Epica - The Phantom Agony
Chronique
Epica The Phantom Agony
Epica est le nouveau groupe de Mark Jansen, l’ancien leader d’After Forever qui, à l’instar de Max Cavalera, s’est plus ou moins fait viré du groupe qu’il avait contribué à fonder. Cette éviction ayant laissé au guitariste-chanteur un goût d’inachevé, il ne tarda pas à refonder un nouveau groupe, Sahara Dust, rapidement rebaptisé Epica afin de poursuivre le travail entamé avec sa précédente formation, toute en profitant de l’occasion pour s’octroyer les services d’un orchestre, de choristes et surtout d’une chanteuse soprano, Simone Simons, aussi talentueuse que mignonne (c’est elle sur la pochette). Et grand bien lui en a pris. Car la musique d’Epica étant loin d’être originale, c’est justement en grande partie grâce aux parties vocales de Simone Simons et aux interventions symphoniques que l’on doit l’intérêt de ce «The Phantom Agony ». En effet, étant donné les influences (Nightwish, Kamelot) et le passé musical de Mark Jansen, à quoi pouvions nous nous attendre à l’écoute de cet album, si ce n’est à du Metal-Symphonique. Les amateurs de Nightwish, Edenbridge ou After Forever ne seront pas dépaysés une seconde. Ceci est d’autant plus flagrant que Simone est presque le sosie vocal de Tarja Turunen même si son chant est moins « pompeux » à la longue que celui de la chanteuse finlandaise ce qui le rend à mon avis plus agréable.
Dès le premier morceau « Sensorium » (abstraction faite de l’intro instrumentale « Adyta » qui n’a pas grand intérêt) on se retrouve donc plongé dans un univers musical très proche du Nightwish de « Century Child ». C’est un titre assez rythmé, très efficace, avec un refrain superbe pendant lequel la voix de la chanteuse provoque vraiment des frissons. Son chant est complété (c’est le cas sur plusieurs titres de l’album) par des grognements Death/Black qui, s’ils sont pour le moins stéréotypés, ont tout de même le mérite de « vampiriser » et d’assombrir la musique. Ce titre contient de plus un break symphonique faisant beaucoup penser à Therion de par l’intervention des chœurs. Une magnifique entrée en matière. « Cry for the moon » est un morceau beaucoup plus lent faisant la part belle aux chœurs sur le refrain. Là encore, Epica n’évite pas la redite (les synthés très typés BO de film et les chœurs samplés semblent avoir été maintes fois utilisés) mais on pardonnera facilement cela compte tenu de la richesse du morceau, d’autant plus qu’il contient des parties de guitare particulièrement heavy. L’ombre de Nightwish plane cependant toujours. Et ce n’est pas le titre suivant, Feint, qui va arranger les choses tellement la construction du morceau me fait penser à « Sleeping sun » : chant féminin triste sur mélodie douce renforcée par les guitares en fin de morceau. Un titre assez poignant. Fort heureusement la double pédale et les guitares reprennent leurs droits sur le titre suivant .... malheureusement pas très longtemps. Même si le chant féminin est toujours superbe, « Illusive consensus » est un titre un peu en roue libre auquel il manque le petit quelque chose qui fait décoller le morceau. A contrario, « Façade of reality » est beaucoup plus rentre-dedans avec son mariage parfait entre guitares très connotées Speed-Metal et violons. Dommage que les spoken-words cassent un peu l’ambiance. « Run for a fall » fait un peu office de ballade de l’album avec ses guitares acoustiques et son chant calme mais haut perché. Ce titre contient malgré tout de bonnes parties bien heavy qui nous préparent à l’assaut suivant, « Seif al din ». On touche vraiment à la perfection avec ce titre qui est selon moi le meilleur de l’album. C’est un morceau direct et rapide, d’inspiration orientale, dans lequel le chant de Simone est très en retrait, se contentant de créer une atmosphère, ce qui donne l’opportunité à Mark de se lâcher dans le chant Death/Black. Les parties de guitares et d’instruments à cordes sont particulièrement soignées mais suffisamment sobres pour permettre au morceau de conserver une certaines spontanéité. L’album s’achève avec le morceau-titre qui est une parfaite synthèse du style musical pratiqué par Epica tout au long de l’album.
En conclusion, on reste admiratif devant le travail accompli par Mark Jansen qui fait partie de cette génération de compositeurs talentueux (comme Tuomas Holopainen ou Tobias Sammet) capables de pondre à eux seuls des oeuvres musicales complexes mais très abouties. Malgré tout, on ne peut s’empêcher d’avoir deux opinions divergentes concernant cet album. Si vous attendez d’un album qu’il soit avant tout original, alors ce « The Phantom Agony » ne vaut pas plus de 6/10. En revanche, si vous recherchez principalement une qualité d’écriture et une richesse dans la composition, alors cet album mérite largement 8.5/10. J’ai choisi mon camp. A vous maintenant de vous faire votre propre opinion.
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