Cette chronique ne sera ni l’énième procès d’un style, ni celui d’un groupe. Non, ici sera réitéré ce qui a pu être dit ailleurs, à savoir qu’il n’y a pas lieu d’accuser Cult Of Luna d’être le symbole d’un genre pourrissant puisque ce n’est pas Cult Of Luna qui est post hardcore mais le post hardcore qui est lui, qu’une fois, Cult Of Luna a commandé un steak au restaurant et que le steak a obéi et qu’il est définitivement malvenu de mettre au même rang le maître et des élèves ayant dévalué son travail par excès de respect (à moins que vous soyez de ceux pensant que les posteries doivent tout à Neurosis ? Voyons ! Neurosis est ailleurs, à mille lieux de copistes plus enclins à répéter les lignes de
Salvation que
Times Of Grace !).
Car une fois de plus, les critiques ne pourront se faire qu’envers le fait que les Suédois ne sont qu’eux-mêmes sur
Vertikal comme cela était déjà le cas avec
Somewhere Along The Highway, album depuis lequel Cult Of Luna n’a plus remis en cause son identité mais travaillé à la décliner (de « déclinaisons », même si certains l’ont associé au mot « déclin »). Les opinions étant donc depuis longtemps définies et établies, les questions sont essentiellement de savoir sous quel filtre est passé la musique de la formation et si celui-ci permet au groupe de rester pertinent malgré cinq ans d’absence, le départ d’un de ses membres fondateurs (Klas Rydberg) et un désintérêt actuel pour la « scène ».
La note apporte déjà une réponse à cette dernière interrogation : Si Cult Of Luna pêche par orgueil ici ou là lors de certains virages electro de mauvais goût (le passage dubstep de « Vicarious Redemption »),
Vertikal montre une nouvelle fois des Suédois experts dans l’art de porter un concept qu’ils se sont eux-mêmes imposés. De Metropolis ne se conservent ici qu’une ambiance futuriste ainsi qu’un livret à la typographie similaire à celle trouvable dans le film de Fritz Lang, la déshumanisation dépeinte par des rythmiques industrielles et une production numérique d'une froideur tranchant avec les sonorités organiques de
Somewhere Along The Highway et
Eternal Kingdom pouvant évoquer d’autres œuvres de science-fiction (THX 1138 de Georges Lucas par exemple, dont l’aspect monochrome et le scénario contant une ascension pour échapper à l’oppression d’une société dystopique se marient bien avec la progression d’un disque allant vers plus de hauteur en sa fin, cf. l’aérien « Passing Through » et la lead concluant « In Awe Of », un futur classique à rapprocher de « Leave Me Here » ou « Thirtyfour » sur le plan de la qualité). Dès un « I: The Weapon » renouant avec une densité comparable à celle de l’époque
The Beyond (mais interprétée par le Cult Of Luna actuel), l’approche plus martiale de ce sixième essai longue-durée est palpable, notamment grâce à la batterie de Thomas Hedlund offrant ici sa contribution la plus intéressante depuis son arrivée au sein de la troupe, son jeu cyclique et autoritaire tout en laissant une grande place à des rythmes originaux (les roulements de « Synchronicity ») étant un des éléments principaux de cette nouvelle direction. L’autre nouveauté se situe dans des effets et interludes aux claviers proches des compositions de John Carpenter (« The One » ; « The Sweep » ; le début de « Mute Departure ») accentuant l'aspect à la fois moderne et rétro de l’ensemble et permettant de respirer entre deux monolithes.
Car
Vertikal est avant tout étouffant, Cult Of Luna ayant adapté ses instruments à sa thématique. A la production rêche évoquée plus haut s’ajoute une interprétation majoritairement débarrassée d'embardées post-rock, utilisées désormais avec parcimonies (principalement sur « Vicarious Redemption », étonnement digeste malgré ses dix-huit minutes et son placement en début d’album). L’asservissement des masses se transmet par une efficacité sèche et une répétitivité entêtante avec comme point d’orgue le titre « Synchronicity » et sa construction pyramidale où se mêlent des riffs compacts et une juxtaposition de cordes épatante de créativité, une mélodie passant de tête de file à un rôle d’appui pour laisser entrer une nouvelle rythmique s’éclipsant à son tour dans un jeu de chaise musicale étourdissant s’il est écouté sans y prêter attention, simplement impressionnant une fois décomposé. Les passe-murailles se confronteront également au chant d’un Johannes Persson en très grande forme et s’accordant parfaitement avec le ton davantage dictatorial que prend ici la musique des Suédois.
A part un « Mute Departure » convenu dans ses emportements et une édition limitée peinant à dépasser le bête fan service (sympa le médiator et le sticker, mais j’aurais préféré profiter d’un titre bonus plus savoureux que « The Flow Reversed » et ses leads trop communes en plus de rompre avec l’atmosphère de
Vertikal), difficile de trouver un défaut majeur à ce disque. Les détracteurs pourront critiquer une nouvelle fois Cult Of Luna pour ce qu’il représente, ceux se situant dans le camp des conquis ne trouveront pas ici de quoi renier l’amour qu’ils peuvent porter aux créateurs de
Salvation. Avoir été connu comme fer de lance d’un genre tombé en désuétude et réussir à faire valoir son retour après des années de silence… Ricanez si voulez, dites que c’est bien peu, pour ma part, c’est suffisant pour espérer compter avec ces démodés-là encore quelques temps !
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