqueror.
J’ai conscience d’être exigeant concernant ce nouvel essai de Cult of Luna. Ce dernier nous a habitué à tant de perfection dans ses œuvres précédentes que ses écarts sont moins excusables que chez d’autres. De plus, même en mettant de côté l’auteur, le post-hardcore est un style basé sur les atmosphères, qui demande une cohérence d’ensemble pour faire valoir ses attraits (particulièrement sur le temps court d’un EP). Sans déranger la qualité de l’opus auquel il fait référence,
Vertikal II ne parvient pas à être davantage qu’une compilation de (bons) rebus et s’en trouve avant tout à conseiller aux fanatiques de la formation, et non à ceux s’étant intéressés uniquement à sa première partie. Mais les amateurs n’ont sans doute pas attendu mon avis pour avoir le leur.
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