Tinnitux 耳鳴 - As The Aether Burns「聽見蒼穹燃燒」
Chronique
Tinnitux 耳鳴 As The Aether Burns「聽見蒼穹燃燒」
La première fois que j'ai visité Kuala Lumpur, j'ai pris une énorme claque. C'était la première métropole d'Asie que je voyais et cette découverte a balayé toutes mes certitudes d'occidental présomptueux. Ce jour, là, dominé par la masse imposante des majestueuses Petronas Towers, j'ai pris conscience que le vingt et unième siècle serait asiatique. L'Asie d'aujourd'hui n'a en effet plus grand chose à voir avec la bédé Le Lotus Bleu, le film Anna et le roi ou la série télé Franck Chasseur de fauves. Il faut avoir séjourné récemment dans un pays d'Asie pour mesurer l'écart hallucinant entre l'image mièvre qu'on peut en avoir et la réalité crue.
La première fois que j'ai écouté 聽見蒼穹燃燒, le debut album de 耳鳴, j'ai pris une énorme claque. C'était il y a quelques jours, mais ma joue a encore la marque du giroflée à cinq pétales. Alors, n'écoutant que ma passion, j'ai dégainé mon clavier et fiévreusement tapé la chronique que tu es en train de lire. TINNITUX (en caractères romains) est un groupe de Stoner / Doom / Heavy Psych fondé en 2009 à Kuala Lumpur. Leur debut album sorti en avril 2017 s'appelle As The Aether Burns et ça fait un bon moment que je n'avais pas entendu un truc aussi haut perché. Pourtant le quatuor n'invente rien et se contente de reprendre à la sauce malaise une recette hyper fuzzée plutôt éprouvée. Mais est-ce le climat, la tropicalité ou le piment ? Il y a dans leurs compos un je ne sais quoi de folie dense, de contrastes agressifs, une typicité asiatique ? A moins que ce soit le chant féminin ?
Dans les six pistes de As The Aether Burns, vous êtes agressé par une basse mixée très en avant et qui domine le jeu des autres instruments, sans pour autant les écraser. Malgré cette présence anormale et oppressante, on entend distinctement le jeu de la batterie, très naturel, les chants masculin et féminins et enfin la guitare qui joue à cache-cache avec la basse, tantôt dissimulée derrière, tantôt pleinement libérée, à l'occasion de quelques évasions arachnéennes et envoûtantes ("The Phase", "Fox"). Côté chant, un homme et une femme se partagent le micro, le premier servant à introduire ("The Time") ou souligner le féminin ("Fox"). Les voix sont noyées sous une épaisse couche d'effets, perdus dans un océan de reverb. La voix de l'interprète féminine Vanessa Ching a un petit quelque chose de Beth Gibbons (PORTISHEAD), notamment sur "Fox".
De la place centrale de la basse aux envolées instrumentales psychédéliques ("Time River") en passant par le chant lointain, le travail sur le son et les longs instrus psychédéliques, TINNITUX me fait penser à une version orientale de MARS RED SKY, avec une chanteuse tout aussi expressive et inspirée que Julien Pras (le chanteur de MRS), mais dans un registre différent, plus mélodique et moins évaporé. TINNITUX est une petite pépite de gras, qui se déguste comme qui rigole, effaçant le temps l'instant d'une parenthèse enchantée. Coup de cœur !
| rivax 5 Septembre 2017 - 650 lectures |
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