Alors que le label Hammerheart réédite actuellement les premiers albums de Pestilence, les Américains de Rude continuent de leur rendre hommage à travers un nouvel album qui, à l’image de
Soul Recall sorti il y a déjà trois ans, reprend peu ou prou la formule développée en leurs temps pas les Hollandais. Un mimétisme particulièrement saisissant qui risque une fois encore de diviser puisque très clairement, le groupe n’a rien de bien nouveau à proposer et n’a finalement pour lui que la qualité et l’efficacité de ses compositions (ce qui, par les temps qui courent, est déjà pas mal).
Sorti en début d’année sur le label F.D.A. Records (anciennement connu sous le nom de F.D.A. Rekotz), ce deuxième album a pour titre
Remnants... et se voit illustrer une fois encore par l’inimitable Dan Seagrave (qui, rappelons-le, a également bossé à trois reprises pour le groupe de Patrick Mameli). Et si toutes ses réalisations ne se valent pas forcément et que celle de l’album précédent était effectivement capable de vous attraper l’œil en une fraction de seconde, je trouve celle-ci néanmoins très réussie. Certes, il y a peu de nuances et encore moins de couleurs "catchy" mais il s’en dégage à mon sens une ambiance glaciale et oppressante qui n’est pas sans rappeler celle du film Alien.
Ce qui m’a donc tout d’abord séduit chez les Californiens, c’est qu’ils ont choisi de jouer sur un terrain relativement peu pratiqué ces dernières années. Il y a bien eu Horrendous à l’époque de son premier album mais le groupe a bien vite dévié de cette trajectoire pour tendre vers quelque chose de plus personnel. Un choix qui d’emblée me le rend sympathique à mes yeux. Mais devant si peu d’originalité (ce qui n’est pas spécialement un défaut en ce qui me concerne), la seule question qui mérite d’être posée est donc de savoir si les nouveaux morceaux proposés par les Américains sont au moins aussi convaincants que ceux de
Soul Recall.
Et bien réjouissez-vous car la réponse est "oui". Pour commencer, je trouve la production un peu plus flatteuse qu’auparavant. Bien que celle de son prédécesseur ne m’ait jamais gêné et ait même contribué au cachet délicieusement rétro de l’ensemble, on sent que des efforts ont été fait afin d’y apporter davantage de puissance. Un choix pertinent puisqu’il vient renforcer l’impact de ces neuf nouvelles compositions tout en conservant ce grain et cette atmosphère hérités d’un autre temps. En réduisant également la voilure en termes de durée, les Américains tentent de corriger un léger défaut soulevé à l’époque par mon collègue Keyser qui jugeait alors l’album un poil trop long (près de trois quart d’heure) et redondant.
Passé désormais sous la barre des quarante minutes,
Remnants... est à l’image de son aîné, un album tout ce qu’il y a de plus classique, aussi bien dans le fond que dans la forme. Il a néanmoins pour lui, outre une production plus agréable, une grande variété rythmique et des riffs plus percutants. Certes, les morceaux sont bien souvent calqués sur le même modèle mais je trouve qu’avec ce deuxième album, Rude franchi un cap. Plus abouti et mieux pensé,
Remnants... use pourtant des mêmes ficelles. D’abord côté voix avec un Yusef Wallace toujours aussi parfait dans le rôle d’un Patrick Mameli tout droit débarqué des années 90. On pourra bien évidemment pleurnicher et crier au plagiat. C’est vrai... Pour ma part, j’ai toujours eu un peu de mal à ne pas m’enthousiasmer face à ce genre de growl si atypique, à la fois râpeux et complètement à l’agonie. Puis dans la construction des morceaux et ce feeling légèrement suranné qui s’en dégage. Technique sans l’être suffisamment pour être qualifié comme tel, le Death Metal de Rude enchaîne pourtant les séquences à des rythmes souvent bien différents. Il faut dire que le riffing acéré et bien souvent cadencé de Yusef Wallace et David Rodriguez donne une couleur un peu complexe et torturée à la musique des Américains. Ainsi de ces accélérations à perdre haleine (le début particulièrement soutenu de "Torrent To The Past", "House Of Dust" à 1:15, "Interpretations Of The Ultimate Finality" à 1:17...) à ces passages au groove certains ("Torrent To The Past" à 0:28, le début de "Blood Sucker"...) en passant par ces courtes introduction mélodico-effrayantes (le début de "Remnants", l’instrumental "ReBoot"), ces mid-tempos sinistres ("Interpretations Of The Ultimate Finality" à 0:40, "Sanctuary" à 0:53, "Children Of Atom" à 1:07) ou bien encore ces leads/soli un peu plus alambiqués ("Torrent To The Past" à 3:52, "House Of Dust" à 2:09, "Blood Sucker" à 1:20, celui hyper futuriste de "Children Of Atom" à 2:34), on retrouve chez Rude tout ce qui faisait déjà à l’époque le charme du Pestilence de
Testimony Of The Ancients.
Sensiblement plus abouti que son prédécesseur,
Remnants... est un très bon album de Death Metal old school. Toutefois, il vous faudra pour l’apprécier, être capable d’accepter le manque flagrant d’originalité dont font preuve les Américains depuis le début de leur courte carrière. Mais si chez vous la balance entre "personnalité" et "efficacité" tend systématiquement à pencher du côté du second, alors je ne me fais pas trop de souci et ne serait pas étonné de voir ce nouvel album figurer sur votre liste de cadeaux au Père Noël. Et puisque de toute façon il n’y aucune raison particulièrement pour que le nouvel album de Pestilence soit bon, pourquoi bouder son plaisir et s’interdire d’écouter un groupe de la trempe de Rude capable de recracher ce que les Hollandais ont fait de mieux ? Pour ma part, c’est déjà tout vu...
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