Fyrnd a longtemps fait chemin seul avec son projet Fyrnask, sortant une première demo en 2010 (
Fjǫrvar Ok Benjar) suivie par deux long-formats de qualité parus via Temple of Torturous :
Bluostar (2011) et
Eldir Nótt (2013). Non pas un choix opté par notre homme mais plutôt forcé, ne trouvant pas de musiciens aguerris qui partagent ses mêmes idéaux. Il aura fallu attendre 2014 pour que ce one-man band devienne finalement un groupe à part entière, réalisant deux ans plus tard – pour la première fois sous cette forme – un troisième album,
Fórn (« Sacrifice » en islandais), sous la bannière de Ván Records. Une rencontre des plus logiques entre les deux tant ils ont un sens aiguisé en matière d'esthétique, considérant l'« objet » comme le prolongement d'une œuvre – fait largement avéré une fois le beau digipack, dont il est question ici, en main. Couleurs chaudes mais douces, sublime artwork réalisé par Glyn Smyth, livret à la fois très sobre et soigné – avec, une nouvelle fois, les paroles incluses – ainsi qu'un boîtier cartonné orné d'un design doré collant parfaitement à l'univers de la formation : vous l'aurez deviné, malgré de nombreux changements, la ligne directrice et l'essence de l'entité demeurent intactes.
Car on retrouve ici des plages ambiancées très travaillées, personnelles et homogènes renvoyant à
Bluostar, avec des interludes plus ou moins longues ponctuant l'album ainsi que des intro/ outro et nappes sonores embellissant les compositions. De même, vous retrouvez la puissance, la percussion ainsi que le côté davantage calibré de
Eldir Nótt, notamment sur les titres tels que « Draugr » ou encore « Niðrdráttr » – dont les sonorités peuvent renvoyer à Darkspace –, le tout rehaussé par une production plus massive et claire. Néanmoins, si Fyrnask attaque fort avec la paire citée ci-dessus, « Blótan » et « Kenoma » faisant office de piqûres de rappel, ce dernier va rapidement se draper de teintes chatoyantes et variées au détriment du noir (fortement présent sur le second opus). D'où un ensemble d'une incroyable richesse et empli d'émotions, porté par des vocaux tant expressifs que diversifiés passant aisément du chant black au chant clair (avec toujours différentes nuances) – le titre « Agnis Offer » est, au passage, une pure merveille –, des chœurs poignants ici et là (« Niðrdráttr »), des lignes de guitares majestueuses, ainsi que des samples et notes de synthétiseurs extrêmement prenants et parfaitement dosés apportant ce qu'il faut de profondeur aux propos du groupe (« Forbænir » mais encore « Vi er dømt », pour ne citer qu'eux). A la fois cérémoniel, ritualiste, païen, primitif
Fórn continue dans la lignée de ses prédécesseurs, marqué par le sceau de la culture nordique.
L'influence de la scène norvégienne se fait d'ailleurs nettement sentir tout au long de ces 50 minutes avec, en particulier, Ulver et son
Bergtatt - Et Eeventyr i 5 Capitler : dualité du chant, chœurs, aspect très soyeux et mélodieux, passages folk et/ou feutrés, etc. Pourtant la formation arrive à se démarquer par des riffs plus aériens et modernes – rappelant Wolves in the Throne Room – mais également des ambiances plus opaques et ésotériques (riffs légèrement dissonants sur « Draugr »). L'album offre différentes facettes à la fois sombres (paroles, titres plus agressifs comme celui cité plus haut) et lumineuses avec des envolées majestueuses ou encore l'aspect cérémoniel très caressant ressortant de certaines compositions (« Vi er dømt ») – proche de groupes comme Fauna ou Echtra. Une lumière certes aussi singulière qu'énigmatique mais omniprésente et des plus ensorcelantes, qui fait le sel de cet opus. Fyrnask arrive à combiner divers éléments (utilisation d'instruments traditionnels, samples naturalistes,...) et inspirations avec sa propre matière ainsi que ses émotions du moment. En résulte une œuvre poignante mais également fragile et complexe, faite pour transcender l'auditeur et qui aura tôt fait de vous achever par de délicates notes mélancoliques sur « Agnis Offer » ou le beau « Havets Kjele », morceau folk venant magnifiquement clôturer ce
Fórn – et semblant être, je trouve, un titre bonus de la B.O. du film islandais « Children of Nature ».
Si la perte de spontanéité ainsi que la production toujours plus massive risquent de déplaire à certain(e)s, ce dernier album des Allemands n'en reste pas moins des plus réussis – et leur meilleur, me concernant. En effet, Fyrnask élève clairement son jeu, condensant ici ses points forts par un énorme travail d'orfèvre (savant mélange d'ambiances racées et archaïques et de titres ou mélodies plus modernes et efficaces). Amateurs et amatrices de Black Metal atmosphérique, je ne peux que vous conseiller de vous pencher sur
Fórn et ce groupe.
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