Neverlight Horizon - Dead God Effigies
Chronique
Neverlight Horizon Dead God Effigies
Quasiment inconnu par chez nous le combo de Liège n’est pourtant pas le dernier venu vu qu’il est en activité depuis 1999, et qu’il a sorti deux albums au milieu de la précédente décennie qui sont passés relativement inaperçus. Après un long break celui-ci revenait avec un EP en 2014, puis l’an dernier avec deux nouveaux membres (le guitariste Xavier Toulmond, et le bassiste Simon Pailhe) afin d’enregistrer ce troisième opus de haute tenue qui devrait enfin leur amener une vraie notoriété. On sait en effet que la scène extrême Belge bien qu’étant hyper talentueuse souffre d’un déficit de visibilité, le quintet ne déroge pas à la règle mais désormais signé chez Great Dane Records nul doute que cela ne devrait désormais plus durer, tant cet album a les atouts pour faire sortir ses créateurs de l’anonymat.
Ceux-ci nous proposent trente-cinq minutes de Death bien sombre et brutal qui lorgne sans vergogne du côté des premiers CANNIBAL CORPSE pour le côté direct et primal, le tout avec une voix très puissante qui n’est pas sans rappeler les grands Glen Benton et Frank Mullen. D’ailleurs pendant tout ce temps ça ne sera qu’une déferlante de brutalité via des riffs acérés, une batterie mitraillette, et un chant possédé qui module à l’envie … mais réduire les huit titres à cela serait faire preuve de légèreté tant l’ensemble se révèle plus dense et varié qu’on pourrait le croire, et comme le style n’en offre que trop peu souvent. Car bien que démarrant directement pied au plancher et sans introduction inutile, on s’aperçoit de suite que malgré un classicisme apparent et assumé « Useless Humanity » est beaucoup plus recherché qu’il n’en a l’air, même si ici priorité est donné à la brutalité et au déluge de blasts et hammerblasts, calés entre deux parties de double à la précision chirurgicale. On remarque en effet le jeu varié de Julien Nicolet derrière ses fûts qui n’hésite pas à insérer quelques cassures et variations au milieu de parties ultra-rapides et précises, dont le rendu naturel sied parfaitement à l’ensemble. Le chant growlé est impeccable, et pour éviter une certaine répétition le second guitariste n’hésite pas à sortir une voix criarde quand il le faut et de manière éparse, comme on l’entend également sur « From Black Liquid To Extinction » qui est construit un peu de la même manière et laisse aussi beaucoup de place à la vitesse, mais où quelques parties plus lourdes se font remarquer, tout comme du mid-tempo que l’on va retrouver un peu partout et prouvent que les gars ne font pas que matraquer indéfiniment. On s’en rend compte avec l’excellent « Drowning Blackness » qui se compose de trois parties distinctes, où après un démarrage en trombe l’ensemble se calme et se fait assez remuant avant de s’alourdir pour mieux réaccélérer et finir aussi fort qu’il a débuté, à l’instar de « The Awakening » tout aussi réussi. Celui-ci laisse autant d’espace à ces deux passages, tout en y ajoutant un léger groove parfait pour headbanguer dont on prend plaisir aussi à taper du pied, entre deux rasades de haute vitesse et de fulgurances bien troussées. Le morceau-titre qui suit est le parfait condensé de ce que les mecs ont fait sur les titres précédents, ici on a droit en plus à un tempo volontairement bridé durant quelques instants où l’ambiance prime sur la fureur, le tout mis en exergue par un solo de très bon niveau qui étonne et permet donc à ce « Dead God Effigies » de se différencier des autres compos entendues jusque-là. En effet les parties lead sont extrêmement rares du début à la fin, elles sont jouées avec parcimonie et l’on peut finalement le regretter car elles amènent un vrai plus en étant à la fois techniques et mélodiques.
Du coup c’est finalement un des seuls défauts qu’on pourra reprocher à cet opus, car arrivé à mi-parcours il n’y a franchement rien à dire tant l’ensemble est cohérent et tient la route, et la suite confirmera ses impressions. « Diabolic Mask Of War » va étonner au départ car on pense qu’on a droit à un interlude calme, à la fois spatial et mystérieux, cependant après des notes de guitares calmes et une batterie relativement douce l’ensemble va monter en puissance au bout de trois minutes, pour devenir une compo plus classique qui se terminera comme elle a commencé. Après cette surprise originale et parfaite pour repartir sur de bonnes bases le surprenant et très bon « God Of Suffering » fera son apparition et montrera un visage du combo plus massif et pénétrant, où ici la vitesse est pratiquement absente et laisse plus de marge de manœuvre à la lourdeur et au côté entraînant. Enfin « Desperate Final Assault » clôt les hostilités en sortant toute sa palette et en mélangeant toutes les influences de ses créateurs, pour un rendu là-encore à la hauteur des espérances et de même qualité que le reste.
Au bout de cette demi-heure on ressort totalement conquis tant les mecs se sont surpassés et ont sorti de loin leur meilleur disque à ce jour, où l’on ne voit poindre aucune lassitude malgré les écoutes. A la fois très sombre et sans concessions il mérite pourtant d’être mit dans la lumière tant ses qualités sont nombreuses et les défauts minimes (quelques plans reviennent un peu trop fréquemment – sans influence toutefois sur l’accroche générale), qui confirme une fois de plus que le plat pays possède en son sein un très grand nombre de talents cachés qui ne demandent qu’à émerger, c’est tout ce qu’on peut souhaiter aux acharnés liégeois.
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