Décidément, la polygamie va bien à The Body. Certes, on pourra dire que les résultats de ses fusions n’ont pas toujours été à la hauteur – cf. par exemple sa réalisation avec Krieg – mais le virus reste toujours intéressant dans les contagions qu’il concocte, soit au sein de ses œuvres principales (les nombreux guests qui habitent ses albums) soit dans ses collaborations qui, à chaque fois, ressemblent à des naissances d’entités à part entière.
Et cette expérience avec Uniform ne déroge pas à la règle. Comme lors des mariages avec Thou ou encore Braveyoung,
Mental Wounds not Healing donne avant tout la sensation de rencontrer une formation distincte, avec sa propre cohérence, plus qu’un assemblage de ce qui fait l’identité de chacun. Clairement, ces deux-là étaient faits pour s’entendre, ce que
I Have Fought Against It, But I Can’t Any Longer a déjà montré ! Mais, la relation consumée, la naissance donne à voir un visage autre de leurs ébats, enfant difforme où se reconnaît les traits de chacun sans pour autant pouvoir dire de qui il tient le plus. Comment, au regard des discographies de The Body et Uniform, deviner avec certitude qui a eu l’idée d’aller voir du côté du noise rock, de la cold et new wave, de l’industriel des débuts, celui qui descend plus d’un punk extrême que du metal ?
Impossible. D’ailleurs, la question s’abandonne très vite, au profit d’une envie de se laisser simplement marteler et couler dans ces vingt-sept minutes pleines de promesses.
Mental Wounds not Healing est parfois si beau dans ses atmosphères glauques qu’il pousse à vouloir uniquement suivre son rythme, tantôt accrocheur (l’incroyable « The Boy with Death in His Eyes » et son ambiance de batcave où se mettre au pas d’une marche morbide), tantôt vaporeux, des nuées de rose caressant une nuit sans étoiles (« In My Skin », où s’amouracher et s’arracher). Derrière la voix cynique, indéniablement punk, de Michael Berdan, les cris stridents de Chip King s’habillent d’une poésie hypersensible qui s’assume encore plus que lors de
I Have Fought Against It, But I Can’t Any Longer. Une étrangeté, où des musiques d’un passé noir retrouvent une force d’évocation et de coercition faisant penser qu’elles sont toujours d’actualité, laissant songeur à l’idée de voir ce nouveau-né grandir davantage.
Car, soyons honnête : en l’état,
Mental Wounds not Healing donne également un fort sentiment de trop-peu. Frôlant parfois le déséquilibre (« We Have Always Lived in the Castle » et ses expérimentations qui m’ont rappelé un projet comme Xenonics K-30 sans forcément donner le temps d’y ressentir la même impression de guerre futuriste), il n’enchante que par à-coups, particulièrement lors des fabuleux « The Boy with Death in His Eyes », « In My Skin » et « Empty Comforts », triptyque méritant à lui seul l’écoute de cette collaboration. Le reste, esquisse de choses à venir, frustre autant qu’il convainc, dans ses unions entre totalitarisme et sensibilité, nihilisme et nervosité bien vivante, rage et rêverie lors d’élans où les claviers cachent des lames de rasoir sous leurs oreillers de coton. Ce qui, dernière bizarrerie de ce mutant qui en compte beaucoup, fait de
Mental Wounds not Healing une œuvre aussi facile à apprécier que difficile à analyser. Mais ça, c’est comme pour vos « plaies mentales » : mieux vaut ne pas trop y réfléchir.
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