Dormant Ordeal - It Rains, It Pours
Chronique
Dormant Ordeal It Rains, It Pours
C’était il y a deux ou trois ans, dans le fil d’une conversation facebook sur le death polonais que mon chemin croisa pour la première fois le nom de Dormant Ordeal, l’un des protagonistes n’arrivant pas à se rappeler du nom d’un groupe et de son album avec une pochette dans les tons gris et un visage de femme. Il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’un autre gus poste la pochette de « It Rains, It Pours ». Bingo ! Aguiché par ladite – et très jolie – pochette, je me penchai donc sur cet album sorti en 2013 et dont je n’avais jusqu’à l’heure jamais entendu parler. Bonne pioche !
Premier effort des natifs de Cracovie, après huit ans d’existence et trois démos, « It Rains, It Pours » m’avait bien l’air d’être sorti dans l’indifférence la plus totale et il n’aura fallu que quelques écoutes pour que cet état de fait m’apparaisse assez injuste tant la qualité de l’album saute immédiatement aux oreilles. S’il ne prendra personne par surprise en termes de style, le death metal des Polonais affichera d’emblée une solide assise défensive et des influences aussi illustres qu’évidentes. Plongeant bien évidemment ses racines dans la scène death nationale – à commencer par le Decapitated du milieu des années 2000 – Dormant Ordeal s’imposera par une force de frappe frontale et vindicative à base de riffs tranchants et précis maniant avec maestria power chords, palm mute, legato ou tremolo avec toujours une science de la composition permettant à l’ensemble malgré une violence de – presque – tous les instants de s’assimiler assez facilement. Ce travail des guitares, soutenu par une assise rythmique intransigeante avide de blasts impérieux (sans aller chercher de vitesse stratosphérique), sous couvert d’un déluge de double pédale quasi continu et appuyé par le growl autoritaire de Maciej Proficz, assoira cet aspect martial très polonais assez caractéristique (« Cypress mourning » à 47’’, « The Stepfather » à 38’’, « Your Mother-slave » à 33’’, « Here Be Lions » à 1’10). Bref, si « It Rains, It Pours » revêtira également des atours plus modernes, il n’en reste pas moins un album de death metal avec, comme il se doit, une dose de brutalité suffisante pour réjouir les plus coriaces d’entre nous.
En effet au-delà de ses origines polonaises évidentes, le quatuor n’hésite pas à mâtiner ces dernières d’influences autres, plus ‘’modernes’’, se risquant à hacher le propos sans pour autant tomber dans les facilités rythmiques d’une certaine frange du death moderne. Riffing plus ambiancé distillant de petites mélodies (le break de « Here Be Lions » à 2’37), rythmique plus saccadée (le début de « Unimagined, Unwritten, Unseen ») instaurant un feeling groovy à certains passages (« Cypress Mourning » à 2’29, « The Sinless » à 2’18, le début de « Days That Didn’t Make It »), pinch harmonics… C’est bien souvent l’ombre de Gojira période « The Link »/« From Mars To Sirius » – et donc de Morbid Angel – qui planera au-dessus de nombreux titres (essentiellement sur la deuxième moitié de l’album) regorgeant de riffs rampants sur fond de double pédale (« The Animal », « Man From the Water » - ce break à 3’36 -, l’excellent début de « Here Be Lions »). La patte de l’Ange Morbide est telle qu’on se prendra dès lors à regretter la quasi absence de leads (seulement deux ou trois courts solos à se mettre sous le tympan) qui auraient volontiers enrichi l’atmosphère et l’aspect mélodique d’un album déjà totalement recommandable mais qui en serait sorti encore grandi.
Finalement, hormis le fait d’arpenter des sentiers déjà bien balisés écartant ainsi toute prise de risque excessive, « It Rains, It Pours » parvient à mêler dans un death metal extrêmement convaincant influences polonaises bien viriles et atours plus modernes, mis en avant par une production organique évitant habilement les écueils de ces productions sacrifiant l’identité sonore sur l’autel d’une puissance certes imposante mais sans âme. Parvenant à éviter la redondance et le remplissage (tout au plus une « Days That Didn’t Make It » plus lente et peut-être plus faible que le reste), alternant atmosphère belliqueuse et ambiance plus pesante, Dormant Ordeal offre ici un album sérieux et maitrisé, que l’on se relance assez facilement une fois l’outro aérienne terminée.
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